L'hebdomadaire Ta Nea Parou Antiparou, daté du 11 Août, souligne l'ampleur de l'orchestration, faits à l'appui, c'est à dire la volonté politique de faire « coïncider » l'arrestation du Pakistanais présumé coupable, et le déclenchement de l'opération policière d'envergure à l'échelle du pays, conduisant à plus de 8 000 d'interpellation d'immigrés et à de milliers d'arrestations. Comme par hasard, c'était un 4 Août (jour « anniversaire » de l'instauration de la dictature du Général Metaxas en 1936), lorsque la police locale aussi sur l'île de Syros, chef lieu des Cyclades, opérait le transfert de « l'ogre de Paros », du « bourreau des Cyclades » ou du « monstre Pakistanais », selon les reportages de la presse nationale et des chaines de télévision, « après les aveux et les résultats des tests ADN, sur Ali M. et sur sa victime, [une jeune grecque âgée de 15 ans], violentée et sauvagement frappée par le présumé agresseur en plein jour et à proximité de la plage célèbre au sable doré ».
J'étais à Syros ce 4 Août et j'avais noté sur ce blog la réaction de certains habitants comme Takis, qui pensait que cette affaire serait plutôt montée. Évidement, cet événement « cluster » est à la fois fort significatif et de plus, un catalyseur des opinions. Moins conspirationnistes que Takis, deux autres habitants d'Hermoupolis rencontrés dimanche matin (05/08) sur le port, partageaient néanmoins le même avis que lui pour ce qui est d'un autre aspect de l'affaire : « on en fait un très gros plat, on médiatise à l'extrême un drame et un crime, et on mobilise une escorte policière comme pour un tueur en série. En plus, en interne depuis la Police on aurait bien délibérément informé les types de l'Aube dorée ». Les rédacteurs de hebdomadaire Ta Nea Parou Antiparou partagent cette analyse et soulignent également « que l'usage du qualificatif "ogre" à l'encontre de l'auteur présumé du crime, est au moins erroné, car à Paros, il n'y a pas eu de tels crimes en série, qui plus est, perpétués par la même personne ».
Ce terme et ses symboliques, c'est un lègue issu de l'holographie sombre des années 1950, lorsque à Salonique, un célèbre criminel fut le protagoniste dans une affaire d'ailleurs assez controversée. Après une série d'agressions et de meurtres de couples dans les environs de Saloniques à la fin des années 1950, tous attribués à « l'ogre du parc boisé de Seich Sou », c'est en 1963 qu'Aristide Pangradidis alors âgé de 23 ans fut arrêté. Pangratidis est un enfant de la misère ayant connu les « Maisons de redressement » et dont le père, a été fusillé par les partisans de gauche durant l'Occupation. L'affaire tombait au meilleur moment pour le pouvoir de l'époque, car l'opinion publique était aussi politiquement... inquiète, après l'attentat perpétué les figures d'hombre du para-État de la droite, du député EDA (Gauche Unitaire) Grigoris Lambrakis. C'était à Salonique, le mercredi 22 mai 1963 (veille de l'Ascension), à la sortie d'un meeting du mouvement pour la paix tenu à Thessalonique, que Lambrakis est renversé par une motocyclette triporteur sur lequel se trouvent deux hommes, Emannouil Emannouilidis et Spyro Gotzamanis.