Le Monde.fr | 27.04.2012 à 20h03
Les syndicats FO et CFDT du groupe de distribution Carrefour, premier employeur privé de France, ont dit vendredi redouter au moins 3 000 suppressions de postes à venir, la direction se refusant, de son côté, à tout commentaire.
"Nous avons la certitude qu'il y aura entre 3 et 4 000 suppressions d'emplois", a indiqué Dejan Terglav, secrétaire fédéral en charge du commerce pour FO, premier syndicat de l'entreprise qui a vu sa rentabilité chuter en 2011.
Selon le syndicaliste, qui explique s'être fondé sur les "remontées des cadres supérieurs syndiqués chez FO qui ont vu des notes écrites, des plans", les suppressions concerneront "vingt personnes en moyenne par magasin", au nombre de "deux cents et quelque", et "le reste serait réparti sur les sièges sociaux".
"DÉMANTELER LE GROUPE"
Serge Corfa, responsable CFDT, deuxième syndicat de Carrefour, a estimé que les chiffres de FO sont "même sous-estimés", même si les syndicats n'ont à ce stade "aucun écho officiel". Mais "l'enjeu est pire que ça", a prévenu le syndicaliste, qui se demande si "Carrefour n'est pas en train de démanteler le groupe", n'hésitant "plus à vendre ses magasins". La direction de Carrefour, sollicitée par l'AFP, s'est refusée à tout commentaire.
Selon les deux syndicats, un comité de groupe en présence de George Plassat, récemment nommé à la tête de Carrefour, doit en principe se tenir le 10 mai. Selon M. Terglav, ce comité, au cours duquel le nouveau patron pourrait faire des annonces, pourrait toutefois être repoussé au mois de juin. "Si George Plassat arrive et que sa première annonce est 'Je supprime entre 3 et 5 000 emplois'(...), le moral va être en berne, et nous on va rentrer en guerre", prévient M. Terglav. "On est dans l'attente d'une réaction, d'une proposition de rendez-vous", a ajouté le syndicaliste.
Le groupe Carrefour, qui compte quelque 471 000 collaborateurs dans le monde et qui est le numéro deux mondial du secteur, a vu son bénéfice net chuter de 14,3 % en 2011. Il n'a cessé de perdre des parts de marché dans l'Hexagone face à ses rivaux Casino et Leclerc, son nouveau concept d'hypermarchés Planet, lancé par le prédécesseur de M. Plassat, le suédois Lars Olofsson, n'ayant pas convaincu. Le déploiement des nouveaux hypermarchés a depuis été gelé.