Obligation au 1e juillet, sanction au 1e novembre
Dès dimanche prochain, un petit ballon permettant de vérifier le taux d’alccolémie du conducteur doit rejoindre le gilet jaune, le triangle de signalisation et autres équipements obligatoires d’une voiture en circulation. Sous peine d’une amende de 11 euros. Voilà pour le texte. Mais dans les faits, la maréchaussée ne verbalisera pas les contrevenants avant la Toussaint. Prix du petit appareil : entre 1 et 3 euros pour un modèle basique, chimique et jetable, près de 100 euros pour un éthylotest électronique.
Les associations franchement hostiles
Le plus curieux dans cette mesure, c’est qu’elle ne semble satisfaire aucune des parties concernées. Personne ne salue une avancée majeure, personne ne fait remarquer que les petits ballons pourraient sauver des vies. Alors que l’on sait que l’alcool est l’une des premières causes de mortalité sur la route et qu’il est impliqué dans 42% des accidents mortels parmi les jeunes. Mais pour Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière (LCVR) et généralement favorable aux mesures répressives, « c’est une mesurette qui ne règle pas le problème ». La présidente interrogée par l’AFP demande purement et simplement le retrait de la mesure, en rappelant que « 80% des accidents liés à l'alcool sont provoqués par des gens ayant plus de 1,2 gramme d'alcool dans le sang. Donc ces gens savent très bien qu'ils ne peuvent pas conduire mais prennent quand même le volant sans se tester.»
Les pouvoirs publics franchement prudents
Du côté gouvernemental non plus, cette mesure n’est pas saluée à grands coups de déclarations auto congratulatoires. La décision a été prise de l’appliquer, mais en catimini, comme si personne n’était vraiment convaincu de son efficacité. A commencer par le président de la République lui-même qui l’a jugée prudemment « pas toujours adaptée ». Frédéric Péchenard, le tout nouveau délégué interministériel à la sécurité routière se la joue quant à lui rassurant, en évoquant l’amende encourue : « elle est peu dissuasive, mais on n'a pas voulu massacrer les gens ».
L'entreprise concernée franchement lobbyiste
La prudence des uns et la franche hostilité des autres permettent donc de s’interroger sur le bien fondé de cette nouvelle règle, qui n’est en fait que la mise en application d’une loi du code de la route qui date de 1970. 42 ans pour un décret d’application c’est long et ça suscite des questions. D’autant que la paranoïa habituelle qui entoure ce type de mesure et fait ressortir la vieille scie de « l’automobiliste vache à lait des finances publiques » s’est pris un coup de jeune depuis hier, et une révélation du quotidien Sud Ouest. Selon le journal, le président de l’association I-test, crée il y a moins d’un an pour convaincre les pouvoirs publics de l’utilité de ce décret, n’est autre qu’un cadre de la société Contralco. Et que fabrique cette entreprise ? Des éthylotests, pardi. C’est même le leader du petit ballon en France.