Marianne - Laurent Pinsolle - Blogueur associé | Jeudi 29 Septembre 2011 à 18:00
En effet, si les collectivités locales ont dans un premier temps gagné de l’argent en empruntant à taux réduits, les variations extrêmement fortes des marchés financiers ont déclenché des surcotes extrêmement élevées pour certains emprunts, allant jusqu’à augmenter le coût de 30% pour certaines collectivités. C’est ainsi que la Seine Saint Denis se retrouve contrainte d’annuler la rénovation d’un collège du fait de l’augmentation de ses frais financiers.
L’augmentation du taux de change du franc suisse ou la baisse de la livre ont ainsi affecté le niveau des taux payés par les collectivités locales dans les montages complexes proposés par les cerveaux malades de Dexia aux dirigeants des collectivités locales ou d’établissements publics. Tout cela démontre une nouvelle fois les ravages de la financiarisation excessive de l’économie, dont les montages complexes servent surtout à empocher des primes juteuses en faisant prendre des risques à autrui.
Bien sûr, les dirigeants publics portent une part de responsabilités : ce sont eux qui ont signé ces contrats dont le coût a explosé. Et après tout, quand on signe un contrat, on est responsable de ce que l’on signe et il leur revenait de s’assurer que les économies qu’ils réalisaient de la sorte n’étaient pas équilibrées par une prise de risque excessive, contenue dans les petits caractères que devaient comprendre des contrats. Ils auraient du se dire qu’on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre.
Néanmoins, comme pour les crédits subprimes, ainsi que l’explique brillamment Paul Jorion, il y avait sans doute une grande asymétrie d’informations entre les banques qui ont proposé de tels prêts et les organismes qui les ont souscrit. De même que les banques ont fait n’importe quoi en prêtant dans des conditions délirantes à des ménages qui n’en avaient pas les moyens, mais en se protégeant contre leurs défauts, Dexia porte une lourde part de responsabilité.
Car qui peut croire que les personnes chargées de prendre ces décisions avaient les compétences pour évaluer en toute objectivité les risques et opportunités de tels prêts ? De même, qui peut croire que la banque a suffisamment prévenu ses clients des dangers de tels montages et les a suffisamment sensibilisé aux conséquences potentielles ? On imagine plutôt qu’elles ont au mieux minimisé les risques, ou qu’elles les ont délibérément passé sous silence.
Cet épisode démontre une nouvelle fois la folie de la financiarisation de nos économies. Mais il est extrêmement malheureux que les leçons ne soient pas tirées de ces épisodes. Pourquoi n’interdisons-nous pas ce type de prêts pour les collectivités locales et les établissements publics ?
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