Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
Le souci c'est que cette stratégie a précipité de nombreux pays dans la dépression et n'a rien résolu du tout ; car au fur et à mesure que les créances sont payées, l'activité économique décroit, souvent de manière plus que proportionnelle. Ainsi, il n'est pas rare que la dette diminue moins vite que ne disparaît l'activité économique. Schématiquement, plus le pays rembourse, plus sa situation économique se dégrade, et plus sa santé financière se précarise. Au lieu de résoudre le problème on l'aggrave.
Au final, le plan chypriote est le signe d'un vrai changement de paradigme. On commence à comprendre que ce ne sera pas par le remboursement des dettes que se réglera la crise européenne, mais par l'organisation d'une restructuration globale des dettes. Cette restructuration impliquera mécaniquement des pertes pour les créanciers, c'est à dire pour toute personne qui aura accumulé des stocks de créances et d'argent dans le système financier européen.
On peut donc s'attendre à ce que cette solution soit imitée, sans doute dans des modalités différentes. Si cela fait peur aux épargnant européens et les incite à dépenser leur argent, ce sera au bénéfice des flux économiques et de l'emploi. Si cela incite les États européens à contrôler plus sérieusement les mouvements financiers pour éviter la panique et l'exode de leur épargne nationale (comme on le voit actuellement à Chypre), ce sera aussi une très bonne chose. Si cela permet de résoudre la crise selon des modalités discutées, où l'on décide qui paie et combien, quels épargnants sont mis à contribution et selon quelle règles, alors ce ne pourra que renforcer le contrôle démocratique des forces économiques et ce sera aussi une très bonne chose. Enfin, si cela permet d'éviter l'absurde austérité actuelle, ce sera toujours ça de gagné pour tous ceux qui souffrent et qui sont victimes depuis cinq ans d'une crise dont ils ne sont pas responsables.
*David Cayla, Docteur en économie et Maître de conférence à l'Université d'Angers