LE MONDE | 25.07.2012 à 14h54 • Mis à jour le 25.07.2012 à 15h28
Par Benjamin Barthe
Ce qui n'était qu'une rumeur à laquelle peu d'observateurs n'ont accordé d'importance, est désormais une hypothèse, considérée comme crédible par plusieurs opposants. Pour eux, l'attentat du 18 juillet à Damas qui a décapité une partie de l'appareil sécuritaire syrien, ressemble davantage à une mise en scène du pouvoir qu'à une opération de l'Armée syrienne libre (ASL).
Dans leur esprit, la dictature syrienne, jamais avare en coups tordus, a cherché à maquiller la liquidation de quatre de ses membres, soupçonnés de vouloir rallier l'opposition.
"Parmi les morts, il y a Assef Chawkat [le vice-ministre de la défense et beau-frère de Bachar Al-Assad] et le général Hassan Tourkmani [chef de la cellule de crise] dont les noms circulaient pour participer à l'après-Assad, assure Ayman Abdel Nour, le patron du site d'informations All4Syria. Le régime a préféré prendre le risque que leur disparition ne démoralise l'armée plutôt que d'être poignardé dans le dos."
"AUCUNE PREUVE TANGIBLE DE CE QUI S'EST PASSÉ À DAMAS"
Pour étayer la thèse de la manipulation, les partisans de cette dernière relèvent que les porte-parole de l'ASL n'ont guère fourni d'informations en appui de leurs revendications. "On n'a aucune preuve tangible de ce qui s'est passé à Damas, alors que l'attaque s'est déroulée en plein jour, dans un quartier résidentiel, estime Haytham Al-Manna, chef du Comité de coordination pour le changement démocratique, installé à Paris. La télévision syrienne n'a fourni aucune image alors que d'habitude, elle se précipite sur le lieu des attaques. On est obligés de se poser des questions."
Selon lui, la disparition des quatre hauts responsables fait l'affaire du régime, en ce qu'elle le resserre sur "un noyau dur, mû par un esprit de corps, idéal pour mener un conflit militaire de long terme, à l'algérienne".
Un analyste basé à Damas reste sceptique devant cette thèse. "Ces gens n'étaient pas dangereux pour le régime, ils n'avaient plus de pouvoir." Avant d'ajouter : "C'est vrai qu'aucun des chefs des services de sécurité n'assistait à la réunion. Et ça, c'est troublant."
Benjamin Barthe