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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 14:37

LEMONDE.FR | 09.03.12 | 11h21   •  Mis à jour le 09.03.12 | 15h39

 
 

 

 diminueraient leur risque d'attaque cardiaque et cérébrale de 24 % et de 13 % respectivement, comparativement à des personnes qui n'ont jamais reçu ces soins dentaires.

diminueraient leur risque d'attaque cardiaque et cérébrale de 24 % et de 13 % respectivement, comparativement à des personnes qui n'ont jamais reçu ces soins dentaires.AFP/DIDIER PALLAGES

Report des soins, aller-retour en Hongrie ou en Roumanie…, face à un devis élevé, voire inabordable, présenté pour une prothèse dentaire, chacun a sa façon de faire. Mais les prix pratiqués par les chirurgiens-dentistes et les faibles remboursements de l'Assurance-maladie et des complémentaires de santé irritent fortement. Tous ces parcours font suite à un appel à témoignages sur le renoncement aux soins lancé sur LeMonde.fr à l'automne 2011. La question des frais dentaires avait clairement émergé des nombreuses réponses alors reçues.

  • Plutôt rien qu'un dentier

Cela fait quatre ans qu'Eric (prénom d'emprunt), professeur des écoles dans le sud de la France, doit se faire poser cinq dents sur pivot. "A gauche, j'ai ma prémolaire, et plus rien après, je risque un déchaussement", détaille-t-il. Il a vite compris que c'était "un luxe". La facture est inabordable : 12 500 euros... dont 10 500 à sa charge. Il est divorcé, a deux enfants à charge, et une maison à payer. "Cela faisait 2 500 euros par dents, bien plus que ce que je gagne par mois." Il a fait faire plusieurs devis, croyant à une plaisanterie en découvrant le premier. C'était toujours les mêmes prix. Il a voulu se faire poser une seule dent, on lui a dit que cela ne tiendrait pas, qu'il fallait faire la rangée.

Une autre solution a été présentée : un dentier. Mais Eric n'a pas pu se résoudre poser chaque soir un appareil dans un verre". "J'ai préféré un trou que la honte. Un dentier, ça passe à 90 ans, pas à moins de 40." La décision a donc été prise : "Renoncer à ces soins et continuer avec ma bouche édentée"... , du moins "tant que cela n'est pas trop grave". Pour lui, "les tarifs des chirurgiens-dentistes, c'est du délire complet. Quelle belle société ! Quelqu'un qui a fait des études et toujours travaillé n'a même plus les moyens de se faire soigner". Autour de chez lui, il n'y a plus d'ophtalmo en secteur 1, cela fait plus de dix ans qu'il n'a pas fait contrôler sa vue.

  • D'accord pour jouer le cobaye

L'addition est lourde pour la famille G., qui habite dans le sud-est de la France. Bertrand, 34 ans, technicien, a besoin de se faire poser deux couronnes et deux implants depuis trois ans. Sa femme, trois couronnes depuis deux ans (elle vient d'en faire poser une). Sur le devis, les prix qui se sont affichés ont été jugés trop élevés : 3 500 euros pour les implants, et 465 par couronne. Ils ont trois enfants, et à eux deux, gagnent 2 300 euros : "juste assez et pas trop", commente le jeune homme. Après s'être renseigné sur les remboursements de la Sécu et de sa mutuelle, il a vite vu qu'il ne pourrait pas engager de tels frais. Mais son dentiste, qui lui-même ne pose pas de prothèses, lui a dit : "à ce jour, seuls les implants sont envisageables"... "Et bien, je reste édenté, en attendant des jours meilleurs", résume-t-il, précisant que ce n'est pas gênant d'un point de vue esthétique, puisque qu'il s'agit de molaires. Finalement, Bertrand s'est dit qu'il fallait bien que les étudiants chirurgiens-dentistes "s'entraînent sur des cobayes". Pourquoi pas sur lui ? Il a envoyé son dossier à la faculté de Lyon, ne sait pas encore combien cela va lui coûter, mais son dentiste lui a dit que ce serait moins cher.

  • Un vieil appareil rafistolé

Véronique F. (le prénom a été changé) s'est cassée une dent de devant en mangeant. C'était il y a deux ans. Cette dent était déjà abîmée, mais elle n'avait – déjà– pas eu les moyens de poser une couronne. Cette fois, avec un trou si mal placé, il a bien fallu trouver une solution. Il y en avait pour "pratiquement 3 000 euros". Inenvisageable. Mais inenvisageable pour elle aussi d'aller travailler ainsi. En attendant, son dentiste lui a "rafistolé un vieil appareil dentaire pour être présentable". Elle l'avait depuis quinze ans, et ne le portait pas – elle n'en voyait pas l'utilité puisque c'était pour des molaires. C'était ça ou un emprunt auprès de sa banque.

Il y a an, elle a fait faire un autre devis "chez un dentiste mutualiste". La facture était moins chère, 1 400 euros, dont 1 000 de sa poche. Mais sa voiture est tombée en panne. Véronique en a besoin pour aller travailler. Elle est aide à domicile à temps partiel, fait aussi quelques heures de ménage dans des entreprises et du soutien scolaire. Elle touche un peu plus de 600 euros par mois. Si on ajoute les allocations qu'elle touche, sa fille et elle vivent avec 800 euros. L'appareil bricolé lui a coûté "dans les 100 euros". "C'est comme un outil de travail", résume-t-elle. Elle vit dans l'angoisse qu'il casse. "Je ne le mets que pour aller à l'extérieur, pour être présentable, et je l'enlève toujours pour manger."

  Avec toutes ses dents en moins, à 49 ans, elle s'est habituée à manger des purées et du steak haché. Son dentiste l'a prévenue qu'elle risquait d'avoir des problèmes de digestion. Véronique espère pouvoir rajouter peu à peu de nouvelles dents à l'appareil. Si elle a tenu à témoigner, ce n'est pas pour "jouer les victimes", tient-elle à préciser, mais parce qu'elle a discuté du sujet avec bien des personnes : "Elles ont les mêmes soucis, je sais que mon cas n'est pas unique." Elle n'a pas demandé la CMU-C – "une question d'honneur" selon elle –, et paye 65 euros de mutuelles par mois pour "un contrat de base qui prend en charge l'hôpital, le médecin et les médicaments, mais qui n'est pas terrible pour les dents". "Faudrait payer beaucoup plus pour être bien remboursée", dit-elle. Elle ne peut pas. "Je ne comprends pas pourquoi de tels prix sont pratiqués ", finit-elle par lâcher.

  • Deux aller-retour en Roumanie

Avec plus de 4 000 euros nets par mois, Christian Prado a de quoi vivre. Mais il a aussi beaucoup de dents à remplacer... Il y a d'abord "un bridge en fin de vie", avec trois dents concernées par la pose d'un implant (1 400 euros) et d'une couronne (600 euros). Et puis deux autres, voire trois, de l'autre côté, à force d'avoir laissé traîner et mangé toujours du même côté, ont été fragilisés. Il fallait arracher. L'informaticien a examiné le devis, qui s'élevait à 12 000 euros, a calculé ce qui resterait à sa charge – 7200 euros– et s'est dit qu'il avait certes les moyens financiers pour éviter de se faire poser un dentier, mais pas le budget à ce moment-là pour suivre le parcours classique. Il a donc cherché une alternative. Il a questionné un autre praticien que le sien, s'est tourné vers sa mutuelle aussi, mais n'a pas trouvé de solution moins chère.

"C'est l'omerta en France ", juge-t-il. Il s'est ensuite tourné vers Internet. Il avait entendu parler de la Hongrie, avait des liens en Tunisie, mais il craignait d'avoir un problème post-opératoire une fois rentré. Finalement, il a trouvé un dentiste français qui opère en Roumanie, et exerce en France. Une première opération a eu lieu fin 2011. Une deuxième est prévue en juin. A sa charge, voyages compris, il restera 3 750 euros. "Cela reste un montant, mais la différence de prix a accéléré ma décision", explique-t-il.

  • Plus qu'un mois de salaire

Dans le couple, tout deux auraient besoin d'engager de gros frais dentaires. Lui risque une infection s'il ne change pas un bridge abîmé par le retrait des dents de sagesse, suite à deux gingivectomies. Elle a un appareil à refaire et des dents "qui s'en vont". Mais rien ne sera entrepris, explique Mireille Allaigre. Les calculs sont vite faits, il y en a pour 3 500 euros pour son mari, dont 1 500 euros à sa charge, soit "un mois de salaire". Pour elle, 2 500 euros, dont 1 200 de sa poche. Soit 2 700 euros pour les deux.

Ils gagnent environ 2 100 euros par mois à deux, et ont un enfant à charge. Après une longue période de chômage, Mireille a retrouvé du travail en juin 2011 pour un an à mi-temps, et devra bientôt à nouveau chercher. Mais à 54 ans, elle sait que ce sera difficile. Comment mettre autant de côté dans cette situation ? Il faudra donc encore attendre. Mais "la pilule est un peu dure à avaler" : "On cotise, on paye une mutuelle, mais on ne peut pas se soigner", s'énerve-t-elle. Le montant de la cotisation à leur complémentaire s'élève à 122,56 euros par mois. "On paye des assurances pour rien, ça sert à ceux qui ont du fric", résume-t-elle.

 

>>> Lire l'article "Les soins dentaires sont devenus inaccessibles" et "A Lyon, l'ouverture de cabinets low cost dérange".


Laetitia Clavreul

 


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