Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes

En Syrie, les débuts d'une guerre régionale ?

Edito du Monde | LEMONDE | 17.02.12 | 12h11

 
 

Difficile de ne pas dresser ce sinistre constat : en Syrie, le scénario du pire s'installe – peut-être pour longtemps. Ce n'est pas seulement l'accumulation des atrocités que vit une population insurgée à la merci d'un régime de tueurs en série. Le photographe Mani et l'écrivain Jonathan Littell terminent aujourd'hui dans nos colonnes le récit de ce qu'ils ont vu et vécu à Homs. Dans la troisième ville du pays, assiégée depuis plusieurs semaines, la tragédie est quotidienne : les tirs aveugles des chars postés à la périphérie; ceux des snipers, qui tuent pour terroriser ; les enlèvements, la torture, les soins qui manquent ; les blessés par balles entassés dans des hôpitaux de fortune. Bref, le cortège des malheurs d'une guerre faite à une population civile démunie. Mais celui aussi des actes de courage quotidiens d'un peuple qui refuse de se soumettre.

Cependant, ce face-à-face est de moins en moins un affrontement syro-syrien. Le conflit s'internationalise, de la pire façon qui soit. Issu de la minorité alaouite – une secte dissidente de l'islam chiite –, le régime reçoit le soutien actif de l'Iran. Il a aussi l'appui de l'autre allié de Téhéran dans la région, le Hezbollah libanais, une formation chiite extrémiste et l'une des composantes du gouvernement de Beyrouth.

Forte de 23millions d'habitants, la population syrienne appartient à 70 % à la branche majoritaire de l'islam, le sunnisme. C'est de ses rangs, mais sans exclure les autres minorités syriennes, qu'est partie la rébellion. Tout naturellement, de la Turquie aux pays du Golfe, le monde sunnite lui accorde sa sympathie et son soutien politique, voire financier.

Les tribus sunnites d'Irak se mobilisent pour fournir des armes aux insurgés. Ayman Zawahiri, chef d'Al-Qaida, profite du chaos pour appeler au djihad contre le régime syrien. La Turquie héberge des éléments de l'Armée syrienne libre (ASL). Traversé d'autant de lignes de fracture que la Syrie, le Liban connaît ses premiers affrontements communautaires importés en "copier-coller" de chez son grand voisin.

Depuis le début du drame syrien, il y a un an, la Russie et la Chine, au lieu de faire pression sur Bachar Al-Assad, lui ont apporté un soutien diplomatique sans faille. Elles l'ont fait au nom du refus de l'internationalisation du conflit. Moscou et Pékin ont saboté les initiatives de la Ligue arabe, qu'appuyaient l'Europe et les Etats-Unis.

L'obstruction russo-chinoise a empêché ce qui eût été la meilleure façon d'internationaliser le conflit : obliger Bachar Al-Assad à accepter une transition ordonnée et son départ du pouvoir. Au lieu de quoi, Moscou et Pékin ont favorisé ce qu'ils prétendent vouloir éviter : une internationalisation sauvage du conflit, qui fait de la Syrie, comme hier du Liban, le champ clos des rivalités qui traversent le Proche-Orient.

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article