Reçu en France avec les honneurs en juillet 2012, le président Marzouki qui s’était exprimé devant les députés tentant de rassurer sur les relations de son parti de centre gauche avec Ennahda, n’a pas pris le risque de condamner toutes ces violences. A sa décharge, le président tunisien revenait tout juste du 4ème sommet islamique extraordinaire
qui se tenait en Arabie Saoudite, un royaume véritable banque du développement salafiste.
De son côté, le ministère de l’Intérieur tunisien se borne à évoquer une
« mauvaise appréciation de la situation » concernant les événements survenus à Bizerte.
L'apathie des autorités fait naître de nombreuses inquiétudes et certains soupçonnent de complicité les islamistes du parti au pouvoir, Ennahda. «
On laisse faire les salafistes », estime la dramaturge Leïla Toubel.
« Ce qui est grave dans cette affaire, en plus de l'activisme des extrémistes religieux qui prend chaque jour plus d'ampleur, c'est le laxisme des autorités qui capitulent à chaque fois devant les diktats de quelques énergumènes barbus »,
estime le journal en ligne Kapitalis, très critique du pouvoir, au moment de l'annulation d'un concert.
Alors que jusqu'ici le phénomène salafiste, largement sous-estimé, apparraissait comme rejeté par les autorités de l'état et le parti Ennahda, il apparaît difficile aujourd'hui de ne pas suspecter une forme de complicité objective entre le parti Ennahda dont le but est d’imposer une vision conservatrice de l’islam par la voie démocratique et les salafistes qui refusent le jeu politique. Avec en point de mire, l'objectif d'une islamisation profonde de la société tunisienne.
Selon un ancien ambassadeur tunisien à Rabat,
« les salafistes savent que, du point de vue électoral, ils ne pèsent pas beaucoup, mais qu’Ennahda a besoin d’eux pour remporter les prochaines échéances électorales. Alors, ils font tout pour maintenir un climat de tension peu propice au vote et en même temps poussent le gouvernement à épouser une partie de leurs desiderata ».