Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
Pourquoi ne pas envisager une autre méthode que celle de l'austérité ?
La question fait sourire Henri Sterdyniak : "C'est une histoire de fous, cela fait très longtemps que l'on dit (un certain nombre d'économistes, ndlr) à la Commission "attention, le Pacte de stabilité ça ne tient pas, il faut des politiques beaucoup plus souples, il faut d'abord se préoccuper de croissance, relancer l'investissement productif", mais le problème c'est qu'il y a une domination très grave de la pensée libérale, une méfiance des pays les uns envers les autres, une pression des pays du Nord qui fait que les pays du Sud n'osent rien dire et que la France ne s'est malheureusement pas mise du côté des pays du Sud. Et si les pays du Sud n'osent rien dire c'est parce qu'ils ont peur d'être victimes des marchés." Pour l'économiste de l'OFCE, la situation est très grave et ne laisse pas beaucoup d'espoir quant à une amélioration prochaine, même avec l'aide de la BCE : "La BCE, vue la situation, fait ce qu'elle peut : elle achète de la dette publique quand c'est nécessaire, de l'Espagne ou de l'Italie, pays qui sont directement attaqués par les marchés, elle soutient massivement les banques en leur donnant 1000 milliards d'euros, et vu le peu de demande, tout ça ne crée malheureusement pas d'inflation (facteur de réduction de la dette, ndlr)."
Sur l'Espagne, la politique d'austérité doit engendrer une récession correspondant à -0,1% de PIB cette année et -0,6% l'année prochaine : "Il n'y a pas d'issue pour l'Espagne, mais comme pour le Portugal, l'Irlande, la Grèce, l'Italie." affirme Henri Sterdyniak. Et de prédire "soit l'Europe continue comme ça et on se retrouve avec 10 années de perdues à la japonaise, avec des politiques d'austérité en permanence sous la menace des marchés, soit il faut un tournant complet : on dit qu'on oublie la discipline budgétaire et on fait de la croissance en faisant des grands travaux de façon à ce qu'il y ait quelque chose qui se passe".
Alors qu'un début de grogne anti-austérité débute dans les rangs sociaux démocrates, les élections françaises et allemandes pourraient peut-être déclencher une autre politique économique à l'échelle européenne. Mais l'économiste y croit modérément : "tout ça me paraît bien mou" dit-il en guise de conclusion.