Source : www.agoravox.fr
Criminogène ?
Ah bon ? pourtant les bonnes nouvelles s'accumulent.
Enfin, si on peut dire...
Pour la plupart des grandes banques et des groupes financiers, l'année a été bonne : un bénéfice record pour les 1.000 premières banques de la planète. Champagne !
Comme en 2012, un grand cru.
Sauf que....derrière cette façade comptable en trompe l'oeil se cachent de nouveaux risques.
Les banques sont toujours les championnes de l'opacité.
Pire, le monde financier en général est grangrené par la fraude.
Ce ne sont pas de dangereux extrémistes, de méchants gauchistes, de naïfs Robin des bois, de vilains complotistes ou des attérés qui l'affirment.
Mais des économistes critiques, qui n'ont pas ou plus le nez dans le guidon des petites ou grandes affaires et ne sont pas ou plus guidés par la peur ou l'intérêt.
Tous se sont penchés sur les mécanismes bancaires que la crise a révélés et qui ne sont pas réglés sur le fond, malgré quelques toilettages de surface, à grand renfort de bruyants G8 à l'usage de l'opinion déstabilisée.
____________ Paul Jorion n'est pas le seul à analyser le problème.
Issu du sérail, le banquier Naulot, en a fait état dans un libre récent.
Un peu plus tôt, le magistrat Jean de Maillard a montré par le détail comment la fraude est un rouage essentiel du système financier tel qu'il fonctionne depuis un certain nombre de décennies dans les échanges mondialisés. Un étude qui se heurte à une grande indifférence de la part des milieux concernés, des marchés financiers hors-sol, avec leur dysfonctionnement structurel, ce qui n'est pas étonnant.
Un ancien trader fait de son côté une critique sans concession d'un système qu'il connaît bien, même s'il ne va pas jusqu'à remettre en cause certains fondements.
"Compte tenu de ce parcours, le brûlot qu’il vient de publier sur « les dysfonctionnements des marchés financiers », titre de l’ouvrage, n’en est que plus éclairant sur les causes de la dernière crise et sur les motifs qui expliqueront la prochaine Car toutes les leçons n’ont pas été tirées et les risques existent toujours ; ils ont juste été déplacés des banques vers les marchés. Or, « pour être tranquille en matière systémique, il faudrait supposer que ces risques seront mieux supportés par les acteurs de marchés. On peut en douter », commente l’auteur. Rien n’est donc réglé..".
Certains banquiers s'en prennent eux aussi à un dévoiement qu'ils ont pu observer et qu'on n'a pas fini de décrypter.
Mais leurs voix comptent si peu...
Jeau-François Gayraud, spécialiste de grande criminalité, dans une analyse approfondie et sans concessions évoque, lui, le nouveau capitalisme criminel, aux déviances frauduleuses, inédites dans l'histoire, jusque dans les pratiques obscures du trading haute fréquence. La régulation, dérisoire, n'y a pratiquement aucune influence.
Déni et aveuglement (parfois complicité) sont les attitudes générales des agents dits régulateurs ou politiques en charge de veiller à cette économie particulière, souvent souterraine, le plus souvent opaque, parfois mafieuse, jouant contre l'économie réelle, qu'elle devrait servir.
Franklin Delano Roosevelt aurait-il eu la même mansuétude vis à vis du gouvernement des banques, dont le pouvoir a été à peine écorné ? Roosevelt qui disait publiquement : "...Nous avons dû lutter contre les vieux ennemis de la paix – le monopole industriel et financier, la spéculation, la banque véreuse, l’antagonisme de classe, l’esprit de clan, le profiteur de guerre. Ils avaient commencé à considérer le gouvernement des États-Unis comme un simple appendice à leurs affaires privées. Nous savons maintenant qu’il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé. Jamais dans toute notre histoire ces forces n’ont été aussi unies contre un candidat qu’elles ne le sont aujourd’hui. Elles sont unanimes dans leur haine pour moi – et leur haine me fait plaisir. Je peux dire que lors de mon premier mandat ces forces menées par l’égoïsme et la soif du pouvoir ont trouvé un adversaire à leur hauteur. J’aimerais pouvoir dire à l’issue de mon deuxième mandat qu’ils ont trouvé leur maître..."
__Les banques, ayant tant reçu des Etats, ne disent même pas merci, les ingrates !
Elles continuent même à spéculer en douce, comme la plus importante de toutes, qui donne l'exemple, en toute légalité, Goldman Sachs. Elles ne risquent pas trop d'être inquiétées : on a tant besoin d'elles ! Too big to fail and to jail...Elles ne souhaitent qu'une chose : qu'on continue à les laisser faire.
Comme le remarquait, outré, un ancien directeur de la Banque Mondiale :
"Les banques sauvées grâce à l'argent public se retournent vers ceux qui les ont sauvées en disant : payez vos dettes ! Leur arrogance est inacceptable " (J Stiglitz)
Ou, comme disait son célèbre compatriote :
« Le gouvernement devrait créer, émettre et favoriser la circulation des monnaies et des crédits nécessaires à la satisfaction du besoin de dépense du gouvernement et du besoin d’achat des consommateurs.L’adoption de ces principes doit permettre aux contribuables d’économiser le paiement d’un gros volume d’intérêts. L’argent cessera de gouverner et se mettra au service de l’humanité. » (Abraham Lincoln)
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