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18 décembre 2011 7 18 /12 /décembre /2011 17:57

LEMONDE.FR | 18.12.11 | 15h39   •  Mis à jour le 18.12.11 | 17h06

 
 

 

D'un côté, les manifestants envoient des pierres sur les forces de police.

D'un côté, les manifestants envoient des pierres sur les forces de police.AP/Ahmed Ali

Le Caire, correspondance - Deux jours d'émeutes sanglantes entre manifestants et militaires au Caire ont transformé les alentours du siège du gouvernement en champ de bataille dévasté. La portion de la rue Qasr Al Ayni, qui mène de la place Tahrir au Parlement ne désemplit pas, malgré les assauts répétés de l'armée.

Protégés de casques en plastique, de tabourets ou de plaques de métal, les jeunes révolutionnaires y ont affronté une pluie de briques et de pierres, lancées du haut des immeubles voisins par des militaires et des hommes en civil. Stationnées dans les rues adjacentes, des troupes de la police militaire armées de bâtons, de tasers et de pistolets, ont chargé régulièrement les manifestants, les forçant à refluer vers la place Tahrir, faisant 10 morts et plus de 500 blessés, selon le ministère de la santé.

Selon les révolutionnaires, les affrontements ont été déclenchés par l'arrestation et la torture dans la nuit du jeudi 15 au vendredi 16 décembre, d'un jeune supporteur de football participant au sit-in tenu par les manifestants depuis trois semaines devant le cabinet du premier ministre Kamal Al-Ganzouri, pour protester contre le gouvernement nommé par le Conseil militaire.

Les soldats auraient autorisé le jeune homme à venir chercher son ballon égaré à l'intérieur du cabinet. Il en est ressorti en sang, le corps et le visage tuméfiés. La police militaire, qui soutient quant à elle que l'un de ses soldats a été attaqué par les révolutionnaires, a évacué le sit-in par la force à l'aube du vendredi.

ACHARNEMENT

Parmi les manifestants se trouvent beaucoup d'activistes connus, des fils d'hommes politiques célèbres, des députés déjà élus ou des candidats aux élections en cours, soutenus par des supporteurs de football "ultras". Aux premières lignes, garçons et filles défient l'armée à mains nues, paumes levées vers le ciel, ou avec un arsenal de fortune, répliquant à la violence des militaires avec des cocktails Molotov, des feux d'artifice, ou en renvoyant les pierres.

Beaucoup ont un œil bandé, conséquence des combats de la rue Mohammed Mahmoud qui ont fait plus de 40 morts et un millier de blessés entre le 19 et le 24 novembre, et au cours desquels l'armée a visé délibérément les yeux des protestataires. Leur arsenal est de peu de poids face à la brutalité des soldats. Les activistes arrêtés, hommes et femmes, sont battus sans ménagement, souvent jusqu'à l'évanouissement et traînés par les cheveux au milieu des gravats.

 

Une jeune femme arretée et frappée par l'armée égyptienne, samedi 17 décembre.

Une jeune femme arrêtée et frappée par l'armée égyptienne, samedi 17 décembre.REUTERS/STRINGER

Les militaires s'acharnent à plusieurs sur les corps inertes. Les sources médicales font état de tirs à balles réelles, soulignant que les hôpitaux de fortune établis aux alentours, sur la place, dans les églises et les mosquées, ont aussi été pris pour cible.

"FILS DE CHIENS ! ASSASSINS ! DESCENDEZ !"

Cette brutalité indigne les activistes : "Mais qu'est-ce qu'ils veulent ?, s'étrangle Alia Ayman, jeune étudiante de 22 ans, cela fait deux jours qu'ils nous balancent des pierres et qu'ils nous provoquent ! Notre sit-in est pacifique. Nous avons le droit de manifester ! Je ne comprends pas ce qu'ils cherchent".

Entre les manifestants massés au début de la rue Qasr Al Ayni, une femme d'une soixantaine d'années se fraie un chemin jusqu'au mur érigé par l'armée samedi après-midi afin de bloquer l'entrée de la rue. Arrivée aux premières lignes, elle lève un bras vengeur vers les silhouettes qui s'agitent sur les toits : "Fils de chiens ! Assassins ! Descendez !". En guise de réponse, un militaire en treillis défait sa braguette et urine du haut du toit en riant. " Bravo ! bravo ! Très joli !" répond la femme.

Autour d'elle, les doigts d'honneur se lèvent vers le ciel dans un tonnerre de sifflets et de clameurs. "A bas le régime militaire ! La révolution continue". Une pluie de briques et de pierres leur répond, les forçant à s'éparpiller. Seuls quelques riverains s'aventurent dans l'artère enfumée à l'horizon de laquelle on aperçoit un ballet de projectiles qui scintillent à travers le rideau humide d'un canon à eau.

Le scepticisme et la méfiance des habitants du quartier venus en reconnaissance vis-à-vis des manifestants est palpable. Un homme d'environ cinquante ans interpelle un jeune révolutionnaire coiffé d'une queue de cheval : "Tu parles arabe ? Tu es Egyptien ? Désolé mais il paraît qu'il y a des étrangers derrière tout ça. Qu'est-ce que c'est que cette histoire de balle de football ? Tu joues au football à une heure du matin devant le siège du gouvernement toi ?"

Malgré la propagande du gouvernement et de l'armée qui les présentent comme des "voyous", les révolutionnaires continuent à défier les militaires. Ils ont reçu le soutien de plusieurs hommes politiques, dont certain ont démissionné du Conseil consultatif désigné par l'armée pour l'aider à gérer la transition. Le candidat à la présidentielle Ayman Nour a demandé la démission immédiate du CSFA. Les Frères Musulmans ont condamné la violence contre les manifestants et réclamé une enquête, tout en soulignant l'importance de continuer le processus électoral.

"VOTEZ POUR PERSONNE"

 

De l'autre, les policiers ripostent de la même façon.

De l'autre, les policiers ripostent de la même façon.AP/Ahmed Ali

Les manifestants font face à l'hostilité de l'écrasante majorité de la population et des médias. Selon un sondage réalisé au début du mois de décembre par l'Institut d'études stratégiques Al-Ahram dans neuf circonscriptions égyptiennes, 88 % des sondés estiment que le conseil militaire assure "les conditions adéquates à une transition démocratique".

"Mais qui sont ces casseurs ?", s'exclamait par exemple Hona Al-Asema, célèbre speakerine de la chaîne privée CBC à une heure de grande écoute, en s'indignant contre l'incendie qui a ravagé la bibliothèque de l'Institut d'Egypte, dont les révolutionnaires ont pourtant tenté de sauver les ouvrages.

Alors que les élections législatives se déroulent dans un climat relativement calme, ces affrontements sont révélateurs de la déception des jeunes révolutionnaires vis-à-vis du processus électoral en cours. Si les émeutes n'ont pour l'instant pas donné lieu à des revendications politiques, se présentant plutôt comme une manifestation de colère spontanée contre l'armée, beaucoup d'activistes estiment que le Conseil militaire doit abandonner immédiatement toute prérogative politique et que les élections ne déboucheront pas sur l'élection d'un parlement aux couleurs de la révolution.

Rue Mohammed Mahmoud, théâtre de la précédente bataille entre les jeunes et la police, des graffitis rageurs ont recouvert les murs : "Votez pour Personne : Personne tiendra ses promesses électorales, Personne écoutera vos problèmes, Personne dit la vérité, Tout le monde s'en fiche… "

Claire Talon

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