This is only ONE, UNO, UN street in Cairo leading to the presidential palace. #Jun30 pic.twitter.com/kw5YfIFQck
C’est sans doute l’une des plus importantes journées depuis la révolution égyptienne de février 2011. A l’appel du mouvement Tamarod (rébellion en arabe), ce dimanche 30 juin, plusieurs centaines de milliers de personnes défilent en Egypte contre le gouvernement des Frères musulmans et le président de la République, Mohammed Morsi. A 16h, une estimation militaire officieuse mais reprise par la presse égyptienne faisait état de 3 millions de manifestants anti-Morsi. En fin de journée, les rassemblements semblaient encore plus massaifs, à tel point que plusieurs observateurs et blogueurs égyptiens estimaient qu'il s'agissait d'une mobilisation bien plus importantes que lors de 25 et 28 janvier 2011.
The Big Pharaoh @TheBigPharaoh
Tamarod revendiquait samedi 22 134 465 de signatures pour sa demande de destitution du président, près de dix millions de plus que l’ensemble des suffrages obtenus par Morsi lors de son élection à la présidence il y a tout juste un an. L’opposition égyptienne craint la mainmise des Frères musulmans sur les organes de l’Etat, quand ceux-ci renvoient dos-à-dos manifestants et partisans de l’ancien régime, responsables selon les «Frères» des blocages institutionnels actuels et de la dégradation de l’économie.
Ce matin dès l’aube, plusieurs milliers de personnes sont venues rejoindre les tentes dressées samedi sur la place Tahrir au Caire.
Toute la journée de dimanche, les rues du centre-ville étaient décrites comme vides par les habitants de la capitale égytpienne, la plupart des commerçants et chefs d'entreprises ayant demandé à leurs employés de ne pas venir travailler.
Cairo's streets are deserted. Every business I know gave their employees the day off.
Erin Cunningham ✔ @erinmcunningham
speechless! RT @bencnn: Photo: cairotraffic: no problem. #30June #Egypt pic.twitter.com/MLCBjJbGBv
A la mi-journée, des manifestations d’ampleurs aux cris de «Morsi dégage!» avait lieu notamment place Tahrir au Caire, à Menoufia, Chaequiya, Alexandrie, Gharbia, Beni Suef, dans le sud du Sinaïd, à Damietta, Suez et Post Said, contre un seul rassemblement de plusieurs milliers d’Egytpiens en faveur du président, à Nasr City au Caire. En fin de journée, le cortège des anti-Morsi devait se former devant le palais présidentiel entrouré de blocs de bétons, dans le quartier d'Héliopolis au Caire.
The Daily News Egypt @DailyNewsEgypt
MT @NoraBeh Protesters at the #Palace say the main event will start around 6 pm when all marches converge there #June30
Parmi les singularités des défilés de ce dimanche en Egypte, la présence d'un cortège de policiers mené par l'ancien ministre de l'intérieur, Ahmed Gamal El Din, en poste d'août 2012 à janvier 2013. Dans plusieurs défilés du Caire, des soldats se sont également mélés aux manifestants.
Le mouvement ne se fait pas entendre uniquement dans la rue. Au moins huit parlementaires ont officiellement démissionné, a indiqué samedi dans un communiqué Ahmed Fahmy, le porte-parole du Conseil de la Choura, la chambre haute du Parlement dominée par les musulmans conservateurs. Ce dimanche, la ville de naissance du président Morsi, El-Adwa, dans le delta du Nil, est elle-même divisée, comme le raconte un reportage du journal Al Ahram.
De leur côté, les Frères musulmans ont appelés leurs jeunes à défiler ce dimanche pour soutenir Morsi et défendre la légitimité de président élu. Sur son compte twitter, le porte parole des «Frères» a lui affirmé que ses militants étaient victimes d’attaques de « brigands », référence à l’époque Moubarak lorsque des voyous à la solde du régime attaquaient les manifestants pour les disperser.
Various scene of attacks & violence by thugs, #Tamarod activists, Opposition protestors & figures, Blakblock gangs. http://youtu.be/dYaHf7PUyj4
Deux sièges du parti liberté et justice, le parti des Frères musulmans, ont du reste brûlés dimanche après-midi dans les provinces d'Al Charqeyyah et al-Dekahlia, rapportait la chaine Al Jazeera. «Demain ne nous fait pas peur», ont néanmoins affirmé les sympathisants de Morsi, réuni à Nasr city et interrogés par le reporter du Daily news Egypt. Pour le reste, à 19h, la journée semblait s'être déroulé sans affrontements majeurs, malgré les craintes de participants exprimées la veille. « Les Frères musulmans ont toujours utilisé la violence, le terrorisme, la dictature. Je pense qu'ils vont de nouveau l'utiliser contre nous aujourd'hui ! Peut-être que nous ne verrons pas la belle Egypte de l'après 30 juin », redoutait notamment Ahmed Adel, membre du mouvement Tamarrod intérrogé par Radio france internationale.