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31 juillet 2013 3 31 /07 /juillet /2013 15:17

 

 

Médiapart

|  Par lorraine kihl

 

 

Prism, le programme mis en place par les renseignements américains pour surveiller leurs alliés européens, vire à l'affaire d'État en Allemagne. Angela Merkel essuie les critiques de la presse, de l'opposition et, de plus en plus, des citoyens pour sa gestion du dossier.

Lorsque l’hebdomadaire allemand Der Spiegel a révélé le programme d’écoutes à grande échelle mené par la National Security Agency américaine (NSA) en Europe, l’attention s’est vite focalisée en France sur le sort d'Edward Snowden, le « whistleblower » coincé dans l’aéroport de Moscou depuis la fin du mois de juin et qu’aucun pays ne veut accueillir par peur des représailles américaines. De l’autre côté du Rhin, en revanche, l’affaire ne cesse, après sept semaines, de tourmenter la vie politique. Qu'un pays allié aussi important pour l'Allemagne que les États-Unis espionne les citoyens à la barbe des services allemands et du gouvernement a provoqué un scandale.

Mais la gestion dilettante de l’affaire par le gouvernement et les successives révélations de la presse sur l’implication des services de renseignement allemands tendent à en faire une affaire d’État. À moins de deux mois des élections législatives, l’opposition s’engouffre dans la brèche, trouvant pour la première fois une prise contre une Angela Merkel dont le parti plane dans les sondages.

Depuis sept semaines, la presse allemande multiplie les révélations sur l’affaire PRISM. Non seulement le pays aurait été une des principales cibles du programme d’espionnage de son pourtant proche allié américain mais, d’après le Bild Zeitung, l’armée aurait pris connaissance de l’existence de PRISM il y a deux ans à l’occasion d’opérations conjointes en Afghanistan. Mieux, le service de renseignement extérieur (Bundesnachrichtendienst, BND) collaborait étroitement avec la NSA. À tel point que l’agence américaine a mis à disposition du service de renseignement intérieur allemand un logiciel de surveillance, XKeyscore, a révélé Der Spiegel. Le logiciel permet notamment de collecter les recherches effectuées par un internaute ciblé et d'enregistrer une partie de ses communications. Il s'agit d'un des principaux outils permettant à la NSA d'intercepter quelque 500 millions de communications en Allemagne.

Depuis le début de l’affaire, le gouvernement a choisi la politique de l’esquive. Le PRISM évoqué par le Bild Zeitung ? « Un homonyme ». XKeyscore ? Les services se contentent « de tester » le logiciel pour le compte de la NSA mais n’utilisent pas les informations récupérées. Quant à une réaction ferme du gouvernement sur les agissements de l'agence américaine, Angela Merkel affirme avoir envoyé « une liste de questions » au gouvernement américain mais « attend encore les réponses ». Faute de retour, un journaliste allemand a donc directement interrogé le chef de la NSA, Keith Alexander, qui a froidement répondu : « Nous ne vous disons pas tout ce que nous faisons, ni comment nous le faisons. Maintenant vous le savez. »


Angela Merkel lors de sa conférence de presse « était surtout là pour les appareils photo ». 
Angela Merkel lors de sa conférence de presse « était surtout là pour les appareils photo ».© Reuters

Très attendue sur le sujet, la chancelière a pris soin de reléguer la question PRISM à la fin de sa traditionnelle conférence de presse qui précède son départ en vacances. Diserte sur l'excellence de son gouvernement à gérer la crise de la zone euro, elle a ainsi laissé mijoter quelque 250 journalistes, dont beaucoup ne s’étaient déplacés que pour avoir un début d’explication sur les retournements de l'affaire d'espionnage. Peine perdue. « Il ne relève pas de ma fonction de m’occuper des détails de PRISM », a finalement balayé Angela Merkel.

« La petite Merkel », titrait du coup l’éditorialiste du Spiegel, pour qui l’affaire PRISM révèle toutes les faiblesses de la dirigeante : un manque de conviction et de leadership. Là où Kohl était capable d'une volonté de fer pour parvenir à une Europe unie, Merkel déploie une énergie similaire à la préservation de son poste, tacle Jakob Augstein, préférant abandonner « sa responsabilité pour conserver le pouvoir ».

« Merkel était surtout venue pour les photographes », ironise la chaîne publique ZDF sur la prestation de la chancelière. « Le gouvernement fait preuve d’une effroyable incompétence », s’emporte le Sueddeutsche Zeitung, qui s’interroge sur la part de calcul politique derrière cette supposée ignorance. À moins de dix semaines des élections législatives, la stratégie de l'esquive d'Angela Merkel ne paie pas : au mieux, le gouvernement admet la situation de quasi-vassalité de l'Allemagne vis-à-vis des États-Unis, au pire il cherche à dissimuler les pratiques anti-démocratiques de ses services secrets.

Avec le souvenir des pratiques de la Stasi ancrées dans les mémoires, les Allemands sont particulièrement vigilants aux atteintes à la Loi fondamentale (l’équivalent de la Constitution), et à plus forte raison en matière de surveillance.

Au-delà de la sphère politique, les intellectuels s’emparent du sujet. Une soixantaine d’écrivains allemands ont publié le 25 juillet une lettre ouverte à Angela Merkel. Intitulée « L’Allemagne est un État policier », la missive demande des comptes à la chancelière : « Pendant que notre vie privée est rendue transparente, les services secrets prétendent à un droit à l’opacité sur leurs méthodes. En d’autres termes : nous vivons une attaque historique sur notre État de droit démocratique, en l’occurrence le retournement du principe de présomption d’innocence en un soupçon généralisé. (…) C’est pourquoi nous vous demandons : la surveillance des citoyens allemands par la NSA, qui est interdite par la loi fondamentale et la Cour constitutionnelle aux autorités allemandes, répond-elle à une volonté politique ? » Lundi 29 juillet, la pétition avait déjà recueilli plus de 11 000 signatures.

Les deux principaux partis de l’opposition, le SPD (sociaux-démocrates) et die Grünen (les Verts) n’ont pas tardé à s’emparer du sujet. Pour le président du groupe socialiste au Bundestag, Thomas Oppermann, « le dossier dévoile que Mme Merkel a complètement perdu le contrôle sur le BND, qui est pourtant sous sa responsabilité ». Tandis que le chef de file de son parti, Peer Steinbrück, qualifiait le discours d’Angela Merkel en conférence de presse d’« effrayant d’inconscience et d’impuissance. » Avec respectivement 25 et 13 % d'intention de vote, les sociaux-démocrates et les Verts tiennent leur première prise sérieuse contre l'inamovible chancelière.


La Une du Spiegel du 22 juillet 
La Une du Spiegel du 22 juillet© dr

La commission de contrôle parlementaire de l’exécutif, tenue par les députés de l’opposition, a convoqué jeudi 25 juillet le ministre en charge de la chancellerie, Ronald Pofalla. Responsable des services de renseignement, il est aussi le bras droit de Merkel. Deux jours seulement avant sa convocation (contre le délai habituel de deux semaines), les députés ont adressé pas moins de 110 questions au ministre de la chancellerie. Lui laissant à peine le temps de préparer sa copie. La manœuvre est double : montrer que l’opposition a conscience de la gravité des enjeux et prendre de court Pofalla pour prouver la volonté du gouvernement de faire de la rétention d’information.

Celui-ci a semblé avoir pris la mesure de son erreur et a corrigé le tir en envoyant en renfort du ministre cinq dirigeants des services de renseignement (intérieur, extérieur, militaire). Le ministre a défendu le travail de ses services pendant plus de trois heures d’audition.

« J’ai assumé ma responsabilité à 100 % en ce qui concerne le contrôle des services de renseignement allemands », a déclaré Ronald Pofalla à l’issue de la réunion, se disant « fier » du travail accompli pas ses services. Mais la presse reste sceptique. « Ses louanges des services de renseignement allemands ne peuvent pas dissimuler le fait que les principaux reproches n’ont pas été éclaircis, martèle le Spiegel. Que fabrique la NSA sur le sol allemand ? Le gouvernement ignore-t-il ses agissements comme il le prétend – et si oui, pourquoi ? » Une cinquième réunion extraordinaire est prévue dans le courant du mois d’août en vue de poursuivre l’audition.

D’après la chaîne publique ARD, plus des deux tiers des Allemands seraient insatisfaits des explications fournies par le gouvernement sur le dossier Prism. Un quart affirment que cela pourrait influencer leur vote en septembre. Mais la popularité d’Angela Merkel n’est pour l’heure pas entachée. D’après un récent sondage, la chancelière se maintient à bonne distance de ses concurrents pour les élections législatives à venir, avec 40 % d’intention de vote pour son parti. 

À huit semaines des élections, l’affaire ne profite ni au SPD ni aux Verts mais aux petits partis : die Linke (extrême gauche) et le parti Pirate, chantre de la transparence. Si la tendance se maintient, la situation pourrait se révéler très inconfortable pour Angela Merkel qui, malgré sa popularité, pourrait voir sa coalition avec le FDP devenir minoritaire face à une alliance Die Linke-SPD-Grüne.

 

 

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