LE MONDE | 02.04.2012 à 13h52 • Mis à jour le 02.04.2012 à 14h07
Par Service International
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Une grève générale en Espagne, un gouvernement qui tangue en Italie, des manifestations au Portugal et en Grèce : les réformes du marché du travail décidées dans les pays placés sous assistance financière internationale ou menacés de l'être ne passent pas sans mal dans la zone euro. Après les réformes des retraites, conduites sans trop de tensions sociales, la volonté des Etats de revisiter un second pilier du modèle social européen inquiète.
Depuis le déclenchement de la crise, l'Estonie, la Slovaquie ou la République tchèque ont assoupli leur marché du travail. Les réformes engagées dans les quatre pays du Sud ont la particularité d'avoir été demandées par leurs bailleurs de fonds actuels ou potentiels, le Fonds monétaire international (FMI) et les institutions de l'Union européenne.
Espagne : la réforme entrée en vigueur le 12 février facilite et rend les licenciements moins coûteux pour les entreprises, leur permet de baisser les salaires dans certains cas et réduit le poids des syndicats dans les négociations collectives et les plans sociaux. Elle impose plus de flexibilité aux salariés dans leurs attributions et leurs horaires. Selon le gouvernement, la réforme doit rassurer les chefs d'entreprise hésitant à embaucher et augmenter la compétitivité de l'économie espagnole. Pour les syndicats, elle démolit les acquis sociaux et fait déjà grimper le chômage.
Italie : après avoir repoussé l'âge de la retraite et libéralisé certains secteurs de l'économie, le président du conseil, Mario Monti, pensait que la réforme du marché du travail passerait, comme les autres, entre indifférence et résignation. Mais la mise en cause de l'article 18 du code du travail, véritable totem de la gauche, a soulevé un début de tempête et poussé les trois principaux syndicats à prévoir une manifestation commune le 13 avril. Cet article, qui concerne les entreprises de plus de quinze salariés, interdit les licenciements "sans juste cause". La réforme, qui doit être adoptée avant l'été, rend plus coûteux, en contrepartie, le recours à des emplois temporaires.
Grèce : le nouveau mémorandum, signé mi-février, avec la "troïka" (Commission, BCE, FMI) impose une baisse de 20 % du salaire minimum et prévoit une renégociation des accords de branche, qui devrait entraîner une baisse de la plupart des salaires. Le gouvernement de l'ancien premier ministre Georges Papandréou avait permis que des accords d'entreprise permettent des salaires inférieurs à ceux des accords de branche.
La durée de préavis pour les licenciements a été réduite, et la durée maximale des contrats à durée déterminée est passée à trois ans, tout comme le recours au travail intérimaire. Les salariés des entreprises publiques ont vu leurs salaires réduits et leur durée de travail augmentée d'une heure. Ils ne sont plus à l'abri des licenciements.
Portugal : la réforme du code du travail, annoncée début février par le gouvernement, a été adoptée vendredi 30 mars par le Parlement. Le projet de loi divise les syndicats et a été à l'origine d'une grève générale le 22 mars. Le texte assouplit les conditions de licenciement et de recours au chômage partiel ; il crée des "banques d'heures", qui doivent permettre d'allonger le temps de travail sans coût supplémentaire pour l'entreprise ; il prévoit la suppression de trois jours de congés payés et de trois ou quatre jours fériés.
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