Vendredi, 18 janvier, j’entre dans l’usine PSA d'Aulnay, « libérée », du moins pour la presse. Depuis mercredi, 16 janvier, quelques centaines d’ouvriers sont en greve et l’usine est occupée. Ils protestent contre le plan de restructuration de PSA Peugeot-Citroën qui prévoit la suppression de 8 000 empois, dont la fermeture du site d’Aulnay en 2014 avec ses 3 000 postes.
J'y suis venu prendre des photos. Yvon me montre l’énorme usine, silencieuse, pratiquement vide. Il n'y a qu'une ligne de montage, à l'arrêt.
« C’est une vraie casse industrielle… j’ai honte, j’ai honte pour mon pays, parce que je suis français, breton d’origine, quand je vois la casse et comment elle est faite, c’est un scandale, un vrai scandale. »
07h00 : Une vingtaine d’ouvriers se retrouvent autour de la machine à café, ils commencent leur troisième jour de grève et l’occupation de l’usine. La fraternité entre grévistes et leur détermination face à la direction est manifeste. Jean-Pierre Mercier, délégué CGT, les informe des dernières nouvelles. Nous partons à travers les ateliers, de gigantesques espaces, obscurs, silencieux, sans activité, pour rejoindre les autres ouvriers pour l’AG du matin.
Lors de l’AG où ils sont une centaine, Philippe Julien, délégué CGT, les informe des négociations en cours, il leur parlent de la lutte qu’ils entament, les quelques gains qu’ils ont obtenus depuis qu’ils ont redémarré la grève et les raisons qui poussent à continuer. Les discours de syndicalistes et ouvriers se succèdent ; ceux qui ne font pas la grève sont vivement encouragés à s’y joindre. Ils votent pour reconduire la grève jusqu’à lundi matin, où ils se retrouveront.