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Source : www.mediapart.fr
La directrice du FMI appelle le gouvernement à « aller plus vite » dans « la réduction des dépenses publiques ».
La directrice du FMI, Christine Lagarde, a soutenu, dans une interview publiée lundi 8 septembre par Les Echos, la politique d’austérité menée en France en appelant le gouvernement à « garder le cap de la réduction des dépenses publiques ».
L’ancienne ministre de l’économie de Nicolas Sarkozy, récemment mise en examen pour « négligence » dans l’enquête sur l’arbitrage rendu en faveur de Bernard Tapie, estime même que la politique menée par Manuel Valls va dans le bon sens à la condition que « les réformes structurelles qui génèrent de la croissance sont réellement, rapidement et complètement mises en œuvre ». Christine Lagarde se « réjouit » d’ailleurs de la décision du gouvernement « d’avancer par voie d’ordonnance pour aller plus vite ».
La directrice du FMI revient également sur les critiques de plus en plus nombreuses vis-à-vis des politiques d’austérité menées en Europe. « Il s’agit d’un faux débat en ce moment. Cette année, la consolidation budgétaire dans la zone euro se limite à 0,3 % du PIB. On ne peut tout de même pas parler d’une politique d’austérité excessive menée dans la zone euro ! »
A lire sur le site des Echos.
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Source : www.marianne.net
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Source : www.lesechos.fr
Christine Lagarde (Directrice générale du Fonds monétaire international)
La croissance économique est à la fois trop faible, fragile et inégale. Elle est trop faible pour créer des emplois et les 200 millions de chômeurs dans le monde ne cessent de nous le rappeler. Nous sommes en train d’actualiser nos prévisions. La croissance mondiale devrait augmenter d’un petit 3 % cette année, entre 3 et 3,5 %. Cette croissance est également fragile, car les risques géopolitiques sont nombreux. La crise en Ukraine produit des effets secondaires sur la Russie et les pays d’immédiate proximité, notamment ceux appartenant à la chaîne de valeur allemande, et dont les liens commerciaux, énergétiques et financiers sont affectés à des degrés divers. Cet impact ne peut pas encore être quantifié précisément et dépend de la mise en œuvre d’un plan de paix. Les risques que fait peser la situation au Moyen-Orient sont tout aussi réels pour l’économie mondiale. La croissance est inégale, parce que certains pays redémarrent plus vite que d’autres. C’est le cas des Etats-Unis et du Royaume-Uni, notamment.
Il y a un deuxième risque qui contribue, lui, à l’instabilité financière : nous observons une valorisation très forte d’un certain nombre d’actifs. Je ne parle pas de bulle, mais le « Rapport sur la stabilité financière » semestriel que nous publierons le mois prochain évoquera la nécessité d’une attention requise et accrue de la part des superviseurs et des régulateurs. Les actions en Bourse ne sont pas les seules concernées. Je pense aussi à certaines émissions obligataires. Si, dans le même temps, certaines banques centrales décidaient de durcir leur politique monétaire plus brutalement ou rapidement que les marchés ne l’anticipent, le risque d’instabilité financière deviendrait réellement inquiétant. Nous ne sommes pas en situation d’alerte mais de veille très attentive. C’est pour cela que la communication très claire de Janet Yellen est si importante.
Je n’ai jamais utilisé le mot de déflation. Le FMI se contente d’évoquer une inflation durablement faible, voire très faible. Il y avait des raisons d’agir et elles ont été entendues. Le président de la Banque centrale européenne a annoncé des actions qui vont dans la bonne direction et qui vont notamment fluidifier les capacités de crédits aux entreprises. Ces mesures ont provoqué un effet de surprise, ce qui n’est pas une mauvaise chose, puisqu’elles ont entraîné une baisse de l’euro par rapport au dollar.
Nous ne pensons pas que l’euro soit surévalué par rapport au dollar. Sa valeur est compatible avec la balance des paiements de la zone euro. Pour autant, la direction qu’il prend aujourd’hui est de nature à encourager la reprise, et c’est une bonne chose !
La BCE fait beaucoup depuis deux ans. Nous saluons le fait qu’elle soit prête à recourir à des mesures non conventionnelles supplémentaires, si cela devenait nécessaire pour faire face au risque d’une période trop prolongée de faible inflation. Concernant le calendrier, nous alertons depuis des mois sur le risque d’une inflation excessivement basse.
Il s’agit d’un faux débat en ce moment. Cette année, la consolidation budgétaire dans la zone euro se limite à 0,3 % du PIB. On ne peut tout de même pas parler d’une politique d’austérité excessive menée dans la zone euro ! Beaucoup a déjà été accompli dans la zone euro et aujourd’hui le rythme de réduction de déficit budgétaire nous paraît approprié dans chaque pays.
Il ne s’agit pas de demander à l’économie allemande d’être moins compétitive, évidemment. Mais le pays dispose très probablement de marges de manœuvre budgétaires pour soutenir la reprise européenne et se propose de les utiliser. Nous pensons que des investissements publics et/ou privés pour financer des infrastructures seraient les bienvenus. Je ne parle pas de créer de nouvelles autoroutes, mais plutôt d’investissements de maintenance et d’entretien car, au cours des dernières années, l’Allemagne a très peu investi dans ses infrastructures de transport. Comme aux Etats-Unis, il y a un phénomène de dégradation des réseaux qui justifie parfaitement d’accroître les efforts. L’Allemagne prévoit d’y consacrer 0,2 % du PIB ces quatre prochaines années. Nous pensons qu’elle pourrait y consacrer 0,5 point de PIB supplémentaire par an sur quatre ans. Selon l’analyse du Fonds monétaire, l’Allemagne pourrait aussi concourir à la reprise européenne par davantage de distribution salariale. Cela permettrait aux consommateurs allemands d’alimenter la reprise. Compte tenu des conditions favorables du marché du travail, nous anticipons une dynamique salariale allant dans ce sens. Voilà des développements qui seraient de nature à soutenir l’activité en Europe.
Il faut garder le cap de la réduction des dépenses publiques. Même si l’inflation est plus faible que prévu, elle ne peut pas être utilisée comme un paravent pour reporter les efforts nécessaires sur la dépense. La conjoncture ne doit pas non plus justifier de nouvelles hausses d’impôts : si, en raison d’une croissance particulièrement faible, les revenus d’un Etat sont réduits, cela ne doit pas l’encourager à durcir la fiscalité pour atteindre un objectif nominal. Notons par ailleurs que le chemin de la consolidation budgétaire n’est pas redoutablement ardu. Si la réduction de la dépense publique est compensée en grande partie par des allégements fiscaux, comme la France l’envisage, l’effet sur la demande reste contenu.
Il faut utiliser trois axes : la politique monétaire, les réformes structurelles et la politique budgétaire. Nous avons déjà évoqué la politique monétaire de la BCE. La priorité est de réformer le marché des services, notamment d’ouvrir un certain nombre d’activités trop fermées ou trop protégées. La libéralisation des professions réglementées en France n’est pas forcément le chantier le plus facile à engager, mais je me félicite qu’il ait été ouvert. Il faut avant tout s’attaquer au carcan de la réglementation du travail – et je ne vise là pas seulement la France mais l’ensemble de la zone euro. Le seul pays qui progresse en la matière cette année, c’est l’Espagne. Elle a procédé à un certain nombre de réformes structurelles et cela commence à payer. Je ne place la politique budgétaire qu’en troisième position, car il s’agit dorénavant que le rythme annoncé de consolidation budgétaire soit respecté sous réserve des flexibilités que ménage le Pacte de stabilité et de croissance. L’effort, je le rappelle, est de 0,3 % de PIB en zone euro, car beaucoup a déjà été effectué, y compris par la France, d’ailleurs.
Ce n’est pas cela qui m’inquiète, si les réformes structurelles qui génèrent de la croissance sont réellement, rapidement et complètement mises en œuvre. Quand j’apprends que la France envisage d’avancer par voie d’ordonnance pour aller plus vite, je m’en réjouis. Tout ce qui est de nature à accélérer la mise en œuvre de vraies réformes de fond va dans la bonne direction. Maintenant, il faut « délivrer », comme disent les Américains, c’est-à-dire passer des paroles aux actes.
Nous ne pouvons mettre en œuvre la réforme sans le Congrès américain. Cette réforme a pourtant été voulue par l’ensemble des pays du G20, et même ardemment poussée par les Etats-Unis en son temps. Nous devions la mettre en œuvre avant 2012 mais les Américains sont en retard de deux ans. Il y a un phénomène de lassitude à l’égard des Etats-Unis, qui disposent d’un droit de veto sur les réformes de gouvernance actuelles. Et cette lassitude n’émane pas que des pays émergents, croyez-moi !
Le conseil d’administration du FMI représentant 188 pays m’a apporté un soutien total et sans équivoque. J’ai également reçu des messages chaleureux de la part de nombreux chefs d’Etat, ou de gouvernement, ainsi que d’anciens collègues. Si j’avais eu des doutes quant à ma capacité à assumer mes charges, ces marques de soutien les auraient dissipés et je suis totalement mobilisée pour accomplir ma mission à la tête du FMI. Mes avocats, eux, sont mobilisés pour actionner toutes les voies de recours.