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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 14:27

| Par Mathieu Magnaudeix

 

«Le chômage va augmenter, l'économie va ralentir dans les prochains mois. J'aimerais vraiment que Nicolas Sarkozy nous dise ce qu'il va faire. Mais j'ai peur qu'il ne dise rien.» Jeudi, avant l'intervention de Nicolas Sarkozy sur TF1 et France-2, le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, interrogé par Mediapart, ne masquait pas son inquiétude de voir les sujets sociaux passer à la trappe. Il ne fut pas démenti.

Pendant une heure et demie, Nicolas Sarkozy n'a pas parlé une seule fois du chômage qui ne cesse de progresser (il touche désormais 4,5 millions de Français), de la croissance qui ralentit ou du pouvoir d'achat qui s'effrite. Il s'est en revanche acharné sur les «35 heures», l'«assistanat», le nombre selon lui trop élevé de fonctionnaires, et l'immobilisme supposé des syndicats. Le choix des thèmes ne doit rien au hasard. Bien qu'il s'en défende, Nicolas Sarkozy est bel et bien parti en campagne, sur une ligne très à droite.

«Sarkozy veut se poser en combattant», titrait le site internet des Echos avant cet entretien, réalisé «dans le salon des Portraits de l'Elysée, qui servit de cabinet de travail à Napoléon 1er». Cette nouvelle grand-messe télé devait être l'occasion de faire apparaître le président en pédagogue protecteur, expliquant les conclusions du sommet de Bruxelles et la crise de l'euro à ses concitoyens. Mais après avoir rapidement balayé la crise et la dette, le chef de l'Etat (qui n'a pas confirmé sa candidature à la présidentielle) semble bel et bien parier sur une posture d'homme providentiel face à la crise, promettant aux Français des sacrifices douloureux mais présentés comme incontournables pour préserver le fameux triple-A français et ne pas connaître une débâcle à la grecque. 

«Je dis aux Français: si vous voulez garder votre modèle social (...), il faut accepter de prendre les mesures courageuses nécessaires», a ainsi expliqué Nicolas Sarkozy à ses deux intervieweurs, les journalistes Yves Calvi et Jean-Pierre Pernaut, visiblement dépassés par les événements. Et le chef de l'Etat de défendre sa réforme des retraites, votée fin 2010 après plusieurs semaines de manifestations et jugée «injuste» par les syndicats unanimes.

«A partir du moment où on vit plus longtemps, il faut cotiser plus longtemps. La réforme, c'est 24 milliards d'euros de plus par an, et la garantie que leur retraite sera payée.» Sauf que la réforme n'est pas financée après 2018, ce que le chef de l'Etat a omis de préciser. Il a aussi saisi l'occasion pour fustiger à deux reprises le choix de la gauche de porter l'âge de la retraite de 65 à 60 ans... au début des années 1980.

Sarkozy s'est posé en chef d'Etat ayant osé réformer les retraites dans un pays présenté comme rétif au changement. «Regardez la réforme des retraites, tout le monde était contre. Comme toujours! En France ce n'est jamais le moment, il y a cette maladie qui consiste à se faire aimer, et à ne pas faire son devoir. Je suis président de la République et je ne dois pas me poser la question de savoir si je dois le redevenir ou pas. (...) Notre système de retraite était au bord de la faillite.» Nicolas Sarkozy s'en est même pris à la «capacité de nuisance» de la «rue», reprenant une musique anti-syndicale avec laquelle il avait rompu au début de son quinquennat sous l'influence de son conseiller social Raymond Soubie, confident des grands syndicalistes du pays.

Obsession allemande

 

20 octobre 2011. N. Sarkozy en visite en Mayenne
20 octobre 2011. N. Sarkozy en visite en Mayenne© M.T.

Nicolas Sarkozy ne prendra pas le temps de détailler les autres réformes «nécessaires» pour «sauver» le modèle social français. Car bien vite, il enfourche son deuxième cheval de bataille: les 35 heures, une réforme vieille d'une décennie, dont il fait aujourd'hui encore la cause de bien des maux de l'économie française. «L'affaire des 35 heures a été payée par les ouvriers. Y a eu des délocalisations, une pression sur les salaires.» Pour le chef de l'Etat, la réduction du temps de travail votée sous le gouvernement Jospin est même à l'origine de la «rupture de compétitivité de l'économie française» à partir de 2000.

 

 

Cette affirmation est directement inspirée des travaux de l'institut économique COE-Rexecode, proche du patronat. Dans un rapport paru début 2011, il attribue principalement les pertes de parts de marché à l'export de la France par rapport à l'Allemagne à la réduction du temps de travail. «Après la réunification (...) une stratégie de compétitivité a été mise en œuvre méthodiquement et collectivement sur plusieurs années: maîtrise des déficits publics, investissements en recherche, réformes profondes du marché du travail, modération salariale durable. A l'inverse et à peu près au même moment, la France a imposé une réduction forte et uniforme de la durée du travail par la loi, ce qui a considérablement et brutalement réduit le nombre moyen d'heures de travail effectivement réalisées par semaine, engendré une hausse des coûts horaires et des coûts unitaires de production», affirme l'institut patronal.

La thèse est loin de faire l'unanimité parmi les économistes. Selon une étude tout aussi récente des chercheurs de la banque Natixis, le nombre d'heures travaillées par semaine n'a diminué que pendant deux ans après le vote de la loi sur les 35 heures. Temps partiel compris, la durée du travail est d'ailleurs significativement plus élevée en France qu'en Allemagne.

Natixis affirme enfin que c'est moins la durée du travail que la compression drastique des salaires en Allemagne qui a permis à notre voisin de baisser ses prix à l'exportation. Un choix économique qui a effectivement garanti une croissance élevée à l'Allemagne, mais au prix d'une consommation atone.

Visant sans le nommer le candidat socialiste à la présidentielle François Hollande qui promet de recréer 60.000 postes dans l'éducation nationale, Nicolas Sarkozy a justifié sa politique du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite et martelé son credo: «Nous avons trop de fonctionnaires.» Il a aussi fustigé un prétendu «modèle d'assistanat» en France, alors même que la France est un des pays où les minima sociaux sont les plus faibles. Depuis la défaite des cantonales en mars 2011, l'UMP croit ainsi pouvoir reconquérir cette partie importante de l'électorat populaire qui avait voté Nicolas Sarkozy en 2007, et semble désormais tentée par l'abstention ou le vote Front national.

Obsédé par l'Allemagne qu'il a citée à maintes reprises, le chef de l'Etat a promis de «travailler main dans la main avec les Allemands», ou encore de «rapprocher la France d'un système qui marche: celui de l'Allemagne», par exemple en termes de fiscalité ou de politique budgétaire. Un discours que le chef de l'Etat martèle depuis des mois, mais qui peine à se concrétiser et semble davantage relever de l'incantation. Le gouvernement pourrait néanmoins invoquer très prochainement l'harmonisation fiscale avec l'Allemagne pour justifier la hausse du taux «intermédiaire» de TVA de 5,5% à 7%. Le fameux exemple allemand est bien pratique quand il s'agit d'annoncer sans le dire de nouvelles hausses d'impôts... 

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