LEMONDE.FR avec AFP | 24.11.11 | 06h52 • Mis à jour le 24.11.11 | 07h00
Le Parlement birman a adopté une loi qui autorise désormais la population à manifester, dernier signe en date d'une évolution du nouveau régime "civil" de Naypyidaw, a-t-on appris jeudi auprès d'un élu. Le texte stipule que les manifestants doivent informer les autorités de leurs intentions "cinq jours avant", a précisé Aye Maung, membre du Parti pour le développement des nationalités rakhines, à la chambre haute du Parlement. Les rassemblements ne pourront se tenir près de lieux liés au gouvernement, des écoles, hôpitaux et ambassades, a-t-il ajouté en précisant que le texte devait encore être signé par le président.
"Si elle obtient le feu vert, la loi sur les rassemblements pacifiques et les défilés rendra les manifestations légales pour la première fois depuis près d'un siècle", a commenté le site d'information d'exilés birmans Democratic Voice of Burma (DVB). Selon lui, un article qui prévoyait d'interdire de crier des slogans a été finalement rejeté.
Les manifestations sont très rares en Birmanie. La semaine dernière, cinq moines avaient réclamé pendant deux jours la libération des prisonniers politiques, sans que les forces de l'ordre n'interviennent. Mais le mois précédent, plusieurs personnes avaient été arrêtées à Rangoun lors d'un rassemblement de paysans dont les terres avaient été confisquées.
Les dernières manifestations majeures datent de 2007. La "révolte safran", emmenée par des moines bouddhistes, avait attiré jusqu'à 100 000 personnes dans les rues de Rangoun, constituant le plus sérieux défi aux généraux depuis 1988. Le mouvement avait finalement été écrasé par la junte alors au pouvoir, faisant au moins 31 morts.
En mars, la junte s'est dissoute et a transmis ses pouvoirs à un gouvernement dit "civil", toutefois toujours contrôlé par les militaires. Ce gouvernement a multiplié ces derniers mois les gestes d'ouverture, favorisant notamment le retour au centre du jeu politique de l'opposante Aung San Suu Kyi, libérée de sa résidence surveillée il y a un an. Il y a un mois, les Birmans ont obtenu le droit de se syndiquer et de faire grève, droits dont ils étaient privés depuis un demi-siècle.