Source : www.rue89.com
Les ministres Zafer Caglayan (Economie), Muammer Güler (Intérieur) et Egemen Bagis (Europe) (AP/SIPA)
L’AKP, parti islamo-conservateur turc du Premier ministre Recep Erdogan, est ébranlé par un vaste scandale de corruption. Les fils des ministres de l’Intérieur, et de l’Economie ainsi que 24 personnalités importantes du pays, dont le PDG de la banque publique Halkbank, ont été placés en détention préventive ce week-end.
Ils sont soupçonnés d’avoir participé à un réseau de blanchiment et de transactions financières illégales de grande ampleur. Muammer Güler, le ministre de l’Intérieur, et Zafer Caglayan, son homologue à l’Economie, ont été contraints de démissionner. Ce mercredi matin, le ministre turc de l’Environnement, Erdogan Bayraktar, a lui aussi annoncé sa démission et a demandé au Premier Ministre Erdogan de faire de même.
Une police trop indépendante
Mais cette opération anti-corruption pourrait se retourner contre les enquêteurs. Erdogan a exigé la tête d’une cinquantaine d’officiers de police, dont le préfet de police d’Istanbul, Hüseyin Capkin, accusés d’avoir « abusé de leur pouvoir ». Et coupables, en fait, de ne pas avoir prévenu le pouvoir politique des avancées des investigations.
Les hommes à l’origine du scandale sont désormais identifiés comme des ennemis du parti en place. Erdogan dénonce même un complot venu de Turquie et de l’étranger et destiné à faire tomber son gouvernement.
Au moment de son élection en 2007, le gouvernement d’Erdogan avait pourtant érigé la lutte contre la corruption en priorité nationale.
Six ans après les promesses, les plus hauts fonctionnaires du pays sont soupçonnés d’avoir touché des pot de vins dans un trafic « or contre gaz », avec l’Iran. Des sommes astronomiques qui auraient été versées pour « fluidifier » le commerce entre les deux pays, dans un contexte d’embargo international contre la République islamique.
Erdogan dévoilera dans la semaine la composition de son nouveau gouvernement. A quatre mois des municipales, ce remaniement ne suffira peut-être pas à calmer la grogne contre l’AKP, déjà déstabilisé par les manifestations massives de la jeunesse turque en juin.
Le Premier ministre, au pouvoir depuis plus de dix ans, devra aussi regagner en crédibilité auprès des membres de l’AKP. Son propre parti est en effet divisé en son sein par l’ascension du prédicateur musulman Fetullah Gülen, considéré comme une menace sérieuse du pouvoir autocratique d’Erdogan.
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