"Vivre à genoux face à un prédateur qui s’appelle Mittal ? Eh bien non ! Nous on veut vivre debout… Mittal, ou t’es à genoux ou, nous, on te mettra à genoux ! » Ils sont environ 300, mardi 9 octobre à la mi journée, rassemblés au pied des bureaux d’ArcelorMittal à Florange, en Moselle, à écouter le héraut de la lutte des sidérurgistes lorrains, Edouard Martin. Le délégué CFDT veut croire à l’option Montebourg, autrement dit à la possible reprise, par un industriel, des hauts-fourneaux à l’arrêt depuis plus d’un an.
Il faut du courage pour y croire. Jusqu’à présent, aucun candidat ne s’est manifesté.
Du courage aussi pour défiler dans les rues de Florange, alors que les trottoirs sont vides. Il fait froid, humide et gris. La petite troupe passe devant l’Eglise, avec sa banderole "SOS USINE EN DANGER". Edouard Martin est en tête. Un camion qui diffuse des chansons militantes ferme la marche. Les rares passants jettent un coup d’œil désolé aux manifestants et continuent leur chemin. Un homme entre au Café de la Mairie et lance : "Moi, je défile pas. Mon soutien, il est moral !"
A Florange et dans la vallée de la Fensch, tout le monde se sent concerné par cette dernière grande bataille pour la survie de la sidérurgie, mais le mouvement s’essouffle. "On se sent très seuls. Avant, les commerçants nous apportaient des cageots de victuailles. Les gens sortaient aux fenêtres. Ils applaudissaient à notre passage. Plus maintenant. Ils se sont habitués", avoue un syndicaliste, l’air las, après le défilé.
Dans la population, beaucoup ont le sentiment d’assister à "un combat d’arrière-garde", que "c’est foutu", et que la fin des hauts-fourneaux, programmée par l’Indien Mittal, est "inéluctable". "Il fait la pluie et le beau temps… Tout ce qui nous arrive, on s’y attendait. On n’est pas surpris", disent les gens, résignés.
Le Républicain Lorrain, qui suit de près la situation, ouvre ses colonnes aux lecteurs. Mardi, l’un d’eux faisait une suggestion : "Pourquoi ne pas tirer de ce cataclysme lorrain un scénario pour un film plein d’action et de suspens ? Le titre est déjà tout trouvé : Bons baisers de Florange !"
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Quotidiennement, jusqu'à la semaine prochaine, Florence Beaugé réalisera une chronique de Florange.