Le système économique actuel, totalement soumis à la dictature de la finance, est confronté à des limites que sa seule logique empêche de dépasser. L’une de ces limites tient à la logique de redistribution qui cantonne la prise en compte du bien commun (préservation de notre écosystème, santé, enseignement, etc... ) à ce que les revenus marchands veulent bien lui abandonner par la fiscalité.
Cela réduit la palette des solutions envisageables pour répondre aux défis vitaux de notre siècle à une réponse unique : relancer la croissance, autrement dit faire plus de ce qui cause les problèmes pour avoir les moyens de combattre les problèmes...
Mais, bonne nouvelle ! Figurez-vous que la nature de la monnaie moderne permet de sortir de cette contradiction suicidaire. Savez-vous que la monnaie n’est aujourd’hui qu’une unité de compte virtuelle créée par la seule volonté humaine ? Tel est le cas depuis le 15 aout 1971, date à laquelle le dollar, dernière monnaie reliée à l’or, a abandonné sa convertibilité. Dans ces conditions, comment peut-on encore dire qu’« on ne peut pas faire parce qu’on n’a pas d’argent ? ». Il est temps de comprendre une chose.
Si une collectivité a :
1 – un besoin d’intérêt général ;
2 – la volonté de le satisfaire ;
3 – les moyens techniques et énergétiques ;
4 – un excès de main d’œuvre et le savoir-faire ;
5 – la maîtrise des conséquences écologiques ;
alors rien, absolument rien ne s’oppose à la mise en œuvre du projet puisque la nature virtuelle de la monnaie moderne le permet. C’est uniquement parce qu’on a hérité l’habitude de conditionner la réalisation d’un projet à son financement sur la foi d’une monnaie prétendue rare qu’on se retrouve aujourd’hui prisonniers d’une situation critique.
La clef réside donc dans la possibilité de faire de l’argent un moyen au service de la vie et non une fin en soi.
Un nouvel espace économique à finalité de bien commun
Pour ce faire il suffit de créer un nouvel espace économique à finalité de bien commun, complémentaire au système marchand actuel, qui regrouperait les activités dont le contenu n’a pas par nature à être considéré comme une marchandise tels que la santé, l’éducation, la recherche fondamentale, la transition écologique... Ce nouvel espace serait régi par un statut juridique spécifique ne répondant pas à la logique de profit ou d’équilibre financiers mais à celle de ce que nous pourrions appeler le bénéfice sociétal (l’atteinte des objectifs sociétaux visés).
C’est le débat public qui permettrait de déterminer ce qui relève légitimement de chaque champ, marchand ou sociétal, quant au financement, il ne serait assuré ni par l’impôt, ni par l’emprunt, mais par l’utilisation d’une monnaie sociétale complémentaire à la monnaie nationale en vigueur, émise par un organisme public sous mandat et contrôle citoyen, à hauteur des besoins déterminés par les projets décidés.
L’introduction de cette monnaie complémentaire, ayant cours légal, confèrerait la pleine autonomie à ce nouvel espace. On passerait de la logique de redistribution à celle de création.
Cette seule description, noue en convenons, ne saurait répondre au flot de questions qu’elle entraine naturellement. Sachez que l’idée est beaucoup plus amplement développée dans le livre Une monnaie nationale complémentaire, par Philippe Derudder et André-Jacques Holbecq aux éditions Yves Michel. (Version papier ; version numérisée ; vous en découvrirez aussi plus d’aspects sur ce site.)
Dans ce petit article, nous ne pouvons que nous limiter au seul principe. Dites-vous bien de toute façon que nous touchons là à un sujet de société qui doit être porté par les nations elles-mêmes. C’est à elles de trouver les réponses. Or, si le principe, dans son esprit, démontre assez d’avantages, alors les réponses, n’en doutons pas, seront trouvées, d’autant plus que les obstacle ne résident que dans nos têtes, tout à l’extérieur est prêt.
Il est évident qu’un projet de ce genre prendra du temps à s’incarner ; car ne peut pousser que ce qui est planté. Pour l’heure, il s’agit d’en faire un sujet de société en le faisant connaître. Alors, voulez-vous y contribuer ? Si le concept a du sens pour vous, merci de le diffuser à vos réseaux pour que la conscience collective s’en empare.
“C’est impossible, dit la Fierté ! C’est risqué, dit l’Expérience !
Ça ne sert à rien, dit la Raison ! Essayons et Faisons-le, dit le Cœur !”
(R.Godwin)