Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
Manifestation à Madrid, pétitions demandant sa démission : le chef du gouvernement espagnol doit s'expliquer jeudi devant les députés sur… la situation du pays. Mais c'est sur son rôle dans le scandale Bárcenas qu'il est attendu : l’ex-trésorier du Parti populaire, aujourd'hui incarcéré, a raconté les circuits d’argent sale et impliqué Rajoy.
Voici l’affaire Bárcenas racontée par Mariano Rajoy : il a déjà « largement et publiquement » expliqué, le 2 février, la position du Parti populaire (PP, droite, au pouvoir) et, trois semaines plus tard, l’a de nouveau « longuement » évoquée avec tous les groupes parlementaires durant le débat sur l’état de la nation. Et il confirme toutes ses déclarations faites voilà cinq mois. C’est ce que le président du gouvernement espagnol a dit lundi 15 juillet, au moment où Luis Bárcenas avouait toute une série de délits devant l’Audience nationale, l’une des plus hautes juridictions du pays.
Voici maintenant l’affaire Bárcenas racontée par une grande partie de la presse nationale et internationale : Rajoy n’a fourni aucune explication sur la plupart des accusations qui le visent, lui ou le PP. Son déni va jusqu’à ne pas prononcer le nom de Luis Bárcenas, celui qu’il a nommé trésorier du parti en 2008, lorsqu’il en était le président. Lors de ses apparitions du mois de février, il s’est borné à dire qu'il « n’avait jamais reçu ni distribué d’argent sale » et a demandé de ne pas tomber dans la démagogie avec la corruption parce que c’est un sujet « qui affecte l’estime de soi et nous fait du tort en tant qu’Espagnols ».
L’attitude de Mariano Rajoy met une dernière touche à la stratégie défendue par le groupe parlementaire PP et qui consiste à faire croire qu’il n’y a rien de nouveau dans l’affaire Bárcenas qui exigerait du chef du gouvernement de rendre des comptes devant le Congrès des députés. Ni en séance extraordinaire. Ni au cours d’une session de contrôle. De plus, aux yeux du PP et de l’exécutif, les explications ont déjà été données.
L'opposition, elle, exige de Mariano Rajoy qu’il s’explique sur les révélations de Luis Bárcenas et ne se cache par derrière des considérations économiques et politiques pour éluder les questions jeudi 1er août. Par ailleurs, la plateforme Avaaz a remis à des députés une pétition signée par 210 564 personnes et posant un ultimatum à Mariano Rajoy : la vérité ou la démission. Pour maintenir la pression, le parti Izquierda Unida et plusieurs associations ont appelé à une nouvelle manifestation contre la corruption sur la Puerta del Sol de Madrid mardi 30 juillet au soir et une autre pétition appelant à la démission de Mariano Rajoy a rassemblé plus de 1,25 million de signatures (ici, en espagnol).
infoLibre a fait une sélection des questions auxquelles le président du gouvernement n’a toujours pas répondu sur cette affaire. Les voici.
1. Quand Rajoy a-t-il su que Bárcenas avait de l’argent sale en Suisse ?
Au PP comme au gouvernement, on dit que la relation entre Mariano Rajoy et l’ex-trésorier est marquée par un avant et un après le moment où a été rendu public le fait que Bárcenas avait des comptes en Suisse.
Les dirigeants conservateurs martèlent qu’ils l’ont appris par les médias. C’était le 16 janvier 2013 et, à ce moment-là, on a dit que Bárcenas avait 22 millions d’euros en Suisse, somme qui s’est élevée, depuis, à 48 millions. Mais la commission rogatoire de l’Audience nationale est revenue de Suisse en novembre 2012. Le ministère de la justice n’était pas au courant du contenu de cette commission demandée par le juge Pablo Ruz ? Personne n’a informé Rajoy en novembre de l’existence d’argent caché en Suisse ?
C’est précisément pour obtenir une réponse qu’UPyD (Unión Progreso y Democracia, centre-gauche) a transmis à l’Assemblée une question écrite au gouvernement.
2. Pourquoi Rajoy est-il resté en contact avec Bárcenas après avoir appris qu’il avait de l’argent en Suisse, comme en attestent les SMS qu'ils ont échangés ?
La thèse de la direction nationale du PP selon laquelle tous les ponts avec l’ancien trésorier ont été coupés quand l’information sur les comptes en Suisse est sortie a été battue en brèche le 14 juillet, quand le quotidien El Mundo a publié l’échange de SMS entre Mariano Rajoy et Luis Bárcenas.
Le gouvernement n’a pu nier l’évidence et a reconnu le jour même que les SMS étaient vrais. Rajoy lui-même l’a confirmé le lendemain au cours d’une conférence de presse au palais de la Moncloa : « Les SMS qui ont été publiés ne font que répéter ce que j’ai déjà dit auparavant : que l’État de droit ne cède pas au chantage et que les institutions ont joué, jouent et continueront à jouer leur rôle en toute indépendance. »
Ce qu’il n’a pas dit, c’est pour quelle raison il a continué à échanger des messages avec Luis Bárcenas jusqu’au mois de mars alors qu’il était censé avoir coupé tout contact depuis janvier, quand l’existence de comptes cachés dans le pays helvétique a été révélée. Et c’est l’une des questions que les journalistes accrédités à la Moncloa n’ont pu poser à Rajoy puisque le tour de questions préalablement établi n’a pas été respecté.
3. Pourquoi a-t-il dit ne pas se souvenir de la dernière fois qu’il avait parlé à Bárcenas alors qu’ils continuaient à échanger des messages ?
Le 25 janvier, dans une interview à ABC Punto Radio, le président du gouvernement a affirmé ne pas se souvenir quand il avait parlé à l’ancien trésorier pour la dernière fois. À cette date, tout le monde savait déjà que Luis Bárcenas amassait une fortune en Suisse.
La publication des échanges de SMS entre Rajoy et Bárcenas y répond : seulement sept jours auparavant, le 18 janvier, Rajoy a envoyé un message d’encouragement à Bárcenas : « Luis. Je comprends. Tiens bon. »
4. Pourquoi le PP a-t-il laissé salaire, bureau et secrétaire à Bárcenas alors qu’il était mis en cause ?
Le PP fixe au 8 avril 2010, quand Bárcenas demande de quitter le parti, la fin des relations avec l’ancien trésorier. Le 22 juillet 2013, la secrétaire générale du PP a de nouveau nié toute relation de travail avec Bárcenas au-delà de cette date. C’est pourtant un secret de Polichinelle au PP que l’ancien trésorier avait bien un bureau et une place de parking au numéro 13 de la rue Génova, siège du parti à Madrid, jusqu’à ce que le quotidien El País publie lesdits « carnets » de Bárcenas (la comptabilité parallèle du PP), le 31 janvier 2013.
De plus, les registres de la Sécurité sociale montrent que les conservateurs n’ont pas licencié l’homme qui durant des années avait la clé de la caisse, même après la révélation des comptes cachés du parti.
L’unique explication donnée à ce sujet, et de manière confuse, l’a été par María Dolores de Cospedal, secrétaire générale du PP, le 25 février : « L’indemnisation négociée était une indemnisation différée, et comme c’était une indemnisation différée en forme, effectivement, de simulation ou de ce qu’elle aurait été en différé, de ce qui était avant une rétribution, elle devait porter les cotisations de Sécurité sociale, sinon ça aurait été… »
Le salaire de Bárcenas dépassait les 20 000 euros par mois. Et cette rémunération très élevée, comme les autres privilèges propres aux hauts responsables du parti, a été maintenue alors que Bárcenas était mis en cause pour de graves délits commis en grande partie ces quatre dernières années.
5. Quels accords a obtenus Rajoy au cours de la réunion avec le vice-secrétaire national Javier Arenas, Bárcenas et sa femme au siège national du PP ?
Il y a deux semaines, El Mundo a relaté, à partir du récit de Bárcenas, une réunion au siège national du PP au cours de laquelle les conditions de son départ ont été négociées. Quatre personnes étaient présentes : l’ancien trésorier, sa femme, Rosalía Iglesias, Javier Arenas et Mariano Rajoy.
C’est au cours de cette réunion, et toujours selon ses propres dires, que Bárcenas a raconté à Rajoy qu’il avait encaissé une commission à la demande du PP de Castille-La Manche, région présidée par Cospedal. La commission s’élevait à 200 000 euros, en échange d’un contrat de la mairie de Tolède accordé à l’entreprise Sufi, du groupe Sacyr. « Mon dieu, Luis, comment peux-tu garder ces carnets ! », aurait répondu Rajoy après que Bárcenas lui a montré les documents attestant de l’opération.
Dans un premier temps, Cospedal a assuré qu’il s’agissait d’une contribution à la campagne électorale. Le lendemain, son porte-parole au Parlement a assuré que l’argent était destiné à la précampagne, et ce afin d’expliquer pourquoi il n’apparaissait pas dans les comptes de la région. Le gros problème est que cette rentrée d’argent, comme l’ont révélé infoLibre et El Mundo, ne figure pas non plus dans la comptabilité officielle du PP de Castille-La Manche de 2007, année où le directeur régional a signé un reçu à Bárcenas pour 200 000 euros. L’ex-trésorier a remis ce document à l’Audience nationale.
6. Depuis quand Rajoy se sent victime de chantage de la part de son ex-trésorier et comment s’est-il manifesté ?
Le 11 juillet, le porte-parole du groupe parlementaire populaire du Congrès des députés, Alfonso Alonso, a accusé les autres groupes de se faire les « avocats d’un délinquant » et de « parrainer » Bárcenas. Depuis, l’ancien trésorier est sans cesse accusé d’être un maître chanteur. Cela a marqué un virage à 180° dans une stratégie qui consistait jusque-là à faire profil bas avec l’ancien responsable des finances du parti. « Nous ne nous sentons pas victimes de chantage », a clairement répondu Javier Arenas en janvier. Et c’est l’argument qui était chaque fois servi à la question de savoir si Bárcenas ne faisait pas du chantage au PP pour obtenir quelques avantages dans le processus judiciaire.
Ni le parti ni Rajoy n’ont expliqué à quoi ce changement de stratégie est dû. Mais ce qui est sûr, c’est que le président du gouvernement l’a lui aussi adoptée. Il l’a fait ce 22 juillet quand il a assuré que si ses échanges de SMS avec Bárcenas montrent quelque chose, c’est que « l’État de droit ne cède pas au chantage ». Mais il a oublié d’expliquer depuis quand il se sent victime de chantage et, surtout, comment ce supposé chantage se manifestait.
7. Rajoy a-t-il offert à Bárcenas la tête du ministre de la justice Gallardón en échange de son silence ?
Le président du gouvernement ne s'est pas non plus expliqué sur l’information de El Mundo selon laquelle deux avocats, Miguel Durán et Javier Iglesias, avaient chacun leur tour rencontré Bárcenas en prison en se prétendant émissaires du PP. Dans les deux cas, le message était le même : s’il gardait le silence, le gouvernement démettrait de ses fonctions le ministre de la justice, Alberto Ruiz-Gallardón, et le procès serait annulé.
L’ancien trésorier déteste Gallardón car il considère que les deux procureures de l’affaire ont été dures avec lui et, vu que le parquet a un lien de dépendance avec le ministère de la justice, il prétendait avoir droit à des procureurs plus conciliants.
Interrogé au cours d’une conférence de presse à l’issue du conseil des ministres du 19 juillet, Gallardón a répondu que « l’État de droit ne cède pas au chantage ».
8. Pourquoi ont-ils commencé à traiter Bárcenas de délinquant quand il a dénoncé le financement illégal du parti et non quand on a su qu’il amassait une fortune en Suisse ?
Jusqu’à l’incarcération de Luis Bárcenas, le 27 juin, les conservateurs, en particulier la direction du parti et les membres du gouvernement, sont restés très prudents lorsqu’ils devaient évoquer l’homme qui s’est pendant des années occupé des affaires les plus délicates de la formation, d’abord à la direction, ensuite aux finances. C’est à partir de son arrivée à la prison de Soto del Real et de ses menaces de révéler le financement illégal du parti et l'existence d'enveloppes en compléments de salaires que le ton s’est fait accusateur. Depuis, les qualificatifs de « délinquant », « délinquant présumé » et « maître chanteur » émaillent les déclarations des dirigeants du PP. Et ce six mois après les révélations sur la fortune de Bárcenas cachée en Suisse.
9. Comment Rajoy explique-t-il que le principal percepteur du PP dans les années 1990 soit son camarade d’école Angel Piñeiro ?
Rajoy doit éclaircir ce point. Comme l’a expliqué infoLibre, l’ancien trésorier a désigné Angel Piñeiro, ex-directeur du PP de Galice et pendant des années proche collaborateur de Rajoy, comme le responsable des transferts au siège de Madrid d’une bonne partie de l’argent sale récupéré en Galice.
La comptabilité de Bárcenas montre des rentrées d’argent liquide de la part de Piñeiro pour un montant de presque 200 millions de pesetas entre 1990 et 1995. Cela en fait le principal percepteur d’argent sale du PP jusqu’en 1995.
10. Rajoy savait-il que Piñeiro avait perçu 200 millions de pesetas d’argent sale quand il l’a nommé conseiller au ministère en 1996 ?
À partir de 1996 disparaissent les rentrées d’argent de la part de Piñeiro. C’est l’année où le PP gagne ses premières élections générales et Piñeiro devient conseiller de Rajoy quand celui-ci est nommé ministre des administrations publiques.
Piñeiro, qui faisait partie du cercle intime du président du gouvernement dans ses jeunes années, a suivi Rajoy à Madrid après la victoire électorale du PP aux élections générales de 1996. Il a travaillé sous les ordres d’un autre proche collaborateur de Rajoy, Francisco Marhuenda, aujourd’hui directeur du quotidien La Razón, qui était alors chef de cabinet du ministre (de 1996 à 2000).
Jusqu’à ce jour, Rajoy n’a donné aucune explication sur le rôle joué par son ami Angel Piñeiro durant ces années-là. Bárcenas ment-il ? Rajoy ne savait rien ? Comment se fait-il que Piñeiro a cessé de faire rentrer de l’argent dans les caisses du PP juste quand il est devenu conseiller du ministre ?
11. Les trésoriers Lapuerta puis Bárcenas ont-ils informé Rajoy que des hommes d'affaires remettaient de l’argent sale au parti ?
Le président du gouvernement n’a pas dit s’il était au courant des dons que les entrepreneurs faisaient au parti. Bárcenas en a identifié 23 devant le juge Ruz. Ces rentrées d’argent étaient mentionnées dans la comptabilité parallèle, lesdits carnets de l’ancien trésorier. Dans sa déclaration, il a précisé que ces paiements dépassaient en général les plafonds autorisés. Jusqu’en 2007, ce plafond était de 60 000 euros, puis il est passé à 100 000 après la réforme sur le financement des partis politiques.
Toujours selon les déclarations de Bárcenas, les entreprises avaient trois moyens de réaliser ces paiements occultes. Le premier en s’adressant directement au chef du PP, en l’occurrence Mariano Rajoy, ou à son secrétaire général. Le deuxième en remettant l’argent au trésorier, qui jusqu’en 2008 était Alvaro Lapuerta. Le troisième en remettant l’argent à une organisation régionale qui l’envoyait au siège national, qui à son tour le blanchissait comme don avant de le renvoyer aux sièges régionaux. C’est ainsi, par exemple, qu’a été financé le siège du PP de La Rioja.
Pour ne pas être accusé de corruption, Bárcenas a affirmé au juge que ces dons n’étaient pas liés à l’attribution de marchés publics. Sauf dans un cas : la remise de 200 000 euros au PP de María Dolores de Cospedal en échange de l’adjudication d’un marché à Tolède.
12. Rajoy a-t-il détruit des documents de la comptabilité parallèle de Bárcenas ?
L’ancien trésorier a indiqué au juge Ruz que le chef du gouvernement a détruit des documents prouvant l’existence de versements illégaux. Il a impliqué Mariano Rajoy et sa numéro deux, Maria Dolores de Cospedal, dans le financement illégal du parti. Selon son témoignage, le président a non seulement touché des milliers d’euros sur la comptabilité parallèle, alimentée par les versements d’entreprises, mais il savait aussi que de hauts responsables du PP touchaient des enveloppes en complément de salaire.
Bárcenas a déclaré avoir remis au président 25 000 euros en 2010, cachés dans des enveloppes marron. Au moment de quitter le parti, il est allé voir Rajoy : « Quand j’ai donné le reliquat de 4 000 euros au président, je lui ai aussi remis une photocopie des livres de comptes. Mais il l’a détruite. »
13. Le PP a-t-il caché les documents de cette comptabilité parallèle lorsqu’il craignait un ordre de perquisition de Baltasar Garzón ?
Selon les déclarations à la justice de Bárcenas, le parti a mis au point un dispositif pour cacher les carnets du trésorier en février 2009, craignant que Baltasar Garzón, le juge instruisant l’affaire de corruption Gürtel, demande la perquisition du siège national.
Bárcenas a rappelé que ce système de versements d’argent sale a commencé quand Rosendo Naseiro était le trésorier du parti, dans la seconde moitié des années 1980, et que parmi les personnes au courant des compléments de salaires en 2009 figurait son numéro deux, Cristóbal Páez. Il a ajouté qu’il avait retiré les documents du coffre du parti en février 2009, quand le scandale a éclaté, pour les remettre à Páez, qui les lui a rendus en juin 2009.
Les dates sont essentielles. Le juge Garzón a dû se dessaisir au profit des tribunaux supérieurs de Madrid et de Valence le 5 mars 2009, un mois après avoir ordonné la détention préventive de Francisco Correa, l’homme d’affaires soupçonné d’être le principal responsable du réseau de trafic d’influence Gürtel, lié au PP. Le parti a donc caché les preuves quand il craignait une perquisition ordonnée par Garzón et a considéré qu’il n’y avait plus de risque quand le tribunal de Madrid a repris l’affaire.
Cette opération a-t-elle pu être réalisée sans l’assentiment ou sans en informer Mariano Rajoy, plus haut responsable du parti ? Le chef du gouvernement n’a toujours pas éclairci ce point.
14. Pourquoi Rajoy n’a-t-il pas exigé que les ordinateurs ou les documents de Bárcenas soient remis à la justice ?
Selon nos informations, le PP a toujours deux ordinateurs de l’ancien trésorier, les deux portables qu’il a essayé de récupérer après le classement de sa plainte pour vol contre un avocat du PP, qu’il a accusé d’avoir forcé l’entrée du bureau mis à sa disposition après son départ. Le juge a considéré que ces ordinateurs appartenaient au PP et non à Bárcenas.
En quatre ans, personne n’a demandé la saisie de ces ordinateurs qui, selon l’entourage de l’ancien trésorier, pourraient contenir une copie de la comptabilité parallèle du parti. À aucun moment Rajoy n’a exigé qu’ils soient remis à la justice.
15. Est-il vrai que Rajoy a toujours payé sa garde-robe ou faut-il croire Bárcenas quand il affirme que le parti lui a acheté des vêtements avec l’argent sale pour éviter un contrôle de la cour des comptes ?
Bárcenas a déclaré que la comptabilité parallèle du PP avait servi à payer des costumes à Rajoy le 18 avril 2011. Il a expliqué que les conseillers en image du parti n'aimaient pas le style vestimentaire de Rajoy : les costumes lui allaient mal, les lunettes aussi et les cravates « n’étaient pas les bonnes ». Raison pour laquelle il a été décidé de le relooker sur les « frais de représentation ».
Pour expliquer pourquoi les frais sont passés sur la comptabilité parallèle, l’ancien trésorier a dit que « cela n’aurait sans doute pas été du meilleur effet de présenter des factures de costumes à la cour des comptes ». Les frais de garde-robe du président du gouvernement figurent dans le rapport de l’Unité de délinquance économique et fiscale de la police nationale dans le cadre de l’affaire Gürtel.
16. Pourquoi n’exige-t-il pas que les déclarations de patrimoine des dirigeants soient publiées, comme il l’avait promis en février ?
En février, après la publication des carnets de Bárcenas, Rajoy a assuré que le site web de la Moncloa publierait ses déclarations sous une semaine. Cela a été fait. Mais le parti a aussi promis de faire de même pour tous les dirigeants du parti. Six mois plus tard, cette promesse n’a toujours pas été tenue.
Le 22 juillet, la secrétaire générale Cospedal a de nouveau été interrogée sur le non-respect de cette promesse faite volontairement par son parti. Et elle a resservi le même discours : ces déclarations seront rendues publiques quand ils se seront mis d’accord avec le PSOE (parti socialiste). Pourtant, quand la promesse a été faite, le PP ne l’a pas fait dépendre d’un accord avec l’opposition.
Les socialistes, de leur côté, lient cette question de la publication des déclarations de patrimoine à la future loi sur la transparence.
17. Pourquoi Bárcenas a-t-il occupé des postes à responsabilité pendant deux décennies et pourquoi Rajoy l’a-t-il nommé trésorier ?
C’est l’une des questions que les journalistes n’ont pu poser à Rajoy au cours de la conférence de presse du 22 juillet. Le PP et le gouvernement sont préoccupés de l’effet que peut avoir ce scandale sur leur électorat, même s’il s’est toujours montré fidèle.
Maintenant que les dirigeants conservateurs affirment que Bárcenas est un « délinquant » qui veut « faire du chantage au parti », il semble logique d’attendre de Rajoy qu’il explique pour quelle raison le PP l’a gardé comme dirigeant pendant deux décennies et pourquoi il a lui-même décidé de le promouvoir au poste de trésorier en 2008.
Rajoy et le PP ne se sont pas non plus excusés de cet énorme scandale. La question a été posée à Cospedal. Elle a évité de présenter des excuses au nom du PP.
Yolanda González, de la rédaction d’infoLibre
Version française actualisée: Laurence Rizet
Article original : Las 17 preguntas sobre el caso Bárcenas que Rajoy no ha contestado