La victoire de la droite espagnole ne doit pas faire illusion. Il ne s’agit que d’un mouvement de balancier classique où le parti au pouvoir en est éjecté du fait de la crise économique.
Mariano Rajoy a été extrêmement peu disert pendant la campagne, n’ayant pas besoin de révéler les détails de son programme pour gagner. Malheureusement, la vraie responsabilité de la crise (le passage à la monnaie unique) a été totalement absente des débats en Espagne.
Malgré tout, cela est assez logique : pour l’Espagne, tout ce qui vient d’Europe est forcément bon. L’adhésion à la CEE a suivi de près le processus de démocratisation. Et pendant vingt ans, les subsides européennes ont permis à l’économie ibérique de rattraper une partie de son retard et de se développer à marche forcée. L’accession à la monnaie unique a également une dimension statutaire, à savoir que les absents font un peu partie d’une seconde division européenne.
Bref, il est malheureusement logique que la remise en cause de la monnaie unique n’existe pratiquement pas en Espagne. Même en Grèce, une grande partie des élites et de la population ne veulent pas encore sacrifier ce symbole qui leur fait pourtant tant de mal. Pourtant, il est assez paradoxal que le pays qui a lancé le mouvement des indignés finisse par élire une majorité de droite au pouvoir, qui ne va pas vraiment répondre au malaise de la jeunesse espagnole…
Les espagnols n’avaient pas forcément envie de remettre la droite au pouvoir, mais ils ont surtout sanctionné la gauche qui les a menés vers une crise terrible. Cela ne changera pas grand chose pour eux et l’Europe car Rajoy devrait suivre une ligne économique proche de Zapatero.
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