En lisant les quatre articles en annexe et en fouillant longtemps dans les statistiques, je me suis rendu compte que les chiffres allemands semblent faussés. Il faut dire que les chiffres français du chômage ne sont pas réalistes non plus.
Une responsable de l’Arbeitsagentur d’Hambourg (Pôle-emploi allemand) souhaitant garder l’anonymat, ne cache pas sa colère.
« Qu’on arrête de parler de miracle économique. Aujourd’hui, le gouvernement répète que nous sommes aux alentours de 3 millions de chômeurs, ce qui serait effectivement historique. La réalité est toute autre, 6 millions de personnes touchent Hartz IV,... »
Récemment la polémique a été relancée après que le quotidien Die Welt a rapporté, dans son édition du 27 septembre, que les chiffres du chômage des seniors sont « truqués ». D’après le journal conservateur, un chômeur de plus de 58 ans sur deux n’est plus répertorié dans les chiffres de la Bundesagentur für Arbeit (Agence fédérale du travail).
Par une magouille comptable et dialectique, le pôle emploi allemand aurait fait sortir 211 000 chômeurs seniors des listes. Le crédo du Silberschatz (littéralement, le « trésor de l’expérience » des seniors), chanté par la ministre du Travail, Urula Van der Leyen, qui répète que « les principaux bénéficiaires du redressement du marché du travail allemand sont les 58 ans et plus » a depuis pris du plomb dans l’aile. Interpelé sur la question par Klaus Ernst, le chef de file de la Linke (parti politique de gauche) le porte-parole ministère du Travail a d’ailleurs dû reconnaître que « début 2011, seulement 43 % des seniors bénéficiaires du chômage étaient enregistrés sur les listes. »
« Les 4,9 millions d’adultes sont en fait des chômeurs, des quasi-chômeurs — qui travaillent moins de 15 heures par semaine — ou des précaires. Les plus touchés sont les familles monoparentales et les seniors », souligne Brigite Lestrade, auteur d’une étude sur les réformes Hartz IV (Cerfa, Juin 2010).
Méthode pour vérifier le taux de chômage : retraiter des RSA socle et autre chômeurs cachés
Comment expliquer ces différences ?
D’autant plus que le chômage est encore plus caché en Allemagne qu’ en France
Autre méthode pour vérifier le taux de chômage : le taux d’activité
A partir des chiffres de l’INSEE, on peut tracer la courbe suivante.
Le taux de chômage de 2009 peut être indirectement évalué comme le taux de chômage de 1975 +12.5% en supposant qu’un homme entre 24 et 60 ans souhaite autant travailler en 2009 qu’en 1975.
Comme le taux de chômage était de 3% en 1975, on trouve un taux de chômage estimé de 15.5% chez les hommes.
L’emploi industriel
La question est désormais de savoir pourquoi.
Philippe Murer est professeur de finance à la Sorbonne et membre du Forum Démocratique.
Pour aller plus loin, voici une sélection d'articles sur l'Allemagne :
– Chômage : la face cachée du miracle économique allemand.
– La compétitivité allemande ? 20 % de travailleurs pauvres.
– Les bas salaires allemands accusés d'être à l'origine de la crise en zone euro.
– Les réformes sociales Hartz IV à l'heure de la rigueur en Allemagne (pdf) par Brigitte Lestrade, professeur de civilisation contemporaine allemande à l’Université de Cergy-Pontoise.