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Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes

Consternante mission de la Ligue arabe en Syrie

| Par La rédaction de Mediapart

Moscou a jugé ce vendredi, selon un communiqué publié sur le site du ministère russe des Affaires étrangères, que les premiers commentaires fournis par les délégués de la Ligue arabe, en mission d'observation en Syrie, montrent que la situation est «rassurante» dans le pays après neuf mois de contestation contre Bachar al Assad. Le ministère précise que Moscou compte sur «le professionnalisme et l'impartialité» de l'équipe d'observateurs dépêchés par la Ligue arabe. La mission est conduite par le général soudanais Mohammed al-Dabi, dont ressurgit le passé fâcheux: il aurait participé à la création de milices au Darfour, à la fin des années 1990.

Âgé de 63 ans, ce général est un personnage central du système de sécurité soudanais. Nommé chef des services de renseignement le jour du coup d'État de 1989, il fut dès lors en première ligne de la lutte contre l'opposition interne, sous l'influence de l'idéologue islamiste Hassan al-Tourabi. C'est l'époque des prisons secrètes, des lieux de détention non répertoriés où les opposants sont torturés. Mohammed al-Dabi occupera ensuite plusieurs fonctions, dont l'une au Darfour, la province rebelle, théâtre d'une guerre ethnique qui a valu au président soudanais Omar el-Béchir, toujours en fonction, des inculpations de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide. Le fait que ce dernier soit passible de la Cour pénale internationale paraît avoir rassuré Bachar el-Assad sur les intentions de la Ligue arabe...

Chercheur au CNRS et spécialiste du Soudan, Marc Lavergne avait coordonné le groupe d'experts du Conseil de sécurité de l'ONU pour le Darfour en 2006. Pour RFI, il a relaté sa rencontre avec Mohammed al-Dabi: «Quand je l'ai connu au Soudan, il avait la fonction exactement inverse puisqu'il était chargé d'empêcher qu'on enquête sur les crimes contre l'humanité qui se déroulaient au Darfour. On a donc là quelqu'un qui passe lui-même pour un tortionnaire aux yeux des opposant soudanais. Ce monsieur a eu pour principales tâches au cours des années passées de combattre les rebelles du Darfour, mais aussi tous les opposants politiques, à Khartoum ou ailleurs dans le pays.»

Après la visite à Homs, berceau de la révolte populaire syrienne, le général Mohammed al-Dabi avait affirmé mercredi que la situation sur le terrain lui paraissait «rassurante». Cette prise de position avait provoqué une méfiance de la part des opposants mais aussi de la France qui avait noté que la brièveté de la visite accomplie par les observateurs ne leur permettait sans doute pas de se faire une idée précise de la réalité.

L'opposition syrienne affiche sa déception mais se garde bien de prononcer un jugement trop tranché sur l'initiative de la Ligue arabe. Celle-ci s'est donnée une semaine pour se faire une opinion sur la faisabilité d'une médiation. Le temps pour ses observateurs de convaincre l'opposition syrienne de leur indépendance sans pour autant indisposer le régime.

La Chine s'est, de son côté, félicitée jeudi de la mission «objective» de la Ligue arabe.

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