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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 12:55

Marianne - Laurent Pinsolle - Blogueur associé | Lundi 21 Novembre 2011 à 12:01


La victoire de la droite espagnole ne doit pas faire illusion. « Il ne s’agit que d’un mouvement de balancier classique où le parti au pouvoir en est éjecté du fait de la crise économique », souligne Laurent Pinsolle, soutien de Nicolas Dupont-Aignan. Notre blogueur associé relève notamment que la remise en cause de la monnaie unique, qui fait pourtant mal au pays, n’existe pratiquement pas en Espagne.



Hier, les Espagnols ont décidé de congédier le PSOE pour confier le pouvoir au Parti Populaire de Mariano Rajoy, pour qui la troisième candidature aura été la bonne. L’orthodoxie européenne signe une troisième victoire après celles déjà gagnées en Grèce et en Italie.

Relecture de l’histoire économique espagnole récente
Si le parti de Zapatero, qui avait renoncé à se représenter, a été balayé, c’est à cause de la très grave crise économique que traverse le pays. Le taux de chômage dépasse 22% et pire, les 40% pour les jeunes. Après des années de croissance et de rattrapage, l’Espagne va mal, même si elle n’est pas dans la situation de la Grèce. Mais cette campagne a malheureusement été extrêmement mal couverte en France, où les responsabilités de la crise sont très mal établies.

Une partie des médias attribue la crise espagnole à des dépenses inconsidérées de l’Etat et des collectivités locales. Bien sûr, on constate aujourd’hui que cela est en partie vrai : il suffit de prendre l’exemple d’aéroports ou de gares de TGV désertes. Mais cette interprétation est partielle et partiale. On oublie un peu vite que l’Espagne avait un excédent budgétaire solide avant la crise (pendant trois années consécutives) et la dette la plus faible de la zone euro (moins de 40% du PIB).

Bref, il est totalement abusif de dire que c’est l’excès de dépenses publiques qui a plongé l’Espagne dans la crise. La bulle ibérique ne vient pas de l’Etat mais beaucoup plus de l’euro, qui a imposé des taux d’intérêt beaucoup trop bas pour l’économie espagnole, ce qui a permis de financer des projets qui n’auraient du être rentables. Si l’Espagne avait conservé une politique monétaire nationale indépendante, alors, elle aurait pu monter ses taux d’intérêt et éviter le désastre actuel.

Une défaite du PSOE plus qu’une victoire du PP
Espagne : l’alternance, pas l’alternative
La victoire de la droite espagnole ne doit pas faire illusion. Il ne s’agit que d’un mouvement de balancier classique où le parti au pouvoir en est éjecté du fait de la crise économique. Mariano Rajoy a été extrêmement peu disert pendant la campagne, n’ayant pas besoin de révéler les détails de son programme pour gagner. Malheureusement, la vraie responsabilité de la crise (le passage à la monnaie unique) a été totalement absente des débats en Espagne.

Malgré tout, cela est assez logique : pour l’Espagne, tout ce qui vient d’Europe est forcément bon. L’adhésion à la CEE a suivi de près le processus de démocratisation. Et pendant vingt ans, les subsides européennes ont permis à l’économie ibérique de rattraper une partie de son retard et de se développer à marche forcée. L’accession à la monnaie unique a également une dimension statutaire, à savoir que les absents font un peu partie d’une seconde division européenne.

Bref, il est malheureusement logique que la remise en cause de la monnaie unique n’existe pratiquement pas en Espagne. Même en Grèce, une grande partie des élites et de la population ne veulent pas encore sacrifier ce symbole qui leur fait pourtant tant de mal. Pourtant, il est assez paradoxal que le pays qui a lancé le mouvement des indignés finisse par élire une majorité de droite au pouvoir, qui ne va pas vraiment répondre au malaise de la jeunesse espagnole…

Les espagnols n’avaient pas forcément envie de remettre la droite au pouvoir, mais ils ont surtout sanctionné la gauche qui les a menés vers une crise terrible. Cela ne changera pas grand chose pour eux et l’Europe car Rajoy devrait suivre une ligne économique proche de Zapatero.

Retrouvez Laurent Pinsolle sur son blog.
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