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Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes

Des riverains organisent l'évacuation sauvage d'un camp de Roms à Marseille

 

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Jeudi 27 septembre, vers 19h30, une cinquantaine d'habitants des quartiers Nord de Marseille ont organisé l'évacuation et l'incendie des restes d'un campement de Roms, qui s'étaient installés sur un terrain vague à proximité de la cité des Créneaux, quatre jours plus tôt. Ils leur attribuaient des cambriolages près du terrain vague. Le matin, ils s'étaient rendus à la mairie et à la préfecture pour demander l'expulsion des Roms, sans résultat. Ils avaient informé notamment une élue des quartiers Nord de leur intention de passer à l'acte si les Roms ne quittaient pas les environs de la cité des Créneaux, dans le 15e arrondissement de la ville.

Arrivée sur les lieux, la police a constaté les faits, a séparé la trentaine d'habitants mécontents et les familles roms, sans relever d'infraction.

Environ 35 personnes étaient installées dans ce campement, selon Caroline Godard, membre de l'association Rencontres Tsiganes, qui s'est dite « effarée » par cette affaire. Sandrine Lebaume, responsable locale de Médecins du monde, pour sa part, parle d'une « conséquence logique » de la campagne d'expulsion menée durant l'été, et qui a fait monter la tension d'un cran autour de cette communauté. Elle rappelle également que deux incidents similaires ont déjà eu lieu en 2010 et 2011 : « Les Roms sont la cible d'agressions verbales et physiques permanentes à Marseille. À coups de batte de baseball et de cocktails Molotov, on leur signifie “qu'on ne veut d'eux nulle part” », affirme la militante, qui évoque « une guerre entre les pauvres ». Pierre Dharréville, secrétaire départemental du PCF 13, affirme en écho que c'est « la crise qui engendre la barbarie » entre les populations les plus défavorisées.

Le président de la Ligue des droits de l'homme des Bouches-du-Rhône a fait part de son émotion et dit « craindre le pire pour la suite ». Bernard Eynaud n'hésite pas à établir un parallèle clair entre cette affaire et les « ratonnades » qu'a pu connaître la ville par le passé. « Cela fait dix ans que l'on alerte sur la situation de ces 2 000 personnes qui vivent dans la misère sur le département, une goutte d'eau par rapport à ses deux millions d'habitants », regrette Bernard Eynaud, qui dénonce l'immobilisme  des pouvoirs publics : « Entre la politique de l'autruche et celle du harcèlement, on est dans un entre-deux qui ne satisfait personne. » Fathi Bouaroua , délégué regional de la Fondation Abbé Pierre estime que c'est l'impuissance des pouvoirs publics qui a poussé les riverains à bout : « Les gens disent que l'Etat ne fait rien et ils passent directement à l'action, analyse-t-il. Cette situation fait deux victimes : les Roms, qui ont désormais peur pour leur sécurité, et les populations défavorisées qui se trouvent confrontées à une dégradation de leur environnement. La situation est plus que tendue partout dans la ville. »

Dans une interview au Figaro.fr , Samia Ghali, la sénatrice et maire PS des 15e et 16e arrondissements de Marseille, avoue « comprendre l'exaspération des habitants » qui l'ont interpellée jeudi matin, avant de passer à l'action : « Ils m'ont dit leur ras-le-bol des vols et des excréments partout. J'ai interpellé la police et le bailleur de cette cité qui est quasiment vide car elle va être démolie », explique-t-elle. L'élue dit avoir appelé la police dès qu'elle a été informée des événements : « Elle m'a répondu que désormais, elle ne pouvait pas intervenir sans autorisation du préfet. » Un contre-temps qui expliquerait l'arrivée tardive des forces de l'ordre sur les lieux : « C'est quand la situation menaçait de dégénérer parce que les riverains voulaient faire partir les Roms que la police est venue, sans doute appelée par les Roms eux-mêmes. C'est la police qui a fait partir les Roms car ils étaient en situation dangereuse », explique-t-elle.

« Cela se reproduira », n'hésite pas à affirmer Samia Ghali. Comme Cendrine Labaume de Médecins du monde, elle se souvient des précédents. Notamment d'une « véritable chasse aux Roms » dans le 15e arrondissement de Marseille, il y a un an. Les habitants d'un campement situé à proximité d'une école étaient alors soupçonnés d'enlever des enfants pour faire du trafic d'organes. 

L'élue réclame une action rapide du maire de Marseille, qui doit donner des terrains aux Roms, « mais pas au milieu des cités. Les habitants de ces quartiers sont en difficulté. Ils ne veulent pas qu'on leur en rajoute ».

La préfecture des Bouches-du-Rhône, quant à elle, a diffusé ce vendredi matin un communiqué pour le moins alambiqué dont voici un large extrait : « Vers 19 heures, les forces de police saisies par un riverain et un membre de la communauté Roms sont intervenues sur un différend opposant un groupe d'une trentaine de personnes résidant dans le quartier des Créneaux (Saint-Louis, 15ème), dont une majorité de jeunes et les occupants d'un campement illicite, issus de la communauté Roms. Les forces de police se sont déplacées très rapidement sur les lieux et se sont interposées pour éviter tout incident. Aucune violence n'a été constatée sur place, ni plainte déposée à ce stade. Les occupants du campement (40 adultes et 15 enfants), ont indiqué spontanément vouloir quitter les lieux, ce qu'ils ont fait sans délai sous la protection policière, abandonnant sur place les logements de fortune, ainsi que leurs détritus et divers meubles et encombrants. Vers 22 heures, la salle de commandement de la DDSP a été informée d’ un incendie déclaré dans le 15ème arrondissement. Un équipage dépêché sur place constatait qu'une surface d’environ 5 m2 sur l’emprise du campement abandonné présente les traces d'un incendie et comporte une carcasse de réfrigérateur et divers encombrants calcinés. Il est à noter que les services d'incendie (BMPM) n'ont été saisis d’aucune demande d’intervention. »

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