Échaudé par les déchirements de sa centrale sur la réforme des retraites en 2003 et les réticences de ses fédérations, le successeur de François Chérèque, n'entend pas, en effet, engager la signature de son syndicat sans nouvelles concessions du Medef. Et pour cause...
Comme l'attestent un document de travail, si le projet d'accord rédigé par les employeurs était validé en l'état, des centaines de milliers de salariés pourraient être rapidement confrontés, après consultation de leurs élus, à des mutations forcées dans un rayon de 50 kilomètres ou supporter des baisses de salaires sur deux ans, dans le cadre d'accords majoritaires de maintien dans l'emploi. Le tout sous la menace d'un licenciement, alors qu'ils ne bénéficieront éventuellement de leurs nouveaux droits - complémentaire maladie pour tous, formation étendue et accès accru aux indemnités de chômage - au mieux en 2014, voir 2015. Un décalage dans le temps difficilement supportable dans le contexte de crise !
Et d'autant plus pénalisant que le Medef persiste à vouloir imposer une nouvelle possibilité d'embauche en CDI... de projet : curieux oxymore qui reviendrait de fait à créer un CDD... à durée indéterminée permettant aux chefs d'entreprise de se séparer sans formalités de leurs recrues, y compris leurs cadres, une fois leur tâche accomplies. « Le salarié était dans un rapport de subordination vis à vis de son employeur, il sera désormais dans un rapport de complète soumission. » critique vertement Maurad Rabhi de la CGT, syndicat qui curieusement n'est guère entré de plein pied dans la négociation pour mobiliser, le moment venu, les parlementaires de gauche.
De fait, alors même que les Français se sont enflammés pour le combat des sidérurgistes de Florange, ces batailles qui voient salariés et syndicats défendre face à des multinationales, le tissus économique hexagonal, pourraient bientôt n'avoir plus cours. Puisque selon les nouvelles modalités de plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) proposées par le Medef, en cas de désaccord avec les représentants de salariés, une direction pourrait se contenter de faire « homologuer » son PSE par l'administration du travail sous 15 jours.
« Or je ne vois pas pourquoi un employeur s'enquiquinerait encore à négocier un PSE avec ses instances représentatives, s'alarme Astrid Toussaint, inspectrice du travail et militante à Sud Travail. Contrainte par ce délai, l'administration ne pourra plus confronter les informations qu'il lui transmet aux témoignages des salariés. Elle se contentera donc, comme pour les ruptures conventionnelles, de donner des coups de tampons formels sur les documents reçus. » ainsi les délégués mécontents devront alors se tourner vers les tribunaux administratifs dont la compétence est exclusivement nationale et dont les délais d'audiencement peuvent avoisiner...trois ans !
Autant de sujets brûlants qui d'ici vendredi feront l'objet de tractations acharnées. Mais qui devraient passionner l'ensemble des salariés, avant que leur sort ne soit scellé !