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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 12:38

 

Le battle Rue89-Causeur 18/01/2012 à 23h42
Pascal Riché
Redchef Rue89Envoyer l'article par email
 

 

Claude Guéant le 2 décembre 2011, lors d'une conférence de presse au ministère de l'Intérieur (Gonzalo Fuentes/Reuters)

« Naturalisation » est un beau mot de notre langue. Issu du vocabulaire botanique, il désigne un processus « naturel », celui de l'acclimatation. L'idée étant que tout étranger vivant sur le territoire a naturellement vocation à devenir français. Que la France est une terre d'accueil, qu'elle a les bras ouverts. Et que les étrangers eux aussi ont droit à l'égalité.

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, lors de sa présentation des résultats de sa politique migratoire, le 10 janvier, a dégradé ce beau mot. Il lui a retiré son triple A, il en a fait une « nturlistion ». Comment ? En se réjouissant, chiffres à l'appui, d'en avoir réduit le nombre.

« Je signale que l'ensemble des actions conduites en 2010 et 2011 a conduit à une baisse de 30% des naturalisations en 2011. Le chiffre est passé de 94 500 en 2010 à 66 000 en 2011. »

Guéant se félicite du recul des naturalisations

Regardez donc, nous dit ainsi Guéant, comme nous savons dire « non » à tous ces gens qui demandaient à devenir des Français ! Dire « non »... un travail très compliqué. Et Claude Guéant promet d'aller plus loin encore, dans cette politique difficile, car la loi permet désormais d'exiger dès 2012 un niveau de français supérieur à celui qui était demandé jusque-là.

Une coloration policière et punitive

Rue89-Causeur, le battle : quinzième round

Chaque semaine pendant la campagne, Yahoo confronte les éditos de Rue89 et Causeur sur un même thème. Cette semaine, Pascal Riché contre Marc Cohen sur Claude Guéant et ses chiffres.

 

Le fait que la naturalisation soit passée, sous Sarkozy, dans le champ de compétences du ministère de l'Intérieur préparait déjà cette politique du chiffre. Depuis la monarchie, les naturalisations relevaient du ministre de la Justice : le « Garde des sceaux », celui qui veille symboliquement le « grand Sceau de la France ». Depuis le 1er juillet 2010, les préfets peuvent refuser un dossier de naturalisation, sur des critères qui varient forcément d'un département à l'autre. Dans les consignes, l'objectif n'est plus de naturaliser, mais de refuser de le faire. La politique de naturalisation prend une coloration policière et punitive. 

« Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, l'objectif n'est plus de favoriser les naturalisations mais de les freiner et de les sélectionner par l'origine », commente l'historien Patrick Weil, spécialiste de l'immigration, dans un livre collectif qu'il a dirigé, « 80 propositions qui ne coûtent pas 80 milliards » (éd. Grasset). Selon lui, on assiste ainsi à « une lente dénationalisation, une “désintégration” calculée de notre politique de la nationalité ».

Dans le bilan du sarkozysme, la politique vis-à-vis des étrangers restera comme la plus indigne de son quinquennat. Cela a commencé avec Brice Hortefeux, l'ami intime du Président, qui a le premier claironné des objectifs quantitatifs. Hortefeux ne cache pas aujourd'hui que ce chiffrage participait du « message » qu'il fallait alors lancer (en direction de l'électeur du Front national, bien sûr). Lorsque Nicolas Sarkozy par la suite fouettait ses ministres pour qu'ils participent au débat sur l'identité nationale, c'était aussi au nom du « message » : « Je veux du gros rouge qui tache ! » disait-il.

La naturalisation n'est plus une fête

Le « messager » a aujourd'hui le visage gargamélien de Claude Guéant, qui va plus loin encore que son prédécesseur, comme l'a montré sa volonté de s'en prendre aux diplômés étrangers dans une circulaire tellement scandaleuse qu'il a dû, face au tollé, reculer.

Au début de sa présentation sur les résultats de la politique concernant l'immigration et les naturalisations, Guéant a bien sûr récusé suivre une « politique du chiffre » : « Si nous voulons fixer des objectifs, il faut les quantifier », a-t-il argué. Mais l'ensemble de ses propos démentait son vertueux préambule. Une de ses phrases qui dit tout de cette obsession comptable :

« Notre politique ne se réduit pas à des chiffres, même quand à l'image de cette année 2011, j'y reviendrai dans un instant, ils sont très bons. »

Ces objectifs qu'il se fixe n'ont souvent pas de sens, sinon de battre le chiffre précédent. Une des premières choses que fait Guéant, en arrivant au ministère, est même de relever légèrement l'objectif annuel des « mesures d'éloignement » (expulsions, dans la novlangue du ministère) de 28 000 à 30 000. « Non pas par soucis de performance, mais parce que c'était nécessaire, vu la pression à laquelle nous sommes confrontés », précise-t-il. La pression, bien sûr...

Cette même approche du « record à battre » touche désormais l'accès à la nationalité française : faudra-t-il chaque année surpasser le nombre des refus ? La naturalisation n'est plus une fête, c'est une mesure de police.

 

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