Le Monde.fr avec AFP | 05.06.2012 à 13h07 • Mis à jour le 05.06.2012 à 13h07
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Le ministre allemand de l'économie, Philipp Rösler, a appelé, mardi 5 juin, à une coordination de la politique énergétique entre l'Allemagne et ses voisins, et notamment à une expansion des réseaux électriques concertée par exemple avec la France.
La "transition énergétique" de l'Allemagne, terme qui désigne l'abandon à l'horizon 2022 du nucléaire et tout ce qui en découle, "ne fonctionnera que dans une perspective européenne", a déclaré le ministre lors d'une conférence. "Nos voisins, la France, la Pologne trouvent intéressant ce que nous faisons, pour le dire poliment", a-t-il ajouté, "mais beaucoup d'entre eux en subissent les conséquences sans profiter des avantages". "Cela fait sens de travailler ensemble, par exemple sur les réseaux", a-t-il conclu.
"La transition énergétique n'est qu'au premier abord un projet allemand", a renchéri lors de la même conférence Jürgen Hambrecht, jusqu'à récemment patron du géant de la chimie BASF, appelant le gouvernement à "prendre position d'une voix unie dans les débats européens sur la politique énergétique".
"GRANDES DÉCISIONS POLITIQUES"
L'Allemagne a décidé il y a un an pratiquement jour pour jour de renoncer progressivement au nucléaire dans les dix ans à venir, une décision qui implique de trouver d'ici là d'autres sources d'énergie, et de faire de gros investissements notamment dans les réseaux. Ces dernières semaines, les critiques ont été très vives à l'égard du gouvernement, les professionnels du secteur notamment déplorant que les choses n'aillent pas assez vite.
"Les capacités de production en renouvelables surpassent nettement les capacités des réseaux, des lois dont on a besoin de manière urgente sont toujours en gestation, l'industrie subit de plus en plus de pression sur les prix", a ainsi déploré M. Hambrecht. Mais "la transition énergétique est un projet de dimension historique, il devrait être clair pour tout le monde que cela ne va pas se faire en un an", s'est défendu M. Rösler, jugeant au contraire que "beaucoup de choses (avaient) été décidées" ces derniers mois.
Pour lui, qui est aussi chef du parti libéral FDP, l'Etat ne doit de toute façon jouer qu'un rôle de coordination, et n'a pas vocation à investir lui-même dans de nouvelles infrastructures. "C'est justement parce que la tâche est si grosse que cela ne pourra fonctionner que conformément aux principes de l'économie de marché", a-t-il dit. "Je pense que nous devons miser sur les instruments de marché partout où c'est possible, mais cela ne marchera pas sans grandes décisions politiques", a tempéré le ministre de l'environnement, Peter Altmaier, avec qui M. Rösler partage la responsabilité au sein du gouvernement de la "transition énergétique".
Les opérateurs de réseaux haute-tension ont estimé la semaine dernière à 200 à 400 milliards d'euros le coût total de l'abandon du nucléaire.