Marianne - Laurent Pinsolle - Blogueur associé | Lundi 21 Novembre 2011 à 12:01
Une partie des médias attribue la crise espagnole à des dépenses inconsidérées de l’Etat et des collectivités locales. Bien sûr, on constate aujourd’hui que cela est en partie vrai : il suffit de prendre l’exemple d’aéroports ou de gares de TGV désertes. Mais cette interprétation est partielle et partiale. On oublie un peu vite que l’Espagne avait un excédent budgétaire solide avant la crise (pendant trois années consécutives) et la dette la plus faible de la zone euro (moins de 40% du PIB).
Bref, il est totalement abusif de dire que c’est l’excès de dépenses publiques qui a plongé l’Espagne dans la crise. La bulle ibérique ne vient pas de l’Etat mais beaucoup plus de l’euro, qui a imposé des taux d’intérêt beaucoup trop bas pour l’économie espagnole, ce qui a permis de financer des projets qui n’auraient du être rentables. Si l’Espagne avait conservé une politique monétaire nationale indépendante, alors, elle aurait pu monter ses taux d’intérêt et éviter le désastre actuel.
Malgré tout, cela est assez logique : pour l’Espagne, tout ce qui vient d’Europe est forcément bon. L’adhésion à la CEE a suivi de près le processus de démocratisation. Et pendant vingt ans, les subsides européennes ont permis à l’économie ibérique de rattraper une partie de son retard et de se développer à marche forcée. L’accession à la monnaie unique a également une dimension statutaire, à savoir que les absents font un peu partie d’une seconde division européenne.
Bref, il est malheureusement logique que la remise en cause de la monnaie unique n’existe pratiquement pas en Espagne. Même en Grèce, une grande partie des élites et de la population ne veulent pas encore sacrifier ce symbole qui leur fait pourtant tant de mal. Pourtant, il est assez paradoxal que le pays qui a lancé le mouvement des indignés finisse par élire une majorité de droite au pouvoir, qui ne va pas vraiment répondre au malaise de la jeunesse espagnole…
Les espagnols n’avaient pas forcément envie de remettre la droite au pouvoir, mais ils ont surtout sanctionné la gauche qui les a menés vers une crise terrible. Cela ne changera pas grand chose pour eux et l’Europe car Rajoy devrait suivre une ligne économique proche de Zapatero.
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