Par Gildas Jossec - Aitec.
Chaque pays organisateur d'un G20 essaie de mettre sa marque de fabrique sur les thèmes qu'il veut voir être discuté. Quelquefois, le programme est « respecté » comme à à Londres, où le siège de la première place financière, paradis fiscal bien connu, en avait déclaré la fin. Dont acte.
D'autres fois, ça marche moins bien comme en France où la crise européenne et l'annonce d'un référendum grec avait complètement occulté les thèmes mis en avant par la présidence française au grand dam de Nicolas Sarkozy qui voulait redorer son blason international à cette occasion.
Pour le G20 présidé par le Mexique (Los Cabos, du 18 au 20 juin), Felipe Calderon voulait promouvoir le développement durable, la croissance verte et la lutte contre le changement climatique mettant ainsi en avant des thèmes qui seraient discutés lors du Sommet de Rio+20 (Rio, 20-22 juin). Là encore, ça ne s'est pas passé exactement ainsi.
La rumeur annonçait que le G20 « uni » arriverait à Rio+20, avec une déclaration commune sur l'économie verte, thème central de la conférence des Nations Unies sur le développement durable. Ainsi, cela aurait répondu à un objectif de la présidence mexicaine. Mais finalement, le Brésil est arrivé à Los Cabos avec le projet de déclaration finale du Sommet de Rio+20 sous le bras annonçant à ses partenaires que c'était à prendre ou à laisser. Ainsi, il s'imposait comme une nouvelle puissance incontournable dans les relations et la géopolitique internationales.
Non seulement incontournable mais également prêt à rappeler à l'ordre la vieille Europe, ligué avec les autres émergents. Ainsi, dès le sixième point de la déclaration finale du G20, il est écrit : « Les pays membres de l'euro s'engagent à prendre toutes les mesures pour sauvegarder l'intégrité et la stabilité de la zone ».
© Jean de Peña / Collectif à-vif(s)
Comme plusieurs post précédents l'ont souligné, nous assistons à Rio à une bascule géopolitique au profit des BRICS au premier rang desquels le Brésil. Fort desa banque de développement disposant d'un budget quatre fois plus important que celui de la Banque mondiale, d'une croissance économique de 10,5% et très actif pour imposer ses choix productivistes, le Brésil a donc, comme il est dit dans un post précédent, produit un texte « hors sol, hors contexte, hors crises » ouvrant la porte à l'économie verte, aux vieilles solutions qui ont elle-mêmes provoquées la crise. « Les marchés attendent de nous que nous coopérions plus étroitement » a dit Angela Merckel. Les subprimes ne sont plus rentables. Les dettes souveraines marchent encore. L'économie verte a l'avantage de pouvoir être présentée comme la solution aux multiples dimensions de la crise et à la mise en œuvre des objectifs de développement durable. Mais mettre la nature entre les mains du marché est-il vraiment l'avenir que nous voulons?