Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 octobre 2014 1 13 /10 /octobre /2014 17:13

 

Source : www.reporterre.net

 

 

Choses vues au Testet

Hervé Kempf (Reporterre)

lundi 13 octobre 2014

 

 

Au Testet, les gendarmes habillés comme s’ils intervenaient en Irak montent la garde. Le chantier de destruction continue. Les zadistes sont fatigués, mais bien présents, et ne lâchent pas malgré la répression, tandis que la mobilisation grandit dans la région. Rendez-vous le 25 octobre pour une grande manifestation sur place.


- L’Isle-sur-Tarn, reportage

Je suis passé sur la Zad du Testet, dans le Tarn, jeudi 9 octobre. J’y suis resté quelques heures, accompagné de Ben Lefetey, du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, et de quelques autres opposants. Le soir, j’ai participé à un débat public au Café Plum, à Lautrec, à environ une heure de route du lieu du projet de barrage. Le bourg compte environ 1.700 habitants. Près de cent personnes se sont retrouvées dans le Café pour s’informer et discuter de Notre-Dame-des-Landes et du Testet.

On parvient au site par la départementale D 32 dans la vallée du Tescou. Le camp de la Zad (zone à défendre) est installé sur un grand champ, qui est au bout du lac artificiel de trente-deux hectares que veut créer la CACG (Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne) et divers officiels, dont le président du Conseil général du Tarn, Thierry Carcenac. Une cinquantaine de personnes y vivent, occupant le lieu.

Le camp est organisé autour d’une ferme abandonnée, La Métairie, qui a été restaurée par les zadistes. Ils y rangent leurs affaires, y font la cuisine, s’y réchauffent, y font sécher le linge. Le drapeau « Paix » flotte au-dessus du camp.

On discute un peu avec des zadistes qui sont là. Le paysan Pierre Lacoste nous rejoint. Il est l’un des rares paysans locaux qui s’opposent ouvertement au barrage. Dans la région, peu osent s’élever contre le projet. La FNSEA locale y est favorable, et il ne fait pas bon, pour un agriculteur, être en désaccord avec la FNSEA, qui contrôle nombre d’aides et de subventions.

Le projet de barrage, explique Ben Lefetey, a été conçu au début des années 2000. Selon les études de la CACG – qui est juge et partie, puisqu’elle doit construire le barrage -, il devait répondre aux besoins d’eau des agriculteurs de la vallée et participer au soutien d’étiage pour diluer la pollution d’une laiterie de Montauban. Mais ces arguments ne tiennent plus : depuis 2000, plus de 184 retenues collinaires ont été réalisées dans le bassin, recueillant 4,5 millions de mètres cubes d’eau. De plus, la laiterie Sodial a vers 2006 installé un équipement de dépollution.

En fait, selon Ben Lefetey, s’il y a encore une tension sur l’eau, c’est parce que les irrigants pompent au maximum l’eau du Tescou pour économiser leurs réserves. Mais si, plutôt que de se faire concurrence, ils géraient la ressource comme un bien commun, il n’y aurait pas de problème.

(On trouvera des analyses plus détaillées et bien documentées sur le site du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, et dans le dossier de Reporterre).

Au dos de la Métairie, une inscription : « L’espoir, c’est comme les cabanes : les grands les détruisent ».

La route par laquelle nous sommes arrivés continue après La Métairie et longe la vallée. Nous marchons à pied dans la direction du lieu où doit être édifié le barrage proprement dit. A quelques centaines de mètres, une butte de terre barre le passage. Au sommet, un gendarme en treillis observe à la jumelle ce qui se passe sur la Zad.

Il s’agit de l’adjudant-chef de la gendarmerie de Gaillac, m’apprendra-t-il plus tard. On ne peut pas passer, sauf les journalistes. Je monte sur la butte et lui tend ma carte de presse. Il la prend, me dit qu’il faudrait que j’ai un casque de chantier pour aller sur les lieux – par mesure de sécurité - et va téléphoner. J’attends sur la butte. En contrebas, les gendarmes.

Ils sont habillés en treillis, comme des soldats. Je suis ignorant de la chose militaire, mais dans les nombreux épisodes de répression des mouvements écologistes dont j’ai été témoin, les gendarmes sont habituellement habillés en bleu sous leur carapace de robocop. Là, cet habit militaire paraît signifier que l’on fait la guerre à la société, pensé-je en mon for intérieur.

Plus tard, Sylvain, un zadiste – nous nous étions déjà rencontrés au Forum qu’a organisé le Mouvement pour une alternative non violente en juillet – me racontera que presque tous les matins, des gendarmes viennent détruire leur campement qui est installé à l’autre bout de la vallée, à la Maison des Druides.

Ils donnent des coups de matraque, crèvent les pneus du camion, brûlent systématiquement toutes les affaires qui sont dans la maison, ou lâchent des grenades lacrymogènes. Tous les matins, Sylvain et ses camarades rangent, réparent et nettoient le lieu. Ils ont aussi caché beaucoup d’affaires aux alentours. Ils sont tenaces, mais c’est dur. L’un d’eux, Pepete, tient le coup en lisant, en faisant de la musique, et en méditant.

Ce lundi 13 octobre, Sylvain me dit au téléphone : "Ils sont de nouveau venus ce matin même, et à nouveau détruit ce qu’ils pouvaient. A la fin du saccage, ils ont fait venir un huissier, pour constater que j’habitais ici et m’ont montré un bidon de vingt ou trente litres d’essence, presque plein. Ils ont prétendu qu’ils l’avaient trouvé ici, comme preuve qu’on prépare des cocktails molotov. Je démens formellement que moi ou d’autres à la Maison des Druides ayons conservé de l’essence. Le bidon a été amené par les gendarmes. Nous sommes à la Maison des Druides un groupe affinitaire dont la ligne est que nous sommes pacifistes et ne jetons rien sur les policiers.

Par ailleurs, l’huissier a refusé de constater que toutes nos affaires avaient été détruites par les gendarmes".

Retour au jeudi 9 octobre. Pendant que je suis sur la butte, Monsieur l’Adjudant-chef téléphone, et Monsieur Lefetey poursuit ses explications pédagogiques, dans l’espoir apparent d’être écouté par les gendarmes. Evoquant le barrage de Fourogue, construit en 1997, et depuis annulé par un tribunal – mais toujours en place -, il affirme que les forces de l’ordre devraient aller interpeller M. Carcenac, président du Conseil général, qui gère ce barrage illégal. Il évoque aussi le déficit du budget de l’Etat français, et assure qu’il serait souhaitable de ne pas gaspiller l’argent public à utiliser les gendarmes pour permettre la réalisation d’un barrage inutile et coûteux.

Au loin, des machines de chantier travaillent sur la zone défrichée.

Enfin, M. l’Adjudant-chef revient et me rend ma carte, disant que je peux aller voir le chantier. Je l’en remercie et m’avance à pied sur la route. Le spectacle est désolant : à droite, des souches et des bois coupés, à gauche, plus loin, la terre à nue, alors que, voici quelques semaines, une forêt vigoureuse l’occupait. La petite rivière du Tescou serpente dans la vallée.

Sur la droite, un chêne isolé, qui semble rescapé du désastre. Une cabane y est installée, dans laquelle campent deux jeunes filles, Claire et Emilie. Nous discutons. Elles disent que c’est dur, que la vie à la Zad n’est pas facile et que le moral n’est pas toujours au plus haut, mais qu’elles tiendront. La cabane est occupée tous les jours, au petit matin. Il y en a d’autres dans les bois de l’autre côté de la vallée.

J’avance sur la route, me rapprochant du chantier. A droite, un engin déblaie des arbres abattus...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22