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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 19:02

 

 

Source : lemonde.fr

 

"Blackfish" lève le voile sur les conditions de vie des orques en captivité

Le Monde.fr | 21.11.2013 à 14h59 • Mis à jour le 21.11.2013 à 15h47 | Par Elvire Camus

 
 
Le drame, survenu le 24 février 2010 dans le parc SeaWorld d'Orlando, en Floride, a suscité de nombreuses réactions de la part de la presse et du grand public.

Lorsque Dawn Brancheau est morte, le 24 février 2010, après avoir été attaquée par l'orque vedette de Seaworld, parc aquatique animalier de référence aux Etats-Unis, la tragédie a enflammé les chaînes d'information en continu. Près de quatre ans plus tard, la sortie de Blackfish, un documentaire qui enquête sur la mort de la soigneuse, déclenche à son tour un torrent de réactions, aussi bien dans les médias que du côté du public.

Seaworld est une véritable institution. Le groupe est propriétaire de onze parcs aux Etats-Unis, dont deux principaux à San Diego (Californie) et à Orlando (Floride). Ils sont l'équivalent de notre Disneyland : c'est l'endroit où tous les parents emmènent leurs enfants au moins une fois. L'entreprise, cotée en Bourse depuis le mois d'avril, enregistre plus de 10 millions d'entrées par an, à 60 euros le billet en moyenne.

Comme dans beaucoup de parcs aquatiques, à Seaworld, le clou du spectacle est le "show" des orques, les "baleines tueuses" en anglais ("killer whale"). Pendant une demi-heure, petits et grands s'émerveillent de voir le plus grand prédateur marin exécuter des pirouettes à la manière d’un animal de compagnie. Les soigneurs glissent leur tête dans la gueule ouverte des épaulards pour leur embrasser la langue, surfent sur leur dos et plongent à leurs côtés dans les bassins d'eau de mer.

TILIKUM, UNE ICÔNE AUX ÉTATS-UNIS

Tilikum, plus gros orque vivant en captivité, se présente aux visiteurs épatés du parc d'Orlando, en Floride.

L'Amérique est donc sous le choc au moment du drame de 2010 qui fait les gros titres de la presse nationale : comment cette attaque a-t-elle pu avoir lieu à Seaworld, où les animaux sont heureux et les soigneurs en sécurité, selon la pensée commune ? La victime, Dawn Brancheau, était la soigneuse la plus expérimentée du parc d'Orlando, et l'orque impliqué dans sa mort, Tilikum, le plus célèbre des cétacés : il entre en scène quelques minutes avant la fin des spectacles pour inonder les gradins lors du fameux "grand splash".

 

 

Gabriela Cowperthwaite, réalisatrice de Blackfish, n’est pas une activiste. C’est d’abord en tant que mère de famille ayant emmené plusieurs fois ses enfants à Seaworld qu'elle se sent concernée par la tragédie, comme la plupart des Américains. "Je ne comprenais pas comment une soigneuse aussi expérimentée avait pu être tuée par un orque, dans un lieu comme Seaworld. J’ai commencé à enquêter et ce que j'ai découvert m'a profondément choquée", confie-t-elle.

Lorsqu'elle commence à "tirer les fils" de son enquête, elle découvre que les origines de l'attaque du 24 février sont profondément ancrées dans l’histoire de Tilikum en particulier et des orques en captivité en général. "Je me suis rapidement rendu compte que pour traiter cette histoire de la meilleure façon, je devais commencer par le début", explique-t-elle.  

COMMENCER PAR LE DÉBUT 

 


 

L'histoire de Blackfish, du nom donné aux orques par les indiens d'Amérique qui pêchaient aux côtés des épaulards, remonte aux années 1970 et aux premières battues dans les eaux territoriales de Washington. Avant cette date, des orques avaient déjà été capturés, mais c'est la première fois que les animaux sauvages étaient destinés aux piscines de béton des parcs d'attractions.

Dans le documentaire de Gabriela Cowperthwaite, un pêcheur présent lors de ces premières captures livre les détails glaçants de ce qu'il qualifie lui-même de "chasse". Du "kidnapping" des petits (les seuls pêchés car moins chers à transporter), à l'éventrage des individus retrouvés morts dans les filets de pêche que l'on remplissait ensuite de pierres ou d'ancres et que l'on coulait pour s'en débarasser.

Tilikum a été pêché de cette manière en 1983, en Islande. Après sa capture, il passe les premières années de sa vie dans un parc au Canada, raconte Blackfish, images d'archives et témoignages à l'appui. Les nuits, il est enfermé dans une "boîte en fer flottante" de six mètres de long et neuf mètres de profondeur, avec deux autres femelles. Durant cette période, il est régulièrement attaqué et blessé jusqu’au sang par ses deux congénères. A ce moment-là, l'orque a probablement pu développer une forme de psychose, note un expert interrogé dans le film. C'est dans ce parc que Tilikum fera sa première victime. Il tuera en tout trois fois pendant ses années de captivité.

 VERSIONS DIVERGENTES

Seaworld a toujours refusé de reconnaître que manipuler des orques en captivité représentait un danger. Le drame de février 2010 est à attribuer à l'imprudence de Dawn Brancheau et n'est en aucun cas lié à un acte d'agression de la part de l'animal de cinq tonnes et demie, assure le parc.

Malgré les versions contradictoires apportées par la direction de Seaworld (qui explique au départ que la dresseuse a glissé dans l'eau, avant de se rétracter en racontant qu’elle s'est fait emporter dans le bassin par la queue de cheval), la polémique finit par s'atténuer et disparaît des écrans de télévision. Seule conséquence de l’accident de février 2010, le géant des parcs aquatiques doit désormais mettre une barrière physique entre ses orques et ses soigneurs pendant les spectacles pour des raisons de sécurité. Seaworld conteste cette interdiction et pour l'heure, Tilikum continue d'"exercer".

"Après plusieurs jours de débat, tout le monde était convaincu que Dawn était morte à la suite d'un jeu qui avait mal tourné avec Tilikum. Le public pensait que l'histoire se résumait à cela", se rappelle Gabriela Cowperthwaite, qui livre une tout autre version dans son documentaire.

L'enquête de Blackfish révèle que Tilikum a tiré la soigneuse par le bras alors que celle-ci se trouvait dans un endroit du bassin où elle avait pied. L'orque l'a ensuite entraînée au fond de l'eau. Lorsque le corps sans vie de la jeune femme de 40 ans a finalement été récupéré, il apparaissait qu'elle avait souffert de nombreuses fractures et contusions. Tilikum l'a littéralement "mutilée", réagit un ancien collègue de Dawn Brancheau.

EN CAPTIVITÉ, LES ORQUES MEURENT JEUNES

Le principal argument des parcs aquatiques pour justifier la captivité des animaux est d'assurer qu'ils ont une vie meilleure dans leurs bassins, car ils bénéficient de très bons soins médicaux. Dans un communiqué rédigé en réaction à Blackfish et publié par CNN, Seaworld qualifie le documentaire d'"inexact" et de "trompeur", rappelant que le parc "est l'une des institutions zoologiques les plus respectées au monde" et "alloue des millions de dollars chaque année pour la conservation et la recherche scientifique".

Or, en captivité, les communautés d’épaulards sont séparées et les individus mélangés. A l'état sauvage, les orques vivent en "familles" de vingt ou cinquante individus et parcourent des dizaines de kilomètres par jour. Chaque famille possède ses propres codes, son propre langage. Dans les bassins, les orques sont en proie aux agressions et ne peuvent nager nulle part. Les experts interrogés dans le documentaire sont unanimes : la captivité fabrique des animaux frustrés, qui s’ennuient et meurent jeunes. L'institution zoologique "la plus respectée au monde" n'est pas comparable à la liberté.

Au fur et à mesure qu'avance l'enquête, le documentaire semble hésiter entre deux arguments pour sensibiliser le public : d'un côté, la cruauté de l'homme, responsable conscient de souffrances atroces sur des animaux très intelligents, de l'autre, les risques élevés qui découlent de la captivité des orques. Depuis 1988, plus de cent attaques, dont quatre mortelles, ont été attribuées à des orques en captivité, selon les chiffres de Seaworld. Tilikum est impliqué dans trois d'entre elles.

Aucune attaque d'un homme par un épaulard en liberté n'a jusqu'ici été recensée.

"C'est mauvais pour les orques et c'est mauvais pour les dresseurs aussi, je les considère tous deux comme des victimes d'un même système", explique la réalisatrice. Si rien de bon ne découle de ces pratiques, pourquoi continuer à élever des orques en captivité ? Car l'industrie de l'orque pèse lourd.

Tim Zimmermann a coécrit Blackfish et est l'auteur de "The killer in the pool", un article publié par le magazine Outside, qui a servi de base au documentaire. Selon lui, Shamu (le nom générique donné à tous les orques du parc), est responsable de plus de 70 % du profit de Seaworld. "Si l'on ne connaît pas le chiffre exact, il est tout à fait juste de dire que Shamu est le cœur de métier de Seaworld", affirme Tim Zimmermann. Ce qui explique pourquoi le groupe se bat pour ne pas l'abandonner, selon Blackfish.

Au-delà des épaulards, le film veut remettre en question l'industrie du divertissement animalier dans son ensemble. "Il ne s'agit pas que des baleines tueuses. Si nous sommes capables d’utiliser des animaux aussi intelligents pour l'industrie du divertissement, qui n'est régulée que par le profit, ça nous en apprend beaucoup sur la façon dont nous considérons les animaux et sur ce que nous sommes capables de faire par intérêt", affirme Tim Zimmermann.

De nombreux articles ont été publiés dans les journaux américains et en Europe à propos de l'attaque de 2010. De nombreuses personnes ont enquêté, mais jamais aucune production, pas même "The killer in the pool", n'a eu l'écho que rencontre en ce moment Blackfish.

L'équipe du film se réjouit que de nouveaux mouvements voient le jour pour tenter de faire plier l'industrie de l'orque en captivité : certains activistes s'adressent directement aux partenaires économiques de Seaworld et leur demandent de les remettre en question. Le film a également permis à des initiatives plus anciennes de gagner en exposition. Lolita, une orque qui a passé plus de quarante ans de sa vie au Seaquarium de Miami, en Floride, est ainsi devenue le porte-étendard de la cause, alors que la campagne en faveur de sa libération s'intensifie.

Blackfish, sélectionné par plusieurs festivals, dont celui de Sundance, est sorti en salles cet été aux Etats-Unis. Le documentaire a depuis été distribué en Europe (Belgique, Allemagne, Suisse, Pays-Bas et Espagne). Il sera diffusé en France l'été prochain, en 2014, sur Arte.

Elvire Camus
Journaliste au Monde

 

 

 


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commentaires

A
Je viens de voir le documentaire sur Arte et je m'en vois indigné. Non seulement l'entreprise à enlever ces orques de la nature de manières barbares mais aussi de leurs familles et les font<br /> travaillés comme si c'est une chose qu'ils leur convient de manipuler à leur guise, par ces attaques il montre qu'il en à marre d'être sous le joug humain.<br /> De plus sans compter les mensonges à répétitions, je veux pas dire mais ces chefs d'entreprises ont ils une conscience pour surenchérir en affirmant que les morts sont dû à une faute dans la<br /> plupart des cas des dresseurs qui pour la plupart n'en n'étaient pas avant d'être embauché.<br /> Je finirais en demandant quand va t-ont enfin arrêter de vouloir contrôler ce qui ne peut l'être. Leur monde c'est la mer, laissez les y vivre en tranquillité et liberté. Pour cela les protégé en<br /> interdisant leur pêche et capture sous toutes formes serait à envisager.<br /> Et des excuses et indemnités aux dresseurs morts après avoir déclarer que leur mort est survenu suite à leur propres fautes or que non. Peut-on dresser, apprivoiser et connaitre un animal sauvage ?<br /> Non car son instinct primera toujours sur son éducation et c'est normal ce ne sont pas des animaux de compagnies !
Répondre
D
<br /> <br /> Nous partageons votre indignation et l'évidence de l'urgence de mettre fin à toutes ces detestables pratiques qui au nom d'un prétendu plaisir cache la plus funèbre des ombres.<br /> <br /> <br /> <br />

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