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14 septembre 2012 5 14 /09 /septembre /2012 17:40

 

 

 A-côtés 14/09/2012 à 19h31

Sophie Verney-Caillat | Journaliste Rue89

 

 

9 heures. Aux passants agacés par le filtrage, un policier lance : « C’est pour l’OCDE. » Son collègue rectifie : « Mais non, c’est pour le Cese » (le Conseil économique, social et environnemental, où se déroule la conférence). Le premier, l’air médusé, demande ce que c’est que ce truc, puis lance : « Bon, bref, c’est pour le Président. »

François Hollande est attendu deux heures plus tard.


Un SDF (Sophie Caillat/Rue89)

9h30. Les RG sont sur les dents. Les opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes sont venus en force (un car entier d’activistes, en plus des moutons et tracteurs postés sous la tour Eiffel), les militants anti-gaz de schiste sont montés d’Ardèche, Greenpeace a sorti ses banderoles.

Quelques anarchistes isolés croisent le chemin de la ministre du Logement et de l’Egalité des territoires, Cécile Duflot. « Foutez le camp de ce gouvernement », lui lance un botaniste à la retraite, devant notre petite caméra.

 

 

Un groupe de SDF est blotti sur une bouche d’aération. Eux n’ont pas été déplacés par les RG. « Ceux-là, on les connaît bien », glisse un policier.

Les activistes bretons, moins. Il y a pourtant Dominique Loquais, l’auteur d’une chanson sur Notre-Dame-des-Landes, qui reprend du service trente ans après la victoire sur le plateau du le Larzac (il avait composé à l’époque « Notre Terre servira à la vie »).

 

 

Chanson contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

10 heures. Jean-François Julliard, le directeur de Greenpeace, se pose la question : « Est-ce une bonne idée d’y participer ? »

Il est venu avec Yannick Rousselet, figure de l’ONG, qui n’aura pas le droit à la parole mais jouera le rôle de « souffleur ».


Yannick Rousselet et Jean-François Julliard (Sophie Caillat/Rue89)

Julliard fait ses calculs :

« On sera cent personnes. Si on passe sept heures autour de la table, ça fera 7 minutes de temps de parole sur les deux jours pour nous. »

11 heures. Le président de la République entre dans l’hémicycle du Cese, où l’attendent quatorze ministres…et les anciens ministres de l’Environnement. Au deuxième rang, une stature de madone attire notre attention. Figée dans sa veste bleu turquoise, Ségolène Royal, chargée de l’Environnement dans le gouvernement Bérégovoy, a le menton levé et le regard planté très loin.

Quarante-cinq minutes après le discours – que sa ministre Cécile Duflot qualifiera d’« historique » –, le Président s’apprête à repartir par la porte de derrière. Mais après une accolade avec son Premier ministre, il décide finalement d’aller serrer les mains des anciens ministres. Il évitera la bise à Ségolène Royal et le risque de tweets vengeurs de Valérie Trierweiler.

12 heures. Durant l’heure de pause prévue avant le début des tables rondes, les journalistes sont priés de rester derrière un cordon de sécurité. Plusieurs grappes de caméras et micros se forment, et les personnalités défilent en rang d’oignons. Ségolène Royal est contente de donner son avis.


Ségolène Royal pendant la pause (Sophie Caillat/Rue89)

C’est seulement en allant aux toilettes (ou fumer dehors) qu’on a la chance de croiser des participants à la conférence. J’y croise Karine Gavand, de Greenpeace, qui a trouvé le discours de François Hollande « ambigu et subtile » :

« Comment interpréter les phrases sur les gaz de schiste ? Dire que l’exploration est bloquée, c’est une question d’interprétation. Si Total a le droit d’explorer et qu’à la fin du quinquennat, il pourra éventuellement exploiter la ressource parce que la loi change, ce n’est pas un bon bilan. »

Son collègue François Chartier, spécialiste des océans à l’ONG, trouve « problématique d’avoir parlé biodiversité marine sans dire un mot sur les activités qui menacent la biodiversité, comme les forages offshore ».

12h30. Les « ONG du off », celles qui ne participent pas à la conférence environnementale, comme Sortir du nucléaire, m’invitent par SMS à un point presse devant le palais d’Iéna, où elles sont bloquées par la police depuis le matin. Une militante m’appelle au secours : « On ne peut même pas partir faire pipi. »

Dans la salle de presse du Cese, les journalistes sont entassés, dans un courant d’air et sans rien à manger. Les dépêches d’agence sont attendues sur les fils au plus vite, et je plains mes collègues qui s’arrachent les cheveux pour hiérarchiser les annonces du Président : « C’est un peu le retour de la taxe carbone en gros ? » (non), « La rénovation thermique, c’est pour les logements ? » (oui).

12h45. Je colle aux chaussures de Jean-François Julliard de Greenpeace, car je sais qu’il porte le badge vert permettant l’accès au grand buffet (pas moi). J’arrive à passer les barrages d’hôtesses au foulard vert vif.

Devant les crudités, je tombe sur des habitués de la maison. Les boissons ne sont pas à leur goût :

« Il n’y a pas de pinard, on ne pourra pas dire que la conférence environnementale est au même niveau que la conférence sociale. »

L’écologie serait-elle synonyme de sobriété forcée ?


Le buffet (Sophie Caillat/Rue89)

A la table des machines à café, c’est pire : les machines sont en self-service. Heureusement, les dosettes ne sont pas des Nespresso, et le café est étiqueté équitable.

13 heures. Stéphane Sitbon, qui fut « la maman d’Eva Joly » pendant la campagne, et conseille désormais Cécile Duflot, m’invite à comparer le discours du matin avec ceux de Chirac et de Sarkozy sur l’environnement, et me jure que « c’est celui où il y a le plus d’annonces ».

Le conseiller presse de Delphine Batho me fait un résumé tout aussi idéal :

« Ça se passe hyper bien, tout le monde est content. Dans le discours du “PR” [acronyme de président de la République pour les gens du milieu, comme le racontait très bien “L’Exercice de l’Etat”, ndlr], il y avait des annonces, de la vision, un cadre. »

Puis je le titille pour savoir si sa patronne arrive parfois à se mettre d’accord avec Arnaud Montebourg, son collègue du redressement productif :

« Je sais que les journalistes adoreraient faire leurs gros titres sur un clash au gouvernement, mais ce n’est pas possible, ils sont exactement sur la même ligne. Elle n’est pas plus écolo que Montebourg, ils sont tous les deux socialistes, pour la croissance et pas favorables à la sortie du nucléaire. »

13h15. Arrive Arnaud Montebourg, en retard pour s’asseoir à la table ronde « énergie ». Une élégante dame venue de Transylvanie l’interpelle et parvient à arrêter son pas pressé et à obtenir sa carte de visite.

Je me présente avant de lui poser une question, et il commence par un : « Aaaah ! C’est vous... Je vous ai repérée ! »

Je lui demande à quel propos, il m’explique que c’est sa boutade habituelle... Aux autres journalistes présentes, il lance des « Quel plaisir ! » ou « Ça fait au moins dix ans ». Puis on le questionne sur sa collègue Batho et le voilà qui clame :

« J’aime beaucoup Delphine, j’ai beaucoup d’admiration pour elle. Elle a tout mon soutien ! »

Puis sur les gaz de schiste :

« Le débat n’est pas interdit, mais il y a ce qui s’appelle des décisions politiques. »

16 heures. Des participants s’éclipsent des tables rondes pour faire des points presse improvisés. Benoît Hartmann, de France nature environnement, nous fait le bon décryptage des propos flous du ministre :

« Les gaz de schiste seront abordés dans le débat sur la transition énergétique. »

Voilà ce que Delphine Batho mettait dans l’expression « pas de tabou ». Le débat devrait durer tout l’automne.

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