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Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes

Coopératives et financement participatif: un remède à la crise ?

 

Source : www.marianne.net

 

 

Coopératives et financement participatif: un remède à la crise ?
Lundi 18 Août 2014 à 15:30

 

Bruno Rieth

 

Si l’exécutif manque cruellement d’imagination pour redresser le pays, les salariés français, eux, regorgent de créativité. Pour préserver leurs emplois ou retrouver une activité professionnelle après un licenciement, ils sont de plus en plus nombreux à se lancer dans la création de Sociétés coopératives et participatives (Scop). Certains vont jusqu’à actionner, dans le même temps, un autre levier : le financement participatif. Mais est-ce vraiment efficace ?

 

SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA
SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA

Née des combats ouvriers du XIXe siècle, la Scop, anciennement Société coopérative ouvrière de production, se porte bien. Selon les chiffres publiés par la Confédération générale des Scop, association nationale qui anime et coordonne le réseau des sociétés coopératives, l’année 2013 a même été un très bon cru. « La meilleure depuis six ans » selon Patrick Lenancker, président de la confédération. Un peu plus de 260 Scop et Scic (les Sociétés coopératives d’intérêt collectif) ont été créées. Au total, le réseau comptabilise, aux dernières nouvelles, 2 252 coopératives adhérentes, ce qui représenterait 45 000 salariés et un chiffre d’affaires consolidé de 3,9 milliards d’euros.
 
Une belle croissance sans doute due, en partie, à des cas très médiatiques. En effet, la coopérative a refait parler d’elle — et en bien — en 2012 lors de la mise en liquidation judiciaire de la compagnie maritime SeaFrance et le projet de la CFDT de reprise de l’entreprise sous la forme d’un Scop, une initiative alors soutenue par le gouvernement de Nicolas Sarkozy. Les ex de SeaFrance ont fini par se lancer à l’eau, en créant leur compagnie maritime, MyFerryLink, sous cette forme, pour continuer leur activité.
 
Mais au-delà du cas SeaFrance, les exemples de sauvetages ou de poursuites d’activité sont nombreux. Pourquoi un tel engouement ? D’abord, ce type de société résiste mieux à la crise que les entreprises traditionnelles. Selon l’Insee, le taux de pérennité à trois ans des Scop est de 76 % contre 65 % pour l’ensemble des entreprises françaises. Ce sont principalement les principes coopératifs qui permettent cette viabilité : l’implication — on comprend aisément pourquoi — des « co-entrepreneurs salariés » y est plus forte et, surtout, les réserves financières se révèlent plus solides. C’est l’atout majeur de la Scop puisque en moyenne 40 % des bénéfices — 16% statutairement obligatoire —sont mis en réserve, preuve que les Scop ont une vision à long terme… Le reste des bénéfices est redistribué aux salariés sous forme de participation et en intéressement, puis aux actionnaires en dividendes.
 
L’autre « spécificité », élevé au rang d’identité même de la Scop, se situe sur le plan de la démocratie interne. D’une part, quel que soit l’apport au capital, les associés (salarié ou simple actionnaire) possède tous une voix, principe résumé par la formule « une personne égale une voix » et les 65 % du droit de vote leur sont réservés. Autre aspect, les dirigeants de la société — forcément des salariés de l’entreprise — sont choisis pour un mandat d’une durée déterminée. Chaque année, une assemblée générale se tient durant laquelle l’état financier de la société, la stratégie et le projet d’entreprise sont collégialement débattus. En cas de grave désaccord, le gérant peut se voir retirer son mandat.
 
Mais la Scop qui se porte donc déjà comme un charme, s’offre aujourd’hui une seconde jeunesse avec le crowdfunding ou financement participatif. Le principe est simple : des sites internet mettent en avant des projets divers (cinéma, musique, association) que les internautes peuvent aider par des dons d’argent. Mais cette technique de financement sert aussi à aider des projets d’entreprises. Les salariés du groupe Nice-Matin, actuellement en redressement judiciaire, en sont la preuve. Les salariés, plutôt que d’attendre que le couperet de la guillotine ne s’abatte, ont décidé de lancer une levée de fonds par le biais du site de crowdfunding Ulule. Le but ? « Racheter nous-mêmes Nice Matin, en constituant une SCOP » annoncent-ils dans le descriptif de leur projet. Une première ?
 
Pas vraiment selon Mathieu Maire du Poset, directeur général adjoint d’Ulule. « Depuis le début de notre plateforme, on a toujours été convaincu que ce type de financement convenait à toutes sortes de projets, donc aussi à des projets d’entreprenariat. On soutient beaucoup de création d’activités, mais depuis un an environ, nous avons de plus en plus de projets de sauvegarde d’entreprises » explique-t-il. Le premier projet, médiatisé par l’équipe de Julien Courbet sur RTL, visait la préservation de la fonderie Correia, une entreprise familiale en difficulté après avoir réalisé plus de 8 000 accoudoirs pour le stade Allianz Rivera à Nice. Problème, le maître d’œuvre ne les a jamais payés. Grâce à la médiatisation de l’affaire, l’entreprise récolte 88 555 euros, ce qui lui permet de ne pas mettre la clé sous la porte.
 
Associer Scop et financement participatif semble « assez logique » pour le directeur général adjoint d’Ulule. « Depuis peu, on redécouvre ces mécanismes. Mais il ne faut pas imaginer que ce financement va permettre de se passer des banques » tempère-t-il. « Le crowdfunding nécessite une communauté de gens intéressés par le projet. Un projet de Scop mal ficelé ne marchera pas. Par contre, si la levée de fonds fonctionne bien, ce qui est le cas pour les salariés de Nice-Matin, cela peut faciliter les prêts nécessaires des banques. Cela veut dire que le projet est pertinent, qu’un certains nombre de personnes sont prêtes à mettre la main à la poche et qu’il y a donc une clientèle potentielle. Et ça, les investisseurs potentiels n’y sont pas indifférents » analyse-t-il. Pas une solution miracle donc, mais une alternative crédible si le projet est sérieux et cohérent. Voilà en tout cas qui peut permettre de rompre avec la morosité économique ambiante.

 

 

Source : www.marianne.net

 

 

 

 

 

 

 

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