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4 novembre 2011 5 04 /11 /novembre /2011 13:11

Jean Quatremer- Libération

vendredi 04 novembre 2011

IMG-20111104-00706Scène de genre, cette nuit à Cannes. Un groupe de six journalistes sort de l’hôtel Majestic après un briefing off avec la délégation française et le Président de la République, Nicolas Sarkozy. La réunion dure une heure et se termine vers minuit quarante-cinq avec l’arrivée de la Chancelière allemande, Angela Merkel, qui loge dans le même hôtel. Les deux responsables devisent gaiement et montent rapidement dans leur chambre respective. Je m’attarde à l’extérieur avec Arnaud Leparmentier du Monde et un des lecteurs des Coulisses de Bruxelles croisé par hasard. Il représente une religion et sort d’une autre réunion. Nous rentrons tous les trois vers nos hôtels respectifs en marchant le long de la croisette. Sur un coup de folie, nous décidons de traverser pour aller voir la mer que nous n’avons pas encore pu apercevoir après 48 heures, l’accès en étant interdits par les forces de l’ordre. On n’aurait pas dû. Trois policiers de la CRS 21, dans le genre pas commode et service-service nous stoppent immédiatement : « Messieurs, vos badges ». « Ah, mais vous n’avez rien à faire en zone 1 », c'est-à-dire le bord de mer, celle réservée aux délégations officielles. Du moins les journalistes :  nous ne pouvons accéder qu’à la zone 2 et au centre de presse, c’est-à-dire loin des délégations officielles. Sidérés, Leparmentier et moi-même nous découvrons que le représentant de l’une des grandes religions européennes, lui, a un badge zone 1 et est libre de se balader où il veut.

 

Nous expliquons que nous revenons d’une rencontre avec le Président et que nous voulons juste voir la mer. Les policiers, méfiants et à peine aimables, refusent de nous laisser passer, car manifestement ils craignent que nous fassions sauter la mer (nous avons été scannés avant d’entrer dans la zone 1, je vous rassure). Les pandores interrogent leur hiérarchie pour savoir si nous pouvons regarder la mer, après avoir relevé nos identités et vérifier que nous ne leur racontons pas d’histoire. La réponse tombe vite : pas question de nous laisser approcher de la plage, sait-on jamais. Nous devons évacuer fissa. Les instructions sont les instructions : même pas question de nous accompagner sur cinq mètres pour voir la mer. Les policiers menacent même de nous arrêter si nous insistons (et j'insiste).

IMG-20111104-00703Dépités, nous poursuivons notre chemin sur la croisette, le long des immeubles, car le long de la mer, les journalistes représentent des dangers clairs et immédiats. Une centaine de mètres plus loin, un barrage de six policiers nous attend, spécialement déployé pour stopper les dangereux terroristes que nous sommes. Nous sommes évacués vers la zone 2. Ah mais ! Une efficacité policière digne d’éloges qui fait douter de la véracité des récits sur les banlieues incontrôlables… "Vous avez qu'à en parler au président si vous n'êtes pas contents", nous lance un CRS.

L’histoire est intéressante en ce qu’elle est révélatrice de la façon dont le pouvoir considère la presse : car il ne s’agit absolument pas d’assurer la sécurité des délégations. Nous ne représentons pas un danger, pas plus que notre lobbyiste amical. Mais lui, il a le droit de rencontrer les délégations en zone 1, librement. Les journalistes surtout pas. Ils ont seulement droit à la salle de presse où ils ne peuvent voir personne (suivre un G20 ne représente vraiment aucun intérêt : les dépêches sont largement suffisantes). Comme cela l’information est étroitement contrôlée : pas de risque qu’un bavard se laisse aller à une confidence hors du contrôle de l’Élysée. La presse est simplement tolérée afin qu’elle reproduise les communiqués officiels et les mises en scène qu’on organise pour elle : par exemple, la conférence de presse de jeudi matin de Barack Obama et de Nicolas Sarkozy n’était accessible qu’à un « pool » de journalistes soigneusement choisis. Le bon peuple, lui-même soigneusement tenu à l’écart des grands de ce monde, n’aura ainsi connaissance que d’une ombre de la réalité. Les journalistes, on les parque, on les coupe d’accès aux sources et, parfois, on les met sur écoute. Pour le bien de la démocratie, j'imagine.

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