L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a diffusé, samedi 3 novembre, des vidéos de combattants pro-régime exécutant des prisonniers rebelles à l'arme automatique et découpant les oreilles de cadavres. Cette diffusion intervient deux jours après celle d'une vidéo montrant des exactions commises par des insurgés.
Une première vidéo qui, selon le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane, a été tournée en juillet dans la région de Lattaquié (nord-ouest), montre un homme en treillis militaire brandissant une oreille et un couteau en riant face à la caméra. "Voilà l'oreille d'un chien, on va leur donner une leçon", dit l'homme, faisant allusion aux rebelles.
GRAPHIC #Assad thugs cutting off the ears of those killed by them in #Syria youtube.com/watch?v=vBX1Y6… watch just to see who we r dealing with
Un peu plus loin, sept hommes aux corps très mutilés, apparemment morts, sont étendus sur le sol. Au milieu d'un groupe d'hommes habillés en tenue militaire, un homme en treillis s'approche d'un des cadavres et lui découpe l'oreille avec un couteau devant la caméra. "Fais pas ça, nous sommes (avec) le régime", dit un des hommes du groupe, tandis qu'un autre lance : "Donne son oreille aux chiens!".
Une autre vidéo, datant de février et tournée à Deraa, montre des individus, certains en civil et d'autres en treillis, achever à l'arme automatique des hommes qu'ils présentent comme des rebelles.
"Voilà les hommes armés, les chiens, les impurs!" lance l'homme. Un autre reprend : "On va les filmer avec leurs armes et on va voir ce qu'Al-Jazeera et Al-Arabiya peuvent faire pour eux", s'en prenant aux chaînes satellitaires arabe basées dans le Golfe qui soutiennent la rébellion.
"Ces vidéos m'ont été fournies par des militants à la suite de la diffusion avant-hier d'une vidéo montrant les exactions commises par les rebelles. Depuis le premier jour de la révolution, le régime commet des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité mais ces crimes ne justifient en rien les crimes de l'autre partie", a dit M. Abdel Rahmane. "Si on veut une nouvelle Syrie démocratique et respectant les droits de l'Homme, on ne peut se taire sur aucun crime quel qu'en soit l'auteur", a-t-il ajouté.
Jeudi, l'OSDH avait mis en ligne une vidéo diffusée par des militants montrant des rebelles frappant une dizaine de soldats blessés, avant de les aligner sur le sol et de les tuer à l'arme automatique tout en les traitant de "chiens de chabbihas d'Assad", nom donné aux miliciens pro-régime.
Syria 'rebel execution' condemned: Amnesty International condemns what appears to be a summary execution of Syri... bbc.in/YbWi5t
Le CNS a exhorté l'Armée syrienne libre, composée de déserteurs et de civils ayant pris les armes, et "les mouvements qui animent la révolution sur le terrain à demander des comptes à quiconque viole les droits de l'Homme", au lendemain de la diffusion de ces vidéos. Pour l'ONU et Amnesty International, l'exécution sommaire de soldats, comme celle vue sur cette vidéo, ressemble fort à un "crime de guerre". Le chargé des droits de l'Homme au sein du CNS, Radif Moustapha, a toutefois estimé que les crimes des combattants rebelles étaient "sans commune mesure" avec ceux du régime.
Au moins 28 soldats ont été tués jeudi au combat ou froidement exécutés par les rebelles qui s'étaient emparés de leurs positions près de Saraqeb, a rapporté l'OSDH. Après la diffusion de la vidéo, les Etats-Unis ont exhorté les rebelles à respecter les lois internationales régissant les conflits et la Grande-Bretagne s'est dit "profondément préoccupée". Un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a déclaré pour sa part que "s'il s'agit de massacres avérés", la France "condamne avec fermeté".
L'ONU et des ONG internationales ont déjà accusé régime et rébellion de "crimes de guerre et contre l'Humanité" en près de 20 mois d'un conflit qui a fait plus de 36 000 morts selon l'OSDH.
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