Publié par Poetes Indignes le 05/05/2012
S’inspirant de la lutte anti-expulsion menée en Espagne, le collectif Juventud Sin Futuro (Jeunesse Sans Avenir) et le mouvement des Indignés mettent sur pied des outils pour combattre le travail informel et dénoncer les exploiteurs.
Manifestation d’Indignés à Valence. AFP Photo/Jose Jordan
En l’espace d’une semaine, oficina precaria a déjà reçu plusieurs témoignages “qui semblent venir tout droit du XVIIIe siècle”. Rita raconte, sans entrer dans les détails, le cas d’une personne qui travaillait dans un petit bar. La première semaine, “à l’essai”, elle n’a rien touché. La deuxième, elle a travaillé à temps complet pour 2,5 euros de l’heure. Elle a fini par partir en lançant une bordée d’injures et de menaces, après avoir demandé qu’on lui montre son contrat. Aujourd’hui, les membres du collectif attendent le feu vert de l’intéressée pour protester devant le bar ou révéler l’affaire sur les réseaux sociaux. “Il n’est pas question de mettre qui que ce soit dans l’embarras, souligne Rita. S’ils ne veulent pas que nous intervenions, nous ne le faisons pas”. Le nouveau bureau, installé dans un squat du Patio Maravillas (rue Pez), propose un conseil juridique gratuit et des outils pour dénoncer les abus. Il offre aussi la possibilité de créer des emplois en coopérative.
Sur le même escalier, avec le même micro, Abel Martínez présente un autre versant du projet : D comme droits. “Nous voulons obtenir la reconnaissance des boursiers sur le marché du travail, ou revendiquer la hausse du salaire minimum”, fait-il valoir. Ignacio Martín, un avocat de 24 ans, est lui chargé du conseil juridique. “Nous essayons d’agir là où les syndicats majoritaires n’interviennent pas, résume-t-il. Nous ne craignons pas les licenciements, parce qu’on ne peut même pas nous licencier”. Lui aussi a été un travailleur précaire payé 2 euros de l’heure dans une boutique de livraison de pizzas, ou secouriste sans brevet dans une piscine. Le dernier volet de la proposition de oficina precaria, c’est la multiplication : il faut que chacun monte son propre bureau. “Nous voulons que l’initiative fleurisse ailleurs”, plaide Rita. Dans d’autres quartiers, d’autres villes, d’autres entreprises. L’avenir dira si le succès est au rendez-vous.
COMBAT Stop aux expulsions
Frappés par la crise et le chômage, des milliers d’Espagnols ont été expulsés de leur logement – depuis quatre ans, ils seraient 166 700 à être dans cette situation, relate le quotidien El Pais. 2011 constitue un record avec 58 241 avis émis. C’est la municipalité de Valence qui détient la palme avec 13 711 procédures d’expulsion l’année dernière. Afin de lutter contre ce fléau, des associations ont vu le jour, à l’instar de la “Plateforme pour les victimes de l’hypothèque” qui a remporté plusieurs victoires. Né en 2009, le mouvement, rejoint par le
collectif du 15-M, est devenu national. Ils soutiennent les personnes incapables de payer leur loyer ou leur hypothèques en menant des actions coup de poing, appelées “Stop-desahucios” (Stop aux expulsions”), ou réclamant un compromis avec les banques. Les membres empêchent physiquement l’expulsion, occupent les banques ou réclament l’effacement de la dette des propriétaires en échange du logement.
Pilar Alvarez
Source: http://www.courrierinternational.com
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