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9 juillet 2012 1 09 /07 /juillet /2012 18:06

 

Agoravox - par Frédéric Blanc lundi 9 juillet 2012 - Ecouter en mp3 (Synthèse vocale par ReadSpeaker)
 

Lundi s'ouvre à Paris la Conférence sociale réunissant syndicats et gouvernement.

"Tout sera mis sur la table... rien n'est tabou" a déclaré le Premier Ministre en préambule à ce rendez-vous. Qu'en ressortira t-il qui pourrait intéresser la grande masse des 4 millions de chômeurs ?


 

Avec les étrangers, ils ont été les héros malheureux et malgré eux du printemps électoral. Eux, "les assistés", accusés par l'extrême-droite et l'ancienne majorité parlementaire de ne jamais, dans un contexte de grave pénurie d'emplois, en faire assez pour tenter de vivre d'un travail dont ils ne trouvent au mieux que des miettes. 2,9 millions de personnes inscrites auprès de Pôle Emploi dans la première des cinq catégories de chômeurs, celle des personnes immédiatement disponibles et n'ayant pas eu la moindre activité récente. Plus de 4 millions au total. Et un peu plus de 200 000 offres seulement (en additionnant temps infimes, autres temps partiels et temps complets) au début du mois de juillet sur le site Internet de ce même Pôle Emploi. Voilà pourtant en quelques chiffres la réalité crue à laquelle doivent faire face ces femmes et ces hommes, privés de travail et par là même de considération aux yeux d'un nombre important de concitoyens (un sondage réalisé par un grand institut et publié dans les colonnes d'un quotidien national (1) indiquait au mois de mai : "plus de sept Français sur dix estiment que les assistés trichent et profitent du système).

Pôle Emploi ne change pas de logique

Pour les millions de chômeurs, dans quel contexte s'ouvre la Conférence sociale de lundi prochain ? Un "Plan stratégique 2012-2015" a été rendu public par la direction de Pôle Emploi il y a quelques jours. Il a été concocté à l'époque du gouvernement Fillon. Un camouflet sévère pour le nouveau directeur, Jean Bassères : quatre syndicats ont voté contre, cinq se sont abstenus, aucun ne l'a approuvé. Décrit dans ce document de 70 pages, l'accompagnement à venir des privés d'emploi ressemble plus que jamais à un pathétique brassage d'air constitué d'orientations, souvent forcées, vers de coûteuses prestations occupationnelles sans lendemain et de pression inutile sur les chômeurs. Seule annonce jugée par les partenaires sociaux comme allant dans le bon sens, bien qu'insuffisante, le recrutement cet été de 2 000 agents supplémentaires en contrat à durée indéterminée. Combiné avec le redéploiement en interne de 2 000 "équivalents temps plein" sur des postes au contact avec le public, voilà qui devrait soulager un peu ces agents et les conseillers de Pôle Emploi, en charge chacun actuellement en moyenne de 117 dossiers d'inscrits. Peut-être une bonne nouvelle pour les conseillers et agents, actuellement débordés et au bout du rouleau mais qui sera de quelle utilité pour les chômeurs eux-mêmes dans le contexte actuel, au vu des dernières prévisions de croissance de l'Insee (0,4% au mieux pour 2012 et entre 1% et 1,3% pour 2013) et de celles de l'Unedic qui ne voit pas le chômage baisser avant 2014 ?

Autre mesure remarquée de ce Plan stratégique 2012-2015 adopté par l'ancienne ANPE, l'abandon du suivi mensualisé personnalisé de chaque chômeur, objectif jamais atteint, au profit d'un suivi différencié. Le but est que les demandeurs d'emplois considérés comme les plus éloignés du travail puissent bénéficier d'un suivi renforcé auprès de conseillers ne disposant pas plus de 70 dossiers chacun. Enfin, dernière mesure-phare qui laisse à penser que les rédacteurs de ce plan se sont sentis poussés par la logique coercitive et de surveillance voulue par le précédent gouvernement : la création d'un corps de contrôleurs censés vérifier, peut-être même de l'aveu de la direction au domicile des chômeurs, l'effectivité de la recherche de travail des inscrits à Pôle Emploi.

Et maintenant ?

Nombreuses sont les voix qui se sont font entendre ici et là au sein de la société française et qui appellent à faire cesser l'hypocrisie, à regarder la réalité en face : croissance ou pas, le plein emploi, c'est fini, bel et bien fini. Et la crise, son cortège de malheurs et de désespérance, voilà non pas quatre, mais près de quarante ans qu'elle sévit et frappe des millions de Français, particulièrement dans les milieux populaires. Au-delà des fluctuations liées aux conjonctures orientant le nombre de chômeurs à la baisse ou à la hausse, aucune des politiques publiques entreprises depuis près de quatre décennies, sous quatre présidents de la République différents et combien de gouvernements, n'est parvenue à éradiquer le chômage de masse. Loin de l'hypocrisie ou de l'ignorance consistant à rendre les sans-travail responsables eux-mêmes, par leur manque d'abnégation, du niveau très élevé du chômage en France (les chiffres cités plus haut concernant le nombre d'offres disponibles parlent pourtant d'eux-mêmes), idéologie qui sous-tend les mesures prises par Pôle Emploi visant à renforcer les contrôles et les surveillances des "assistés", des voix donc sont audibles qui font entendre un autre son de cloche. Ainsi, par exemple, celle de Christine Erhel économiste au Centre d'études de l'emploi (2), qui rappelait en mars dernier : "La raison première du chômage, c'est le manque de travail".

Parmi les engagements du candidat Hollande, 300 000 contrats d'avenir pour les plus jeunes, mais aucune annonce d'envergure concernant l'ensemble des catégories d'âge dans lesquelles on trouve les 4 millions d'inscrits à Pôle Emploi. Aucune annonce nouvelle non plus après la déclaration de politique générale prononcée par le Premier Ministre mardi à la tribune de l'Assemblée Nationale. Un changement pourrait néanmoins se dessiner grâce aux échanges prévus lors de la conférence sociale, dés la semaine prochaine. Puisque "rien n'est tabou"... La déclaration de Jean-Marc Ayraut indiquant que le président et le gouvernement n'étaient pas là pour tout faire en cent jours, mais bien en cinq ans, laisse la place à bien de supputations... en même temps qu'elle semble indiquer que l'audace ne sera au moins pas tout de suite au rendez-vous. Pour l'heure, inutile sans doute d'envisager une nouvelle réduction de la durée légale du temps de travail. Et l'expérimentation d'un revenu minimum d'existence pour tous qui, si la mesure s'avèrait applicable, permettrait sans doute la redistribution de centaines de milliers d'heures de travail ? Les chômeurs attendent des preuves d'attention après tant d'années où les périodes durant lesquelles ils eurent le sentiment d'être livrés à eux-mêmes succèdaient à celles où ils furent montrés du doigt, désignés comme boucs émissaires. Sans parler de ceux parmi eux qui ont été sous-traités, marchandisés à des cabinets privés faisant commerce de leur précarité et obtenant des résultats de "placements" de demandeurs d'emplois encore inférieurs aux performances réalisés par l'organisme public, dont le service n'a cessé de se dégrader et de se déshumaniser (numéro d'appel payant, impossibilité de rencontrer son conseiller à la demande...).

Les organisations de chômeurs et précaires ne seront pas représentées lors de la Conférence sociale débutant lundi. Sont-elles jugées non-représentatives par le gouvernement ? Leur Coordination nationale, qui s'est déjà réunie en juin avec des représentants de dix régions, a donné rendez-vous à ses représentants à elle en septembre à Lille. Son mot d'ordre : "mutualiser les moyens de défense face à l’arbitraire des radiations, au chantage aux allocations, à la destruction des droits des chômeurs et précaires ou au travail gratuit imposés par les gouvernements successifs et organisés avec zèle par les managers de Pôle Emploi". Il est difficile d'évaluer à l'heure actuelle le niveau de mobilisation des chômeurs et précaires mais le mot d'ordre de la Coordination est lui facile à comprendre.

 

(1) Le quotidien en question est le site "Libération.fr" (l'enquête en question fut publiée entre les deux tours des élections présidentielles).

(2) : Point de vue développé dans "Actualités sociales hebdomadaires", 9 mars 2012. Christine Ehrel a notamment écrit "Les politiques de l'emploi (Ed. PUF, "Que sais-je ?, 2009) et a contribué à l'ouvrage des Economistes atterrés, "Changer d'économie" (Ed. Les liens qui libèrent, 2012).

 

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