La première cause du chômage selon la BCE : les salaires trop élevés ! «La rigidité salariale à la baisse empêche la résorption de la crise de compétitivité». Ben voyons ! Ainsi, pour lutter contre la concurrence asiatique il suffirait de baisser les salaires, un peu comme en Grèce où la population est en train de passer de la précarité à la misère. Ce dont se moque la BCE, puisque l'essentiel c'est que les salaires et le temps de travail se rapprochent le plus possible de ceux des travailleurs asiatiques afin de produire au moindre coût. La quasi totalité de cette production sera bien entendu exportée dans des pays où les salariés ont provisoirement un meilleur pouvoir d'achat.
Ce à quoi Sauvons l'Europe ajoute : «(...) la question centrale des entreprises n’est pas, en effet, combien me coûte une heure de travail dans tel pays, mais bien combien me coûte un travailleur pour fabriquer une valeur de 100 dans tel pays (...)».
L'OIT de son côté donne un avis avisé sur cette baisse des salaires : «(...) L’Organisation Internationale du travail (OIT) met en garde contre des mesures entraînant une baisse de la consommation intérieure et affectant négativement la croissance (...). De plus, insistent les économistes de l’OIT, si des réductions compétitives de salaires sont menés simultanément dans plusieurs pays, on ouvre alors la voix à une dépression globale de la situation de l’emploi».
Un problème structurel ?
«(...) Ainsi, par la magie de la crise, une force de travail qui était plus ou moins adaptée aux besoins des entreprises deviendrait entre 2008 et 2009 soudainement inadéquate ? Un choc de productivité majeur a eu lieu qui a transformé profondément la majeure partie des métiers sans que les salariés ne suivent ? Une vague d’alcoolisme due à la crise a brusquement produit une foule d’handicapés (...)», lui répond Sauvons l'Europe, qui ajoute : «(...) Le plus atterrant dans cette affaire est que ce débat, dans un contexte politique chargé, a eu lieu de manière très étendue aux Etats-Unis, où un consensus a fini par se dessiner sur le fait qu’il n’y a pas de mismatch structurel, mais une bête crise de la demande de travail (...). La BCE donne la sensation curieuse de travailler en apesanteur et de postuler la singularité de l’espace économique européen par rapport au reste du monde. (...) Qui plus est, la BCE rejette l’explication d’un chômage purement géographique, avec des salariés formés dans un pays et les entreprises souhaitant les embaucher dans un autre. C’est bien à l’intérieur de chaque pays que les salariés sont devenus des inadaptés à la tâche productive !!! (...)».
Sauvons l'Europe nous livre le diagnostic plus cohérent de l'économiste américain Paul Krugman : «(...) Il suffit d’une part de vérifier si les entreprises tournent à plein régime ou ne trouvent plus de débouchés, et surtout si le chômage est fort dans quelques activités économiques alors que la demande non satisfaite est importante dans d’autres, ou bien si le chômage a partout augmenté. Pour le premier critère, la lecture des activités économiques sur le moral des entreprises européennes et leur carnet de commande renseigne : les entreprises n’ont pas aujourd’hui un besoin féroce d’embaucher. Pour le second, un rapide tour non exhaustif sur le site d’Eurostat ne m’a pas permis de trouver des masses d’activités en tension de main d’oeuvre ; le chômage augmente partout (...)».
En clair, la BCE a décidé que les pays les moins-disants au niveau salarial et social étaient devenus la nouvelle référence mondiale, et que l'avenir des salariés d'Europe se résumait à une précarisation généralisée de ceux qui ont un emploi et à des mini jobs obligatoires, mais aléatoires, pour les chômeurs. Bienvenue dans un monde de dumping permanent où seuls les marchés financiers, dont monsieur Draghi est issu, seront les gagnants !