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Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes

Bettencourt : Sarkozy épargné, Woerth renvoyé

 

mediapart.fr

 

Bettencourt : Sarkozy épargné, Woerth renvoyé

|  Par Michel Deléan

 

 

Les juges d’instruction accordent finalement un non-lieu à Nicolas Sarkozy dans le dossier Bettencourt, où il était mis en examen. Mais ils renvoient son ancien trésorier de la campagne présidentielle de 2007, Éric Woerth, devant le tribunal correctionnel. Procès dans un an environ.

 

La rumeur courait depuis plusieurs semaines. Elle est devenue réalité ce lundi. Le juge d’instruction Jean-Michel Gentil et sa collègue Valérie Noël ont finalement accordé un non-lieu à Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bettencourt, dans une ordonnance signée ce lundi matin, comme l’ont annoncé Sud-Ouest et Le Monde.

Après avoir vu la régularité de leur procédure validée par la cour d’appel, le 24 septembre, les deux juges d’instruction ont finalement rendu une décision conforme aux réquisitions prises par le parquet de Bordeaux le 28 juin, et que plusieurs avocats pronostiquaient : ils ont estimé que les charges pesant contre Nicolas Sarkozy étaient insuffisantes pour le renvoyer devant le tribunal correctionnel pour « abus de faiblesse » sur Liliane Bettencourt.

Ils ont donc voulu éviter une possible relaxe de l’ancien président de la République par le tribunal, ce qui n’aurait pas manqué de provoquer une nouvelle polémique sur le rôle des juges d’instruction.

 

 

La présence de Nicolas Sarkozy sur le banc du tribunal correctionnel aurait certainement arrangé les autres prévenus, trop heureux de lui laisser le rôle principal. Mais paradoxalement, la famille de Liliane Bettencourt estimait que « cela n’aurait pas été bon pour le procès, ça aurait fait diversion », selon l’expression de l’un de ses avocats, soucieux de dépolitiser le dossier et de le recentrer sur les aigrefins qui ont profité de l’état de faiblesse de la milliardaire.

La dimension politique de l'affaire Bettencourt est pourtant bien présente : les juges d’instruction n’ont pas suivi les réquisitions de non-lieu en faveur d’Éric Woerth prises par le parquet.

 

Eric Woerth 
Eric Woerth

Dix personnes sont donc renvoyées devant le tribunal correctionnel de Bordeaux : l’ancien trésorier Éric Woerth, l’ex-gestionnaire de fortune Patrice de Maistre, le photographe François-Marie Banier, son compagnon Martin d'Orgeval, les notaires Jean-Michel Normand et Patrice Bonduelle, l'ex-gestionnaire de l'île d'Arros, Carlos Vejarano, l’avocat fiscaliste Pascal Wilhelm, l’homme d’affaires Stéphane Courbit, et l’infirmier Alain Thurin.

Les faits visés sont qualifiés d'abus de faiblesse, abus de confiance et escroquerie aggravée, ainsi que recel et blanchiment de ces délits.

Outre Nicolas Sarkozy, l’avocat fiscaliste Fabrice Goguel bénéficie également d’un non-lieu.

Pourquoi ce revirement ? Les juges d’instruction ont longtemps creusé la piste Sarkozy. Ils ont notamment confectionné des tableaux, pour établir des coïncidences troublantes entre une série de dates : les rapatriements de fonds depuis la Suisse pour Liliane Bettencourt (4 millions d’euros de début 2007 à fin 2009), les rendez-vous entre le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre et Éric Woerth, et enfin les visites discrètes que Nicolas Sarkozy aurait faites aux Bettencourt à Neuilly-sur-Seine pendant la pré-campagne de 2007, relatées par plusieurs témoins.

Les juges d’instruction ont d’abord placé l’ancien président de la République sous le statut de témoin assisté, le 22 novembre 2012, en estimant qu’il existait des indices rendant des remises de fonds plausibles. Ils ont ensuite décidé de le placer sous le statut de mis en examen, le 21 mars dernier, en relevant cette fois-ci des « indices graves et concordants » contre lui.

Entre ces deux séquences, la défense de Nicolas Sarkozy avait singulièrement « énervé les juges », selon le mot d’un avocat bordelais. Le défenseur et ami de l’ex-président, Thierry Herzog, avait en effet publiquement torpillé le dossier, en imputant au juge une confusion entre « Bettencourt » et « Betancourt », et en assurant un peu vite ( au micro d'Europe 1) que « l'affaire Bettencourt est une affaire qui n'existe plus ».

Exit Sarkozy, donc. À partir d'aujourd'hui, c’est sur les épaules du seul Éric Woerth, ancien trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, puis ministre du budget, que va reposer le poids politique de l’affaire Bettencourt. Mais à terme, on devine sans risque de se tromper que l’ombre de Sarkozy planera au-dessus des débats, comme celle de Jacques Chirac lors des procès d’Alain Juppé et de Michel Roussin dans les affaires du RPR et de la mairie de Paris.

La coloration politique du dossier sera renforcée par le volet dans lequel Éric Woerth et Patrice de Maistre ont déjà été renvoyés devant le tribunal correctionnel, le 4 juillet, pour « trafic d’influence » dans l’affaire de la Légion d’honneur, cela contre l'avis du parquet. Patrice de Maistre avait reçu sa médaille des mains d'Éric Woerth en personne au mois de janvier 2008, soit deux mois après avoir embauché son épouse, Florence Woerth, au service de l’héritière de l'empire L'Oréal.

Le procès de l'affaire Bettencourt pourrait s'ouvrir dans un an environ au tribunal correctionnel de Bordeaux.

 

 

 

 

 

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