Plusieurs dizaines de milliers d’Égyptiens étaient rassemblés, mardi 27 novembre, sur la place Tahrir au Caire pour protester contre le président Mohamed Morsi et sa décision de renforcer provisoirement ses pouvoirs.
Les manifestants, qui avaient commencé à se rassembler dès vendredi sur la célèbre place, ont défilé avec des banderoles comparant le président élu au mois de juin dernier à un « dictateur » ou un « pharaon ». De nombreux slogans visaient également les Frères musulmans, le mouvement islamiste dont est issu Mohamed Morsi.
Malgré les appels au calme, et l’annulation par les Frères musulmans d’une contre-manifestation, de nombreux affrontements ont été signalés, au Caire, mais également dans d’autres villes du pays, comme à Mahala, dans le Delta du Nil, où des manifestants se sont attaqués au siège du Parti de la liberté et de la justice, lié au Frères musulmans.
Au Caire, un militant du parti de gauche, l’Alliance populaire, est mort asphyxié lors d’incidents. Au total trois personnes sont mortes ces derniers jours lors des manifestations anti-Morsi. Les partisans du président, eux, ont recensé environ 80 blessés dans leurs rangs.
Les opposants avaient commencé à réinvestir la place Tahrir vendredi, au lendemain de la prise d’un décret accordant des pouvoirs élargis au chef de l’État, officiellement de manière temporaire et afin de mener certaines réformes politiques, économiques et sociales. Mais beaucoup d’Égyptiens voient dans ce texte le signe d’une dérive autocratique du pouvoir.
Le décret contesté permet, notamment, au chef de l’État de prendre toute mesure justifiée par « la défense de la révolution », une formule particulièrement vague. De plus, il prévoit également que les décisions prises à ce titre seront incontestables devant la justice. Mohamed Morsi a d'ores et déjà interdit le dépôt de tout nouveau recours devant la Haute cour constitutionnelle contre la commission chargée de rédiger la future constitution du pays, une commission dominée par les Frères musulmans.
Enfin, le décret prévoit la possibilité de lancer « de nouvelles enquêtes et de nouveaux jugements » dans les dossiers liés aux morts de manifestants lors de la révolution du printemps 2011. Ces nouveaux procès se tiendraient en outre devant une nouvelle juridiction. Les opposants craignent que le régime n'utilise ces procédures spéciales pour s'attaquer à des hauts fonctionnaires et des policiers actuellement en place.