La Troïka a rendu son verdict. En contrepartie d’un prêt de 10 milliards d’euros, les détenteurs chypriotes d’un compte épargne d’un montant supérieur à 100.000 euros se verront ponctionner de 47,5% de leurs économies. Une première en eurozone.
La Troïka a grand cœur, une ponction de 60% avait été envisagée, mais les experts de l’Eurogroupe et du FMI estiment que l’économie chypriote montre « des signes de stabilisation encourageants ».
Une stabilisation relative selon le Centre d’Etudes Economiques de l‘Université de Chypre qui n’exclut pas une détérioration à court terme de l’économie chypriote du fait de l’impact de la purge en cours. La récession pourrait ainsi se poursuivre jusqu’au premier trimestre 2014 au rythme de -5 à -6% par trimestre.
Les chypriotes titulaires d’un compte dans la Bank of Cyprus pourront toujours se consoler en se disant que la seconde banque du pays, Laiki, a été purement et simplement liquidée. Une mesure autrement plus radicale.
Les activités de Laiki (Banque populaire de Chypre) ont été restructurées entre « mauvaise banque » et « bonne banque ». La première a été désagrégée, et la seconde absorbée par Bank of Cyprus,. Tous les comptes supérieurs à 100.000 euros ont été prélevés et ramenés à ce montant.
Pourquoi avoir sauvé une banque pour sacrifier l’autre. Un journal chypriote avance une hypothèse. Selon un cabinet d’avocat indépendant, le président chyriote Nikos Anastasiadis serait le sixième actionnaire de la Banque de Chypre et possèderait 1,5% des parts de l’établissement. « Le gouvernement est en négociation avec la Troïka et les actionnaires doivent entériner les décisions du gouvernement. Un conflit d’intérêt évident quand on sait que le président doit prendre des décisions dans l’intérêt du peuple chypriote et sur l’avenir de la banque de Chypre » écrit le journal.
Dans un reportage, le journal portugais El Publico précise que « dans les deux banques, se trouvait aussi une grande partie du fonds de prévoyance des travailleurs. A Chypre, où l'allocation chômage n'est versée que durant 6 mois, de nombreux employeurs incitent leur personnel à cotiser sur ce fonds commun. Quand l'employé quitte l'entreprise, il perçoit le montant correspondant à ses cotisations : c'est une forme d'indemnisation ».
Démonstration que les travailleurs non détenteurs d’un compte supérieur à 100.000 pourraient bien eux aussi faire indirectement les frais de la ponction, même si le sort réservé à cette assurance chômage n’est pas encore connu.