Rue89 - Vertige 09/04/2013 à 12h46
Dans Second Life, on pouvait faire construire sa maison avec des Linden dollars. Mais la monnaie virtuelle tendance aujourd’hui est le bitcoin. Celle-ci intéressait peu les banquiers réels... jusqu’à ce qu’elle flambe, de 4,15 euros en février 2011 à 109,91 euros le 3 avril 2013.
Le bitcoin est accusé désormais d’entretenir une bulle spéculative. Il faut dire que Satoshi Nakamoto (pseudo du concepteur de cette monnaie virtuelle) – qui en a livré tous les secrets en open source dans ce document [en anglais, PDF] – a décidé de limiter le nombre de bitcoins en circulation à 21 millions.
Se venger des banques
Versant Web du Sol-Violette, monnaie solidaire en pleine expansion, le bitcoin a quelque chose d’utopique, comme nous l’expliquait le riverain lv, roboticien utopiste, sous le témoignage d’un « vendu de banquier » :
« Personnellement je me venge en m’intéressant au projet bitcoin. Une monnaie virtuelle, cryptographique, opérant sans banque centrale, sans intermédiaire, contrôlée par un algorithme public. Les banques sont inutiles dans 90% des cas aujourd’hui. Il est temps qu’on bâtisse un système parallèle. »
Le bitcoin prétend en effet « changer la finance de la même façon que le Web a révolutionné les médias », selon ce petit film publicitaire.
Inflation avec la crise chypriote
Dans un rapport [PDF] publié en octobre 2012, la Banque centrale européenne estimait que les monnaies virtuelles ne posaient pas de risques pour la stabilité des prix tant qu’elles restaient peu répandues. Elle y voyait même des « aspects positifs en termes d’innovations financières et d’alternatives de paiements » pour les consommateurs.
Seulement, la hausse vertigineuse du cours du bitcoin inquiète.
Elle « pourrait avoir été provoquée par des investisseurs russes et chypriotes cherchant à acheter des bitcoins pour mettre leurs euros à l’abri au moment de la crise financière de Chypre », écrit l’AFP, qui a interrogé Yannick Naud, gérant de portefeuille de la société d’investissement Glendevon King Asset Management, basée à Londres. Pour lui :
« C’est quelque chose de totalement irrationnel. En tant qu’investisseur, il est impossible d’assigner une valeur rationnelle au bitcoin. »
Les adeptes du bitcoin s’inquiètent, eux, d’une sécurité défaillante et d’une normalisation de « leur » monnaie. En décembre dernier, Ouishare, la plateforme de l’économie collaborative dénonçait un « véritable coup de force » de la startup française Paymium. Celle-ci a lancé Bitcoin Central avec un prestataire de paiement en ligne, permettant de transférer ses bitcoins en tout sécurité et en toute légalité.