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16 novembre 2013 6 16 /11 /novembre /2013 17:41

 

Source : reporterre.net

 

En Pologne, les opposants au gaz de schiste s’organisent

Sylvain Lapoix (Reporterre)

samedi 16 novembre 2013

 

 

 

 

Troisième volet de notre reportage en Pologne sur les gaz de schiste. Où notre reporter a rencontré les militants porteurs de la contestation au gaz de schiste en Pologne. Le mouvement a du mal à se faire entendre, noyé dans la propagande pro gaz de schiste, et composé par des groupes d’horizons très différents.

 


 

- Reportage, Pologne

« Notre seule victoire ici, c’est d’avoir forcé la compagnie de gaz à acheter son eau plutôt que de pomper dans nos propres puits. En dehors de ça, nous prêchons dans le désert. » Dans les forêts de Cachoubie, en Poméranie, Hieronim, opposant aux forages, se sent bien seul face aux compagnies qui viennent explorer les schistes polonais en quête de gaz. Pauvres en moyens, dispersés à travers le pays, ignorés par des médias prêchant en faveur de cette énergie, le mouvement anti-gaz de schiste tente désespérément de faire émerger un débat démocratique.

 


- Îlot de résistance au coeur de la Cachoubie, le village d’Ogonki affiche sur un mur de ferme son opposition aux gaz de schiste.

 

Traduction à la chaîne pour paysans révoltés

Pour trouver une poche de résistance active, il faut traverser tout le pays. De la capitale de la Poméranie à Zurawlow, où un village de paysans fait front contre la compagnie Chevron, comptez près de 400 kilomètres, soit une dizaine d’heures de train suivi d’une longue balade en voiture. Le reste des permis se situe dans le sud-ouest du pays. Cent dix concessions au total, qui couvrent un tiers de la superficie de la Pologne, et que les militants tentent d’informer de leurs faibles voix.

Aneta Wadoswka n’a jamais milité nulle part. Cette étudiante de 24 ans n’a entendu parler de la fracturation hydraulique que par une amie, tandis que des sociétés frackent à quelques kilomètres de sa fac, à Gdansk. « Elle m’a passé un article de l’édition polonaise du Monde Diplomatique : je n’avais rien lu ni entendu quoique ce soit sur les risques environnementaux dans les médias polonais !", avoue-t-elle. "Depuis, je suis le réalisateur Lech Kowalski sur Facebook, c’est le seul endroit où l’info circule efficacement. »

Aneta n’est pas entrée dans le mouvement anti-gaz de schiste par une manifestation. En juin dernier, à l’invitation des réseaux citoyens, elle part pour le site de Occupy Chevron à Zurawlow, à la frontière ukrainienne. Anglophone, elle est chargée de traduire à la chaîne des articles sur les gaz de schiste piochés sur des sites militants américains... et de faire la vaisselle pour le campement !

« Quand le mouvement a débuté, les journalistes étrangers ont afflué là-bas, il fallait aider les gens du coin à s’informer", résume Aneta. "Presque personne n’y parle anglais, alors j’ai fait l’interprète pour les interviews. » Malgré la présence de groupes anti-gaz de schiste dans le nord, l’ouest et sur la frontière est, Zurawlow reste la seule partie visible du mouvement pour les médias et donc le principal levier des militants se faire entendre hors de Pologne.

Des mouvements venus des OGM ou des squats

Après Zurawlow, Aneta a embarqué pour Łódź, dans le sud-ouest du pays, afin d’y suivre une formation militante. Le premier objectif fut d’unifier l’action autour d’un document formulant des revendications communes sur le dossier des gaz de schiste. Venus des quatre coins du pays, les participants ont baptisé leur réseau Złupieni, jeu de mot entre le verbe « voler-arracher » et « łupkowy » signifiant schiste en polonais. Derrière cette bannière demandant entre autres un moratoire sur les gaz de schiste et des investissements dans les énergies renouvelables, se serrent toute une ribambelles de groupes militants souvent étrangers aux questions énergétiques.

Basé à Łódź, le collectif OKO (initial de « les citoyens vigilants ») initiateur de ces réunions verse au mouvement anti-gaz de schiste des troupes initialement réunies autour de la question des OGM et du nucléaire. Venus de Varsovie, les jeunes militants de Syrena sont pour leur part plus coutumiers des questions de logement, politique de la ville et migrants dans la capitale polonaise. Leurs principales actions consistaient jusqu’ici à organiser des squats pour y loger des clandestins en difficulté.

 


- Dans un squat de Syrena : ce collectif politique de Varsovie aidant à abriter les migrants en difficulté fait partie de la multitude de mouvements unis contre les gaz de schiste.


« Les ONG qui nous financent ne veulent pas être associées au mouvement »

« La question des gaz de schiste attire des militants de tous les horizons, assure Ewa Sufin des Verts polonais. Mais le problème est surtout de les former : les billets de train, le logement, le téléphone... tout ça coûte de l’argent et les associations ne reçoivent aucune subvention ici ! » Selon cette responsable du parti écologiste, un fonds suisse sur le modèle de la fondation Soros subventionne des actions démocratiques dans les pays d’Europe centrale. L’organisme en question exige des militants une certaine rigueur formelle : chaque action doit ainsi être soumise à validation sous forme d’un « projet ». Un prérequis qui a le mérite de cadrer d’emblée toute initiative et d’éviter de se disperser.

En dehors de la logistique liée aux formations et aux actions à travers le pays, les frais d’avocats s’ajoutent à la facture. Pour contrer le mouvement d’opposition sur son site de Zurawlow, la compagnie Chevron a ainsi engagé une action en justice pour gène aux travaux. Pour les défendre, des avocats ont été engagés par Złupieni. « Ce sont des ONG polonaises qui prennent en charge les frais de justice des militants de Zurawlow, explique un membre du collectif Syrena préférant demeurer anonyme. Mais elles ont peur d’avoir des ennuis si elles sont citées : elles ne veulent pas être associées au mouvement ! »

Deux problèmes expliquent la discrétion de ces donateurs. D’une part, de nombreuses associations et mouvements écologistes polonais ne s’opposent pas aux gaz de schiste : au regard des 55% d’électricité produits par des centrales au charbon, toutes les alternatives sont les bienvenues pour faire baisser les émissions de CO2 du pays. D’autre part, les opposants trop frontaux craignent les représailles du gouvernement.

Camaïeu idéologique

A l’occasion de l’initiative européenne « Ensemble autour des gaz de schiste », les gouvernements régionaux ont voulu réunir partisans et opposants pour des débats publics. « Une arnaque, tranche une militante du Nord. Złupieni n’est convoqué que comme alibi pour pouvoir montrer à l’UE que le gouvernement a consulté la population ». Financés par les institutions européennes, le programme exige en effet un rapport des autorités locales sur la consultation. D’autres opposants, plus pragmatiquement, considèrent que c’est la seule tribune publique qui leur sera offerte.

La mosaïque d’organisations est aussi un camaïeu idéologique. Au sein de Złupieni se croisent socialistes, membres du parti vert, militants d’extrême gauche et anarchistes. Lesquels tiennent des positions parfois inconciliables, ne serait-ce qu’en terme de communication : les Verts peinent à trouver des portes-paroles au mouvement tandis que les anarchistes refusent catégoriquement d’avancer à visage découvert.

Faute d’une présence claire sur le terrain, d’autres mouvances s’approprient le sujet : « quand nous avons organisé une projection du film de Lech Kowalski à Varsovie pour le Global Frackdown, des militants d’extrême droite se sont avancés pour nous dire qu’ils voulaient se joindre à nos revendications, se souvient un militant de Syrena souhaitant demeurer anonyme. Pour eux, les gaz de schiste étaient un complot des Russes et des Allemands... ils faisaient de cette lutte un enjeu nationaliste ! »


Source et photos de l’article : Sylvain Lapoix pour Reporterre

Photo de une : No Fracking France

Lire aussi :
- 1e volet : La Pologne compte sur le gaz de schiste pour payer ses retraites.
- 2e volet : La Pologne a bafoué la loi européenne pour promouvoir le gaz de schiste.


 

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