LEMONDE.FR avec AFP | 18.11.11 | 08h05
Le ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, juge "possible" de continuer à réduire le nombre de poste dans l'éducation après 2012, dans un entretien publié jeudi sur le site des Echos, et n'écarte pas pour la première fois de recourir "à un organisme indépendant" pour l'évaluation des élèves.
"Je pense que si l'on fait des réformes d'organisation et de structures du système éducatif, oui, il sera possible de réduire encore le nombre de postes en ne remplaçant pas un certain nombre de départs en retraite", déclare M. Chatel.
"Ma conviction, c'est qu'il faudra continuer à baisser la part des dépenses publiques. Ce sera au candidat soutenu par l'UMP à la présidentielle de choisir la méthode", a-t-il précisé à ce sujet. Le projet de budget 2012 prévoit 14 000 nouvelles suppressions de postes dans l'éducation, ce qui ferait près de 80 000 suppressions de 2007 à 2012.
"PAS CONTRE LE RECOURS À UN ORGANISME INDÉPENDANT" POUR L'ÉVALUATION DES ÉLÈVES
Concernant les évaluations des élèves, le ministre se dit "surpris par certaines critiques". "Maintenant, je suis ouvert à toute discussion sur la méthodologie et je ne suis pas contre le recours à un organisme indépendant. Mais notre direction générale de l'enseignement scolaire n'est pas la moins bien placée pour contribuer à ces évaluations", ajoute-t-il.
Dans un rapport de septembre (voir en PDF), le Haut conseil de l'éducation (HCE) avait critiqué les évaluations de CE1 et CM2, voulues par le gouvernement et pilotées depuis 2008 par cette direction, en réclamant de "créer un dispositif nouveau" confié à "une agence indépendante".
Concernant la réforme de la formation des enseignants, ou "masterisation", critiquée dans de nombreux rapports institutionnels, le ministre dit: "Je crois que nous sommes sur la bonne voie". A la question de savoir s'il fallait revenir en profondeur sur cette réforme, M. Chatel a répondu "non, car en confiant aux universités de former les enseignants au niveau bac+5, la France s'est mise au standard international".
Sur les rythmes scolaires, il affirme que des décisions seraient prises "avant l'élection présidentielle, s'il y a un consensus" et que "sinon, cela sera un très bon sujet de débat".
"UNE PROVOCATION DE PLUS" DU "CANCRE CHATEL"
Vincent Peillon, chargé de l'éducation dans l'équipe de campagne de François Hollande, a dénoncé jeudi "une provocation de plus du cancre Chatel" après les déclarations du ministre jugeant "possible" de nouvelles réductions de postes dans ce secteur.
"Un sauvageon bouffi de morgue et de suffisance : tel apparaît celui qui prétend au titre de ministre de l'éducation nationale, qui se livre à une provocation de plus en annonçant que d'autres suppressions de postes sont possibles dans l'éducation nationale", estime M. Peillon dans un communiqué.
Selon lui, Luc Chatel "veut poursuivre son oeuvre de destruction méthodique et opiniâtre de l'éducation nationale" après "avoir désorganisé les rythmes scolaires avec la semaine de quatre jours, détruit la formation des enseignants, réduit à peau de chagrin la scolarisation des jeunes enfants, supprimé 70 000 postes en 5 ans et plus de 100 000 postes depuis 2003...".
De son côté, M. Hollande propose notamment d'embaucher 60 000 personnes dans l'éducation, lors du prochain quinquennat. Une proposition vivement critiquée à l'UMP.