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27 décembre 2013 5 27 /12 /décembre /2013 19:00

 

Source : www.marianne.net

 

Du rififi chez les sarko-flics
Vendredi 27 Décembre 2013 à 05:00
Frédéric Ploquin

 

Manuel Valls avait choisi de ne pas faire de «chasse aux sorcières» au sein de la hiérarchie policière. Mais il n'avait pas mesuré l'ampleur des inimitiés contre le pouvoir socialiste dans les rangs de la PJ. La "sarkonnection" y fait de la résistance et multiplie les erreurs. Obligeant le ministre de l'Intérieur à faire place nette au sein des affidés encore en poste de l'ancien président de la République.

 

Christian Flaesch et Brice Hortefeux. Brice Hortefeux s'est rendu au 36 quai des Orfèvres, à la brigade des stupéfiants avant de se rendre en banlieue ou 80 kgs de cocaine ont été incinéré, janvier 2010. WITT/SIPA
Christian Flaesch et Brice Hortefeux. Brice Hortefeux s'est rendu au 36 quai des Orfèvres, à la brigade des stupéfiants avant de se rendre en banlieue ou 80 kgs de cocaine ont été incinéré, janvier 2010. WITT/SIPA
Manuel Valls aurait dû s'y attendre. Tôt ou tard, malgré un contrôle parfait de sa communication, atout non négligeable lorsqu'on dirige la Place Beauvau, les amis flics de Nicolas Sarkozy auraient envie de se manifester, même après avoir été ménagés comme ils ne l'auraient jamais imaginé par ce pouvoir, eux qui abhorrent (en privé) François Hollande et tout ce qu'il représente.

Le premier accroc sérieux survient avec Frédéric Péchenard, ce fils de bonne famille qui s'est consacré à la police avant de se mettre passionnément au service de son ami d'enfance, Nicolas Sarkozy, quand celui-ci arrive à la tête du ministère de l'Intérieur en 2002. Après une belle carrière au sein de la police judiciaire parisienne, le commissaire accède en 2007 au poste suprême - directeur général de la police nationale -, où il reste jusqu'au dernier jour du quinquennat. Fidèle et loyal, pour ne pas dire totalement dévoué à ce mentor à qui il ne savait pas refuser grand-chose, plaçant «l'affectif» avant tout le reste.

Quelques jours après avoir succédé à Claude Guéant, Manuel Valls choisit de traiter Péchenard avec les égards dus à sa réputation, en lui offrant un beau fauteuil qui lui permet de conserver collaborateurs et chauffeur, standing et présence médiatique : délégué interministériel à la sécurité routière. A ce poste, le pilier de «la Firme», qui a porté son Sarkozy au firmament, a tout le loisir de faire vivre un «club» qui prend parfois des allures de shadow cabinet, formé d'hommes qui serrent les rangs en attendant un retour aux affaires dont ils ne doutent pas.

Mais les élections municipales approchent et le commissaire a des velléités de se lancer en politique dans la capitale. Loin de le pousser à une démission qui le priverait de son traitement, le cabinet du ministre de l'Intérieur le ménage encore et lui offre une confortable porte de sortie, un poste d'inspecteur général de l'administration, autant dire une sinécure.

Et, foin de toute reconnaissance, le commissaire s'affiche aussitôt sous la bannière de l'UMP, dont il entend porter les couleurs auprès de Nathalie Kosciusko-Morizet, opposée à la socialiste Anne Hidalgo à Paris. Avec pour rôle de démontrer aux Parisiens que le nombre de policiers n'a pas baissé dans la capitale entre 2007 et 2012, contrairement aux dires de ceux qui tiennent désormais les statistiques de la Préfecture de police. Sans hésiter à lancer quelques formules chocs comme celle-ci, trempée dans l'encre de Neuilly-sur-Seine : «Paris, c'est le Bronx !»

Engagement partisan

Ce coup d'éclat de Péchenard montre que la «sarkonnection» policière n'a pas fini de faire des siennes. Quels que soient les choix de «Nicolas», elle suivra son chef comme un seul homme. Ce n'est pas l'ancien préfet de police Michel Gaudin qui dira le contraire, lui qui dirige aujourd'hui d'une main ferme le cabinet de l'ancien président. Ni le secrétaire général du syndicat de police Alliance, Jean-Claude Delage, qui lui a accordé un soutien sans faille pendant dix ans et dont on dit qu'il cherche une place éligible sur une liste UMP à Marseille, sa ville.

Ni Bernard Squarcini, l'ancien patron du renseignement, qui ne digère pas d'avoir été écarté en quarante-huit heures et ronge son frein, brûlant de l'envie de revenir aux affaires et de remettre les pendules à l'heure. Ni tant d'autres qui sont encore en poste et se demandent, en secret, jusqu'à quand ils serviront un pouvoir qu'ils estiment à peine légitime...

Fallait-il traiter avec autant de fair-play un policier qui n'a jamais caché son engagement partisan ? C'est le choix qu'a fait Manuel Valls, se refusant, lui, à virer les hommes en place pour nommer des «amis», réfutant ainsi toute collusion entre grands flics et personnel politique, au risque de négliger cet «affect» qui est un peu «le tigre» dans le moteur de la police. En vertu de quoi les hiérarques en place à la Préfecture de police de Paris, hormis le préfet lui-même, ont tous été maintenus à leur poste. A commencer par Christian Flaesch, le directeur régional de la police judiciaire, l'homme par qui le scandale a éclaté à la une du Monde, le 9 décembre dernier...

Armement de torpilles

Chaudement recommandé par son ami Frédéric Péchenard, le commissaire Flaesch avait été propulsé à la tête du Quai des Orfèvres voilà six ans et demi par Nicolas Sarkozy. Il se targue aujourd'hui de n'avoir jamais été pris en défaut de favoritisme pour la droite, pas plus que pour la gauche, et s'est même récemment découvert des talents de communicant à l'heure de célébrer le centenaire de la police judiciaire.

Le nouveau préfet de police de Paris, Bernard Boucault, n'avait d'ailleurs rien à lui reprocher, et c'est avec un plaisir non dissimulé qu'il pose pour la postérité, au côté de Manuel Valls, après l'indéniable succès policier de l'automne : la neutralisation de celui que les médias ont baptisé le «tueur de Libération». A tel point que le policier figure dans la liste des cinq candidats à la succession du directeur central de la police judiciaire, Christian Lothion, dont la retraite est programmée pour le 31 décembre. Une succession qui traîne, laissant libre court à tous les coups bas dans l'attente de l'arbitrage supérieur.

Manuel Valls avait-il bien mesuré l'ampleur des inimitiés dans les rangs de la PJ, où les placards dissimulent plus d'un cadavre ? La première torpille a touché le service des courses et jeux, dont les patrons se sont brusquement retrouvés accusés de tous les maux. La deuxième explose donc au grand jour avec la «mise en garde» adressée par le parquet de Paris à propos de Christian Flaesch, assortie de la pressante «nécessité d'éviter à l'avenir un type de comportement susceptible de donner lieu à des interprétations et des interrogations».

Pourquoi ce spectaculaire rappel à l'ordre du procureur général ? A cause d'appels téléphoniques passés par le commissaire à son ancien ministre de tutelle, Brice Hortefeux, témoin dans une procédure judiciaire ouverte après une plainte déposée (en 2012) par Nicolas Sarkozy contre le site Mediapart, à l'origine de la diffusion d'un document évoquant une participation financière de la Libye à la campagne présidentielle de 2007.

Christian Flaesch appelle une première fois l'ex-ministre de l'Intérieur en 2012, à la veille de son audition par la police. Brice Hortefeux fournit des éléments sur son emploi du temps le jour où on le soupçonne de s'être rendu à Tripoli : il était le lendemain en visite à Evreux, son agenda de ministre de l'Intérieur l'atteste. L'enquête s'enrichit de l'audition d'un témoin qui affirme que le document libyen accusant Sarkozy est un faux, ce qui pousse ce dernier à se constituer partie civile. Une information est ouverte pour «faux et usage», confiée au juge d'instruction René Cros, lequel souhaite de nouveau entendre Hortefeux sur son emploi du temps...

Christian Flaesch rappelle l'utile témoin au téléphone, non sans avoir averti de sa démarche, dit-il, le procureur et le préfet de police de Paris, Bernard Boucault. Un «geste de courtoisie», selon lui : il aurait procédé de la même manière à l'heure de convoquer Jack Lang pour l'entendre sur les accusations de pédophilie véhiculées par l'ancien ministre Luc Ferry. Il lui a même fallu remuer du monde pour trouver le numéro de Lang, lequel, à la différence de celui d'Hortefeux, ne figurait pas dans son répertoire. Simple politesse, plaide le policier, qui explique que les personnalités détestent apprendre leur convocation par un fonctionnaire lambda...

"La PJ de lutèce"

Brice Hortefeux s'étonne, le commissaire le rassure en lui disant qu'il n'a qu'à fournir ses agendas personnels. Le ministre le rappelle quelques jours plus tard pour lui dire qu'il a retrouvé les précieux agendas, mais le policier se fend d'un nouvel appel pour annoncer à l'ancien ministre qu'il ne sera pas entendu par la police, mais par le juge. Hortefeux le sait déjà puisque le juge a contacté son avocat, et voilà que les deux hommes, au détour de leur conversation, évoquent un ami commun, le sénateur UMP Pierre Charon, avec lequel le commissaire a déjeuné à l'occasion de la récente remise du prix (littéraire) du Quai des Orfèvres. Avant de raccrocher, Flaesch lâche un dernier conseil : «Ce n'est pas la peine de dire au juge que je vous ai appelé.»

Sauf que le téléphone de l'ancien ministre est écouté par les fonctionnaires de la division nationale des investigations financières, rattachée à la direction centrale de la PJ, pour le compte d'un autre juge, Serge Tournaire, qui enquête sur un présumé financement libyen de la campagne de Sarkozy à partir des déclarations du fantasque Ziad Takieddine. Lesquels policiers retranscrivent scrupuleusement ces conversations et les transmettent au juge, qui le prend mal et alerte le parquet...

Vengeance de magistrats qui ne supportent plus le lien entre police judiciaire et sphère politique, tellement prégnant sous le précédent quinquennat ? Ultime épisode de la guerre qui met aux prises la direction centrale de la PJ et «la PJ de Lutèce», comme ses détracteurs appellent le Quai des Orfèvres ? En attendant d'en savoir plus, Manuel Valls annonçait voilà quelques jours, à l'occasion d'une cérémonie dédiée aux CRS, brandissant l'épée qu'on venait de lui offrir, qu'il devra «prendre des décisions difficiles».

La première débouche sur l'installation à la tête de la PJ d'une femme aussi peu marquée politiquement qu'incontestable dans les rangs, Mireille Ballestrazzi, actuelle présidente d'Interpol ; la seconde a conduit à l'éviction express de Christian Flaesch, néanmoins salué comme le «grand flic qui a commis la faute de trop», ce qui lui permet d'espérer un sort pas trop funeste... tandis que sa place est prise par un pilier de la PJ ayant l'avantage de ne pas faire partie de l'écurie Sarkozy, Bernard Petit.

 

 
Bernard Squarcini, l'homme le plus renseigné de France...

Comment donc Manuel Valls a-t-il pu commettre l'erreur de se passer de Bernard Squarcini ? Comment a-t-il pu le mettre à la porte de la Direction centrale du renseignement intérieur sans même prendre le temps de le lui dire en face ? Le ministre de l'Intérieur aurait eu tout le loisir de le lui expliquer, dans l'avion qui les ramenait d'un dernier déplacement en Espagne, en ces premiers jours du quinquennat, mais il a esquivé, le laissant apprendre la nouvelle par une dépêche de l'AFP, lui, l'homme le mieux informé de France !

Manuel Valls ne pouvait évidemment pas composer avec un flic sur le dos duquel ont été empilées toutes les basses œuvres du quinquennat Sarkozy, ce contre-espion à qui la gauche a attribué, à tort pour une fois, une note désagréable consacrée à Valérie Trierweiler, future première dame de France. Mais le lâcher ainsi dans la nature, c'était s'exposer à le voir rester dans les bras de celui qui l'a fait roi, Nicolas Sarkozy, la besace bourrée à craquer de renseignements «opérationnels», comme on dit.

Désormais installé à son compte, avec bureau au cœur du triangle d'or parisien, «le Squale» (son surnom) met son carnet d'adresses mondial au service du géant français du luxe, LVMH. Un jour à Moscou, la semaine suivant en Chine, il rencontre ses anciens homologues et parle avec eux de la lutte contre la contrefaçon. Mais il garde le meilleur pour «Sarko», et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a de la réserve. Et une envie mordante de retrouver le pouvoir, lui qui est convaincu de ne pas avoir démérité. Bien sûr, Squarcini est imbattable sur la Corse, dont il connaît la moindre intrigue, mais ses connaissances vont bien au-delà.

La chute de DSK, les vrais circuits de l'argent libyen, qui n'auraient pas profité qu'à ceux qu'on croit, les secrets de Marseille, les dessous du jihad en Afrique noire, les dangers qui guettent la France en Centrafrique, rien n'échappe à ce flic qui jure que les révélations d'Edward Snowden, ancien employé de la CIA et de la NSA, sur les dessous de l'empire américain n'en sont pas pour lui. Un service de renseignements à lui tout seul !

 

 
Jeux de vilains dans les cercles

C'est une photo publiée dans le Parisien qui a mis le feu au service central des courses et jeux, rattaché à la PJ. On y voit le directeur du service, le commissaire Jean-Pierre Alezra, danser avec une femme, membre de son service, au cours d'une soirée organisée par les tenanciers d'un cercle de jeux parisien, le Wagram, tenu par le grand banditisme corse. Le cliché de trop...

Le directeur central de la PJ, Christian Lothion, souhaitait régler avant son départ à la retraite le cas de ce commissaire soupçonné de gérer sa boutique à l'ancienne, entre combines et prévarications. Cette photo fournit à Manuel Valls l'occasion d'endosser l'un de ses rôles favoris, celui de champion de la déontologie, en dégageant dans la journée le commissaire et son adjoint. Et en se débarrassant du même coup d'un héritage qui aurait fini par faire mauvais genre : le commissaire était à tu et à toi avec les piliers du milieu des jeux.
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