C'est en janvier 2006 que la vie de Claude Thévenet, ancien de la DST devenu enquêteur privé, bascule dans l'enfer judiciaire, après une perquisition du fisc. Son officine travaille en direct pour la Direction des constructions navales internationales (DCNI), qui vend du matériel militaire sous le contrôle de l'Etat. On le soupçonne, derrière ses missions d'intelligence économique aux noms ronflants («Procuste», «Bonaparte»...), de facturer des prestations fictives. Lui affirme qu'il s'agit de protéger ses informateurs : il enquête à la confluence des affaires sensibles, des frégates de Taïwan aux sous-marins du Pakistan.
Six ans plus tard, l'ancien espion comparaît devant le tribunal correctionnel de Paris, à partir du 12 décembre prochain, en même temps qu'une brochette de cadres de la DCNI. C'est la partie émergée de l'iceberg des ventes d'armes françaises à l'export, dont le parquet semble avoir pris soin d'ignorer la face cachée. Comme si ces sociétés off-shore destinées à abriter l'argent de la corruption devaient rester hors d'atteinte au nom de l'intérêt supérieur de l'Etat. Certes, des poursuites ont été lancées, mais les juges ont été bien tenus durant toute leur instruction, comme si le parquet s'en voulait d'avoir ouvert les vannes.
Les comptes de la société Eurolux, pour ne parler que d'elle, ont été auscultés dans la limite du raisonnable, malgré la bonne volonté et la perspicacité de la police luxembourgeoise. Celle-ci précise dans l'un de ses rapports : «La DCNI transfère de fortes sommes d'argent vers le Luxembourg sur le compte de la société Heine ou de la société Eurolux dont le bénéficiaire économique est l'Etat français. Ces sociétés luxembourgeoises continuent [sic] l'argent vers des sociétés à l'île de Man. [...] Finalement, une partie des fonds qui sont passés par le Luxembourg revient en France pour le financement de campagnes politiques françaises. [...] Il faut se souvenir qu'une partie du "présent dossier" est classée "secret-défense" en France et que l'enquête se limite donc à certains faits.»
Six ans plus tard, l'ancien espion comparaît devant le tribunal correctionnel de Paris, à partir du 12 décembre prochain, en même temps qu'une brochette de cadres de la DCNI. C'est la partie émergée de l'iceberg des ventes d'armes françaises à l'export, dont le parquet semble avoir pris soin d'ignorer la face cachée. Comme si ces sociétés off-shore destinées à abriter l'argent de la corruption devaient rester hors d'atteinte au nom de l'intérêt supérieur de l'Etat. Certes, des poursuites ont été lancées, mais les juges ont été bien tenus durant toute leur instruction, comme si le parquet s'en voulait d'avoir ouvert les vannes.
Les comptes de la société Eurolux, pour ne parler que d'elle, ont été auscultés dans la limite du raisonnable, malgré la bonne volonté et la perspicacité de la police luxembourgeoise. Celle-ci précise dans l'un de ses rapports : «La DCNI transfère de fortes sommes d'argent vers le Luxembourg sur le compte de la société Heine ou de la société Eurolux dont le bénéficiaire économique est l'Etat français. Ces sociétés luxembourgeoises continuent [sic] l'argent vers des sociétés à l'île de Man. [...] Finalement, une partie des fonds qui sont passés par le Luxembourg revient en France pour le financement de campagnes politiques françaises. [...] Il faut se souvenir qu'une partie du "présent dossier" est classée "secret-défense" en France et que l'enquête se limite donc à certains faits.»
*Article publié dans le numéro 816 paru le 8 décembre 2012
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