Compte rendu d’action contre Monsanto, Trèbes 15.04.2013
Quelques Indignés de Nîmes ont participé, Lundi 15 Avril au petit matin, à une action des Faucheurs volontaires visant au harcèlement de Monsanto, la multinationale au dessus des lois.
A Trèbes, près de Carcassonne, une usine d'enrobage et de stockage de semences est en expansion accélérée. Classée Seveso II elle s’agrandit dans la désinformation la plus totale avec l'aide des élus locaux. Elle a déjà été occupée et visitée l'année dernière par les Faucheurs Volontaires et la Confédération Paysanne, révélant l'usage de pesticides avérés dangereux et le stockage de grains OGM, au mépris des quelques lois que la contestation populaire a pu réussir à arracher à nos représentants pourtant parfois si prompts à légiférer.
L'action visait cette année a obtenir des éclaircissements au sujet de la construction de gigantesques silos de stockage et à vérifier si les pratiques illégales de Monsanto se poursuivaient. Il était possible qu'une certaine opposition à l'envahissement des locaux se manifeste. Un lâcher de 200 rats avait donc été envisagé pour envahir symboliquement l'usine, il s'agissait d'un groupe de ces dangereux bestiaux qui viennent stupidement ruiner les plus belles réalisation technologique de l'homme, des cousins du rat de Fukushima, celui qui vient d'arrêter pendant plusieurs heures le refroidissement des réacteurs en ruines. C'était cependant cruel de les libérer là, en plein milieu des nécrotechnologies alors certains d'entre nous se sont simplement déguisés, cachés derrière des masques de rats en carton.
Nous étions surveillés et attendus : un dispositif policier s'est mis en place dans la nuit à l'intérieur et autour de l'usine. Il a pu nous empêcher de pénétrer sur le site proprement dit, mais il n'a pas pu empêcher une trentaine de militants de pénétrer sur le chantier de construction des silos tandis qu'une cinquantaine d'autres bloquaient dehors l'entrée de l'usine. Certains même trouvèrent des failles dans le dispositif et vinrent rejoindre ceux de l'intérieur qui avaient colonisé le toit d’un petit hangar séparant l’usine du chantier. Ni verre plein ni verre vide, personne n'ayant intérêt à l'affrontement, la situation s'est ainsi figée dans une certaine tension, chacun tentant de jouer maintenant sur ses atouts de communication extérieurs.
Pour Monsanto, déjà hors la loi l'année dernière, mais en passe, grâce à ses lobbies et aux récentes lois US, d'obtenir liberté de commerce dans toute l'Europe, il faut se montrer ouvert et aussi rassurant qu’un expert de Tepco. Une jeune femme arrive et, entourée de gardes mobiles, se présente comme directrice du site, elle n'est là que depuis quinze jours et ne sait pas tout encore, elle prend note de nos questions pour y répondre "en toute transparence", si nous pouvions revenir, prendre rendez-vous, oui bien sûr une visite complète serait alors éventuellement possible. Si ça traîne des pieds, l'heure n'est donc cependant pas au gazage et aux flash-balls bien que la menace reste concrètement sous jacente.
Nous, nous n'avons que nos mains (et notre langue) c'est très peu face aux robocops armés. Mais nous avons aussi l'opinion publique avec nous, encore sur le coup du 'scandale de la viande de cheval', dans un contexte politique 'sensible', un autre ministre du budget de la république s'étant encore fait prendre à confondre intérêt public et privé. Les autorités préfectorales savent aussi que Monsanto s'est à maintes reprises assis sur les lois et que c'est avec de bons arguments juridiques et scientifiques que les Faucheurs attaquent la multinationale. Ne pas réagir ou réprimer brutalement serait pour les politiques cautionner un peu trop ouvertement. Vas donc 'inspecter' Monsanto ordonne donc le Préfet à son sous chef de cabinet...Escortés d’une vingtaine de robocops, trois camarades ‘intérieurs’ vont rejoindre la délégation. Et nous de crier aux flics « attention, méfiez vous, ils sont dangereux, ils ne sont que trois ! ».
La police se montrera donc conciliante et, adossée comme aux Thermopyles à une usine stockant et traitant des tonnes de pesticides mortels prendra soin de la sécurité des quelques huluberlus déguisés en rats de laboratoire réfugiés sur le toit , à 2m50 de haut, comme sur le radeau de la Méduse ( au fait, le naufrage a eu lieu, plus la peine de l'attendre...) :
« Descendez de là, vous pourriez tomber et vous faire mal » nous disent-ils paternellement. A coté, sur le chantier, des résidus de désamiantage traînent dans des sacs éventrés. Le monde selon Monsanto...je n'invente rien, parole!
Par cette action pacifique tolérée car difficilement réprimable, les Faucheurs ont donc obtenus, après quelques tractations, qu'une délégation puissent visiter le site avec les autorités préfectorales chargées de faire respecter les lois. Il a fallu les 'tirer du lit', l'état ne gère plus que la guerre aux pauvres et le service des puissants.
L'inspection du site a révélé que les mêmes pratiques condamnées l'année dernière ont continué. Cette usine, de l'aveu même de la direction de Monsanto (qui "ne sait pas" s'il y en a en ce jour dans l'usine), sert toujours de centre de stockage pour des OGM qui sont distribués dans toute l'Europe, de la Pologne à l'Espagne, après enrobage au Poncho ou au Cruiser, pesticides qui ont décimé les abeilles et bien d'autres êtres vivants l'année dernière et toutes celles qui l'ont précédés depuis l'invention de l'agent Orange. Caché derrière la sacro sainte croissance et la liberté de circulation des marchandises (mais pas des humains) Monsanto se fout de nous.
Le but de ce jour était cependant atteint, la visite a eu lieu, nous pouvons partir. Des incidents autour de la captation et de l'usage des images sont 'pardonnés' par la Commandante de Gendarmerie et, pour qui utilise partout la 'vidéo protection' pour défendre les multi nationales qui se foutent du monde et traquer les pacifistes qui se soucient du bien commun, c'est bien généreux n’est-ce pas ? En retour, un Gandhi des Corbières ira lui cueillir quelques unes de ces si jolies fleurs jaunes qui poussent dans les recoins épargnés par les bulls. Moutarde jaune ou colza transgénique? Les botanistes en discutent, je vous l'assure. La Commandante elle, a rosie de plaisir, c'est d'époque le rose, Mr Valls sera content...la République est sauve.
Apprenant que de nouveaux affrontements avaient eu lieu à Notre Dame des Landes, nous sommes ensuite allés, par solidarité, bloquer l'entrée de la Mairie de Trèbes par un 'pique nique citoyen' plutôt festif et une autre délégation est allé questionner les élus sur leur absence de réactions à l'extension du site Monsanto. Bilan très clair, par collusion et/ou par bêtise, pour le prétexte ridicule d'une quarantaine d'emplois à prix d'ANI (mais pas pour tous) nos soi disant représentants encouragent Monsanto dans sa volonté hégémonique de contrôle du vivant et ferment les yeux sur des dangers qu'ils ignorent ou feignent de contrôler.
Les Indignés de Nîmes saluent le courage et la détermination des Faucheurs volontaires qui se battent pour un monde libre et vivant, entravant sans relâche depuis plus de dix ans la marche en avant des multi nationales de l'agro-business. Comme à la ZAD ou ailleurs, nous avons trouvés ici des êtres humains fraternels et généreux, lucides et déterminés, de simples personnes ayant leur vie de tous les jours à assurer, ni professionnels du spectacle, ni conseillers juridiques bardés de diplôme et rétribués grassement. Ils ne luttent pas pour leur pomme, ni pour la gloire, ils luttent pour le bien de tous. Leurs rêves ? Poser les armes, marcher dans la beauté, retourner tranquillement derrière leurs charrues et vivre heureux avec leurs voisins jusqu’à la fin de leurs jours.
La lutte est longue, dure, inégale. Elle n'est toujours pas gagnée et les Faucheurs ont besoin du soutien et de la participation de tous. Nous les remercions ici de nous avoir donné l'occasion d'exprimer concrètement notre soutien à ce combat vital. Nous répondrons de nouveau aux appels s'il se peut et encouragerons tous ceux qui le peuvent à le faire.
Après nous avoir traité, nous le peuple, comme des bourricots pendant des siècles, il nous a muté cobayes maintenant. Boursicoteur, empoisonneur et bétonneur le capitalisme vole, le capitalisme tue et emprisonne!
Ici comme ailleurs, peu importe le nombre, nous refusons de nous soumettre, nous créerons partout la résistance, nous sommes les 99%!
Indignez-vous, enragez-vous, révoltez-vous, la Terre est à tous et elle n'est pas à vendre!
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communiqué du journal l' Indépendant
Les militants anti-OGM qui s'étaient introduits tôt ce matin
sur le site Monsanto de Trèbes, près de Carcassonne, ont quitté les
lieux vers 12 h 30. Une délégation de quatre militants anti OGM avait
été admise à pénétrer dans l'usine deux heures plus tôt. Ils ont pu
effectuer une visite guidée des lieux en compagnie de représentants
de la direction et du directeur de cabinet du préfet.
Les Faucheurs Volontaires voulaient vérifier la présence sur
le site de pesticides mis en cause dans la mort des abeilles. Ils ont
en effet trouvé du 'Cruiser' et du 'Poncho'. Deux produits qui, bien
qu'interdits en France, restent tolérés sur certaines céréales.
Les militants n'ont pas découvert d'OGM, même si la
directrice du site leur a indiqué qu'il pouvait y en avoir puisque la
loi l'autorise.
En tout, une quinzaine de manifestants se sont perchés sur
le toit d'un hangar de l'usine, près de laquelle une centaine de
militants anti- OGM ont manifesté toute la matinée, dès 6 h 30 ce
lundi matin. Leur objectif était de protester contre le projet
d'extension de l'usine et de procéder, à l'intérieur, à une
"inspection citoyenne".
D'importantes forces de l'ordre se trouvaient déjà sur place à
leur arrivée, mais 8 d'entre eux ont réussi à pénétrer à l'intérieur
de l'usine en utilisant un passage dans le grillage. Ils ont alors
déployé une banderole dans l'usine alors que 60 à 80 militants
anti-OGM restaient à l'extérieur où ils bloquaient l'entrée des
ouvriers sur le chantier d'agrandissement de l'usine.
Spécialisée dans la production de l'OGM MON 810 jusqu'à sont
interdiction, l'usine du géant céréalier américain Monsanto de Trèbes
fait l'objet d'un projet d'investissement de 55 millions d'euros
pouvant déboucher sur la création de 40 emplois. Les riverains se
disent inquiets de ce projet.
Les activistes altermondialistes ont à nouveau signifié à la
direction, à l'issue de la visite, leur opposition à l'utilisation
d'OGM et de pesticides nuisibles aux abeilles.