Le Monde.fr avec AFP | 04.05.2012 à 15h59 • Mis à jour le 04.05.2012 à 16h13
/http%3A%2F%2Fs2.lemde.fr%2Fimage%2F2012%2F05%2F04%2F540x270%2F1696075_3_eea2_des-milliers-d-egyptiens-sont-descendus-dans_b43c2d1aefbf4da096636cfbe16777d8.jpg)
Après les affrontements meurtriers de mercredi près du ministère de la défense, des milliers d'Egyptiens sont descendus dans les rues du Caire et d'Alexandrie vendredi 4 mai pour protester contre l'armée au pouvoir.
Au Caire, les manifestants se sont rassemblés sur la place Tahrir dans le centre-ville, ainsi qu'un peu plus loin, dans le quartier d'Abbassiya, à proximité du ministère. L'armée, qui a fermement mis en garde, jeudi, contre toute menace des bâtiments militaires, a déployé des troupes et installé des barrages de barbelés pour protéger le bâtiment. Ces manifestations sont soutenues par plusieurs mouvements pro-démocratie ainsi que par des organisations islamistes comme les Frères musulmans, première force politique du pays. Une manifestation a également eu lieu à Alexandrie, au nord du pays, deuxième ville du pays et fief islamiste.
L'Egypte a déjà connu de nombreuses manifestations, parfois meurtrières, contre le pouvoir militaire depuis la chute de M. Moubarak en février 2011 et la prise de contrôle du pays par le Conseil suprême des forces armées (CSFA). Mercredi, des affrontements entre des manifestants réunis à proximité du ministère de la défense et des assaillants en civil ont fait 9 morts selon les autorités, 20 selon des sources médicales.
Voir : "Egypte : des affrontements au Caire font 20 morts"
POUR DES ÉLECTIONS "100 % HONNÊTES"
De nombreux manifestants venus défiler vendredi exprimaient la crainte de voir l'armée manipuler l'élection présidentielle historique dont le premier tour est prévu les 23 et 24 mai. "Nous ne voulons plus du CSFA, nous ne lui faisons pas confiance, il suit l'exemple de Moubarak", affirmait Mohammed Badawi, membre de la "Coalition des jeunes de la révolution", venu de la ville d'Ismaïliya, sur le canal de Suez, pour manifester dans la capitale.
Un manifestant originaire de Mansourah, dans le delta du Nil, Ahmed Gamal, redoute de voir les élections "truquées". "Après la révolution, nous aurions dû avoir une commission électorale intègre. A la place, nous en avons une corrompue", affirme-t-il. Sur les 23 candidats à l'élection, seuls 13 ont vu leur dossier de candidature validé.
Le CSFA, qui dirige le pays, a promis jeudi que cette élection serait à "100 % honnête et transparente" et rappelé son engagement de revenir à un pouvoir civil avant la fin juin, dès que le nouveau chef de l'Etat aura été élu. "Nous sommes engagés à assurer des élections 100 % honnêtes, a déclaré le général Mohammed Al-Assar, membre du conseil militaire, lors d'une conférence de presse. La transparence de l'élection ne fait pas de doute." "Nous ne soutenons aucun candidat", a-t-il aussi déclaré, en assurant "qu'il n'y aura pas de falsification de la volonté du peuple de nouveau", en allusion aux pratiques en cours sous le régime d'Hosni Moubarak.
Deux des principaux candidats sont des anciens du régime dictatorial : l'ex-ministre des affaires étrangères et ancien chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, et le dernier premier ministre du régime déchu, Ahmad Chafiq. Le camp islamiste est principalement représenté par un candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, et un dissident de la confrérie, Abdel Moneim Aboul Foutouh, soutenu par un large éventail politique allant des salafistes à des jeunes militants pro-démocratie.